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mercredi 28 août 2019

Un amour qui est déjà notre paradis

(21e dim. ord. C, Luc 13, 22-30)

Comme toujours, les textes de l’Évangile que nous lisons le dimanche sont là pour nous secouer et nous obliger à réfléchir. Un homme demande à Jésus combien sont ceux qui sont sauvés. Quel est la consistance et l’affluence de ceux qui parviennent à entrer au paradis. Sont-ils nombreux ? Sont-ils peu nombreux ? Y a-t-il beaucoup de circulation sur la route du paradis ? Y a-t-il un embouteillage à ses portes ? Ou est-ce comme sur l'autoroute du dimanche à quatre heures du matin ou aux portes de l’église à l’heure de la messe ?

            Cet homme avait peut-être déjà posé la même question aux rabbins ou aux maîtres de la loi de son temps, sans parvenir à obtenir une réponse satisfaisante et qui aurait pu le rassurer devant sa peur de l'au-delà. C’est la question que nous nous posons, ou que nous nous sommes déjà posée, très souvent et avec appréhension. Qu'est-ce qu’il y aura dans l'au-delà ? Que trouverons-nous après la mort ? Y-a-t- il vraiment un paradis ? Y a-t-il vraiment un enfer ? Y a-t-il vraiment une survie ? Un bonheur qui m'est réservé ? Y a-t-il vraiment un Dieu qui m'aime et qui m’attend ? Ou tout cela n'est qu'un produit de mon désir; une projection ou une construction de mon esprit et de mon être qui ne veulent pas se résigner à la fin; qui refusent de mourir et de disparaître dans le vide pour toujours ? Ou est-ce simplement une belle fable inventée par la religion et les prêtres pour accrocher les fidèles ? Et si le paradis existe, est-ce pour tout le monde ou juste pour certains? Serais-je parmi le nombre d'élus ou de répudiés? Pourrais-je posséder les conditions indispensables pour réaliser la qualité de vie nécessaire pour mériter la vie éternelle?

Nous devons reconnaître qu'il y a aussi beaucoup de gens aujourd'hui qui trouvent ce genre de questions et d'inquiétudes pas mal ridicules. Pour la simple raison qu'ils ne croient pas en Dieu et qu’ils ne croient donc pas à une vie après la mort. Ils pensent que la vie est réduite à cette existence temporelle et que la mort marque la fin de tout, l’anéantissant de tous nos projets, de toutes nos attentes et de tous nos espoirs.
  
L'homme de l'évangile qui interroge Jésus devait cependant appartenir à la classe de ces personnes inquiètes. Bizarrement, Jésus ne répond pas à sa question. Au lieu d'encourager sa curiosité et de lui révéler le nombre de personnes sauvées, Jésus tente de pousser cet homme à se prendre en main et à assumer ses responsabilités dans la société et dans le monde où il vit. C'est comme si Jésus disait à chacun de nous: " Ton paradis et ton bonheur éternel commencent ici et maintenant. Ils sont un cadeau de l’amour et de la grâce de Dieu, bien sûr, mais aussi un cadeau qui t’est accordé dès maintenant, comme la conséquence et le produit de l’amour avec lequel tu seras capable de pétrir, de fermenter et d’assaisonner ta vie. C’est l’amour la porte étroite, la passage difficile, le passage obligé que tu dois traverser pour arriver à la découverte d’une vie nouvelle et, peut-être, à faire l’expérience de ton accomplissement humain et de ton bonheur. Dès maintenant, ta vie peut être un paradis ou un enfer. Ton paradis ou ton enfer tu es en train de les construire et de les vivre en ce moment. Si ta vie est fondée sur l'amour, tu es déjà au paradis ; si elle est construite sans amour, sur l'égoïsme, le pouvoir, la confrontation et la haine, tu vis probablement déjà en enfer.

Nous savons tous par expérience à quel point le chemin étroit de l'amour véritable  est difficile ! Je veux parler d’un amour sincère, désintéressé ; un amour qui pardonne, qui ne tient pas rancune, qui excuse tout, qui ne juge pas ; l'amour qui aide, qui accueille tout le monde, l'amour qui sourit même aux plus désagréables ; l'amour qui fait le premier pas vers ceux qui nous ont offensés, blessés ou fait du mal ; l'amour capable de s'incliner même devant l'ennemi pour le soulever, l'aider, le faire réfléchir, lui donner une chance de se racheter... (Il s'agit ici de l'amour-charité décrit dans 1 Corinthiens au chapitre 13 [1]). C’est cela la porte difficile à traverser dont parle Jésus ! ... Et malheureusement, il est vrai qu’ils ne sont pas bien nombreux sont ceux qui parviennent à la franchir !

Il est beaucoup plus facile de passer par la porte grande ouverte de la haine, du ressentiment, de la vengeance, de la violence, de l’égoïsme, de l’avidité, du mensonge, de la jalousie, du mauvais jugement, de l’offense, de l’intolérance, de la méchanceté… Les gens s’entassent, ils font même la queue devant cette porte ! Peut-être en faisons-nous partie nous-aussi, nous, qui sommes ici ce matin, doux comme des brebis, pour assister à cette messe du dimanche.

Le Seigneur nous avertit ce matin : " Faites attention, vous qui pensez être mes amis et qui prétendez me connaître parce que vous êtes ici en ma présence ! Gare à vous, qui pensez n’avoir rien à vous reprocher et qui pensez être des chrétiens exemplaires. Faites attention car, si Dieu ne reconnaît pas son image en vous et la forme de son amour dans votre vie et dans votre cœur, il se peut qu’un jour vous ayez la surprise de vous faire dire: " Et vous, qui êtes-vous? Je ne vous connais pas !!! " "

Alors, au cours de cette Eucharistie, demandons au Seigneur de nous libérer de la tentation de l’orgueil, de la prétention de ne pas avoir besoin de conversion, et qu’il nous aide à remplir notre cœur de cet d’amour qui es déjà notre paradis parce qu’il contient le secret de notre réussite humaine et de notre bonheur.

BM







[1] « L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. » ( 1Cor. 13)