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dimanche 8 juillet 2012

UN BAUME QUI PEUT FAIRE DU BIEN


 UNE  LUEUR D'ESPÉRANCE POUR LES MEURTRIS DE LA VIE



 Jésus, après l’arrestation de Jean le Baptiseur, part vers la Galilée, au Nord de la Palestine, dont on dit qu’elle est le carrefour des nations. Ses habitants sont des gens qui vivent en marge de la culture juive. Ils sont majoritairement des gentils, des païens. Ils ne connaissent donc pas les Écritures  juives avec les promesses et les prophéties qui parlent d’un futur  Messie libérateur et  sauveur. Ils ne sont pas les destinataires de ces promesses; ils ne sont pas appelés à recevoir le Messie. Et pourtant c’est au milieu d’eux que Jésus s’installe lorsqu’il choisit la ville de Capharnaüm comme son lieu de résidence. Capharnaüm est une ville située  sur le bord ouest du lac de Tibériade. Cette ville aussi est un carrefour ou s’entrecroisent les grandes artères de  communication  du Moyen Orient de l’époque et par lesquelles transitent en continuation les marchandises et les armées romaines. C’est dans cette diversité, dans ce melting-pot de religions, de cultures et de races, que  le Seigneur va à la rencontre  de  chacun.


 L'appel personnel qu'il adresse aux apôtres en est le signe. Il s'adresse à tous, sans aucune distinction, et ce fait déjà nous donne à réfléchir, puisqu’il est dit dans un texte de l’évangile qu’il guérissait toute maladie et toute infirmité qui se présentaient à lui. La diversité, la foule, les différences, la multiplicité des cultures et des religions ne dérange pas, ne font pas peur au Seigneur. Il est envoyé à tous, pour rejoindre chacun. Et il peut rejoindre chacun malgré ses différences. Ce détail du comportement du Seigneur pourrait déjà  constituer matière à une longue réflexion sur certaines doctrines en circulation dans le magistère officiel catholique qui voudraient  faire croire aux chrétiens qu’en dehors de l’Église catholique personne ne peut se sauver. Mais cela est une question que nous n’avons pas le temps de traiter maintenant. Nous disions donc qu’en Galilée Jésus  cherche à rejoindre chacun  dans sa différence.   Et où rejoint-il chacun ?


 Il nous rejoint évidemment et avant tout dans nos souffrances, dans nos maladies, dans nos faiblesses, dans nos épreuves, dans nos blessures et jusque dans nos morts. Que de fois l’avons-nous entendu dire :«Ce ne sont pas le sains, mais les malades qui ont besoin du médecin … je ne suis pas venu  pour les justes, mais pour les pécheurs….je suis venu chercher la brebis égarée, prendre soin du samaritain  battu et abandonné  sur le bord de la route  …. . ».  En d’autres mots, le Maître de Nazareth semble nous dire : « Ce sont les personnes égarées, laissées pour compte, stigmatisée, cataloguées  par la société « bien » qui m’intéressent : les canailles, les escrocs,  les fripouilles, les publicains modernes, les prostituées, les homosexuels, les couples  séparés, les divorcés remariés, les femmes qui, les larmes aux yeux et  la mort dans l’âme, se font avorter ;  les gens que les circonstances de la vie obligent souvent à prendre des décisions qui ne sont pas conformes à la morale établie, parce qu’ils  ne peuvent pas faire autrement s’ils veulent continuer  à  avoir une vie moindrement acceptable…Ceux  qui sont dans le manque, ceux  qui pleurent, ceux qui sont persécutés, insultés, battus et combattus parce qu’ils cherchent et veulent un monde différent, plus juste, plus fraternel, plus pacifique, voilà ceux qui sont mes  bienheureux…. Ce sont  ceux-qui ont besoin d’amour, d’attention, de compréhension, de valorisation, d’espérance, d’une nouvelle orientation, d’un nouveau souffle… voilà ceux  qui ont besoin  de moi. C’est pour eux que je suis là. »


 Mais le Seigneur nous rejoint aussi et je dirais surtout au cœur de notre vie quotidienne. Le Seigneur ne s'intéresse pas au passé, en tout cas il lui offre son pardon, le Seigneur ne veut pas que nous soyons trop tournés vers l'avenir, car cela lui appartient, en tout cas il ne veut pas le faire connaître. Le Seigneur ne connaît que le présent et il nous veut dans le présent. C’est « aujourd’hui », maintenant, en ce moment qu’il veut  nous rencontrer. C’est aujourd’hui  que son royaume doit se réaliser en nous et autour de nous. C’est aujourd’hui que nous devons changer de route,  nous ouvrir à sa parole, nous laisser  affecter et  envahir par la force et la nouveauté de son Esprit. C’est aujourd’hui que nous devons nous libérer des entraves qui nous empêchent  de l’écouter et de le suivre. Pierre, Jacques, Jean et André sont en train de travailler lorsque le Seigneur les rejoint. C'est au cœur de nos vocations propres que le Seigneur nous touche et nous rejoint. Et c'est cela  le sens de l'appel à la conversion qui retentit si souvent sur la bouche de Jésus : « Convertissez-vous car le royaume de Dieu est tout proche ». Jésus appelle « Royaume de Dieu » ce monde nouveau que ses disciples  doivent  réaliser à travers leur engagement dans les réalités  terrestres.


  Cette proximité du Royaume n'est pas d'abord une proximité dans le temps ou dans l’espace, mais  une proximité dans ce que nous vivons. Le royaume de Dieu est tout proche parce que sa réalisation  ne dépend que de nous: de  la volonté, du  désir, de la promptitude, de la vitesse que nous y mettrons pour le construire dans le  quotidien  de nos vies. Je construis le « Royaume » quand dans ma famille, dans mon travail, dans ma profession, sur la rue, dans le métro, à l’école,  à la piscine… je souris, je suis gentil, je suis à l’écoute, je suis attentif, je suis délicat, accueillant, je sais faire un compliment….C’est ainsi  que  l’autre est sauvé par moi:  car à travers mon comportement  je lui signifie  que je l’ai remarqué, que j’apprécie qu’il soit là, qu’il existe, qu’il soit ce qu’il est;  je lui fais sentir que le monde est plus beau et plus riche à cause de sa présence;  qu’il mérite donc de vivre et d’être heureux, car son existence est pleine de sens et  porteuse de bonheur ; je lui dis que je serais heureux de voir une  fleur comme la sienne pousser dans mon jardin.

 Le Royaume de Dieu est proche donc quand  j’aime, je supporte, je suis tolérant, sympathique,  je donne, je pardonne, j’aide, je partage… en un mot, lorsque je fais en sorte que le monde soit meilleur, plus agréable  autour de moi et qu’ autour de  moi les  personnes se sentent  un peu plus heureuses,  parce qu’elles ont l’impression que  ce monde, abruti et enlaidi  par la  noirceur de l’avidité et de l’égoïsme humain, est maintenant éclairé par une lumière divine : « Le peuple qui habitait dans les ténèbres  a vu se lever une grande lumière ». 

 MB

Pour 3e dimanche du temps ordinaire, A

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