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mardi 14 janvier 2020

Une réflexion pour la fête du Baptême du Seigneur

(Mt 3, 13-17)

            « Celui-ci est mon fils bien-aimé en qui je trouve ma joie ! » Voilà comment l'Évangile du baptême de Jésus fait parler Dieu lors de la théophanie qui révèle la mission et la véritable identité de Jésus. Jésus est donc avant tout le « bien-aimé », celui en qui Dieu se complaît. Comme Jésus - nous dit saint Paul - nous aussi sommes enfants de Dieu, et donc chacun de nous est également son « bien-aimé » et en chacun de nous, le Dieu de Jésus déverse également tout son amour.

Les récits de Noël, des mages et du baptême de Jésus au Jourdain, constituent les trois manifestations les plus importantes de Dieu aux hommes relatées par les Évangiles. Nous pensions à un Dieu dans le ciel, et le voici dans une mangeoire. Nous attendions un Dieu abstrait, surnaturel, pur esprit, et le voilà en chair et en os dans un homme. Nous espérions un Dieu à qui demander, et voici un Dieu qui demande. Nous attendions un Dieu triomphalement accueilli par l'autorité établie, les sages et les grands de ce monde, et voilà que ceux qui le reconnaissent et l’accueillent sont plutôt les humbles, les pauvres, les habitants de la périphérie de la vie. Nous nous attendions à un Dieu grand, éclatant et tout puissant qui ferait son entrée dans notre monde avec tambours et fanfare, et voilà, au contraire, un petit enfant presque invisible, effrayé et fragile, qu’il faut chercher longtemps avant de le trouver, comme ont dû faire les Mages venus d’Orient. Nous attendions un Dieu à qui prouver que nous sommes justes, bons et vertueux, et au lieu de cela, nous découvrons un Dieu qui nous aime gratuitement, sans conditions, simplement parce que nous existons. Et nous n’avons rien à prouver, rien à faire pour attirer son attention et gagner son amour.  

Nous avons été éduqués à mériter d'être aimés, à faire des choses qui nous rendent aimables et dignes de l'affection des autres. Depuis l'enfance, nous sommes formés pour être de bons enfants, de bons élèves, de bons gars et de bonnes filles, de bons conjoints, de bons parents, de bons travailleurs, de bons employés, de bons patrons... car le monde récompense les gens qui réussissent, qui sont capables. À l’intérieur de nous s’insinue alors l’idée que Dieu nous aime, certes, mais à certaines conditions. Par conséquent, toute notre vie devient une quête d’approbation, de légitimation, de reconnaissance. Je passe ma vie à chercher à savoir ce que les autres pensent de moi, afin d’être à la hauteur de leurs attentes.

Au lieu de chercher à réaliser mes projets à moi, mes attentes à moi, les désirs et les aspirations de mon cœur ou de mon esprit et de faire ce qui me réalise vraiment, je passe ma vie à plaire aux autres, à me justifier, à me faire pardonner, à me faire accepter, à excuser mon existence.

Les autres ne m’aiment pas toujours « bien », en souhaitant et en voulant ce qui est vraiment « bien » pour moi. Pour Dieu, au contraire, je suis toujours son « bien » aimé. Ce qui signifie, qu’il aime et veut toujours ce qui est « bien » et « bon » pour moi. Et ce faisant il m’aide à être quelqu’un de « bien » et de « bon » autant pour Lui, que pour moi et finalement pour les autres. Car si je suis « bien » dans ma peau, si je suis heureux et satisfait de moi-même, mon bonheur se déversera automatiquement sur les autres et il fera aussi le bonheur des autres.

Dieu ne m’aime pas parce que je suis gentil, bon et brave ; mais en m’aimant comme il le fait, il me rend bon, brave et gentil, et donc quelqu’un de « bien » pour tous. Sa façon d’aimer, la qualité « antécédente » de son amour, le fait d’être son « bien–aimé » me réalise comme personne.

Ce que Dieu a été pour Jésus, il l’est aussi pour chacun de nous. Comme Jésus, nous aussi, le jour de notre baptême, nous avons été déposés entre les mains de ce même Dieu d’amour et nous sommes devenus ses enfants « bien-aimés ». Ce jour-là, la semence de la présence de Dieu et de son Esprit a été placée dans notre cœur. Mais il s’agit d’une semence à cultiver, à entretenir parce qu’elle sèche et meurt si elle est négligée. Tout ce qui me fait vivre (art, musique, silence, nature, amitié, amour) me rapproche de Dieu, tout ce qui me fait sortir de moi (chaos, apparence, superficialité, brouhaha…) m'éloigne et me vide du meilleur que j'ai.

Avec le baptême, chacun de nous a pris l’engagement d'adopter le style de vie de Jésus, son comportement, sa façon de penser, de croire et d'aimer. Comme Jésus, je suis appelé à vivre non seulement pour moi, mais pour les autres et, comme lui, à donner ma vie pour mes frères et sœurs.

Nous passons une grande partie de notre vie à essayer de réussir, à vouloir être quelqu'un, à devenir important, grand, célèbre., ... mais nous ne pourrons jamais être plus que des enfants « bien-aimés » de Dieu, et cela nous le sommes déjà.

Cette fête aujourd'hui est la fête de ce qui est caché en nous et qui doit être redécouvert.

Alors, comme disait St. Irénée de Lyon : « Chrétien, deviens ce que tu es ! », un être plein d’amour, en qui le Dieu de Jésus « trouve sa joie ».

BM – Janvier 2020