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jeudi 27 décembre 2012

LE MEILLEUR EST ENCORE A VENIR


UN  NOËL D’ESPÉRANCE


Pendant la préparation à la fête de Noël qui a lieu au cours d'une période de quatre semaines appelée «temps de l’Avent», nous, les chrétiens, sommes invités, à maintes reprises, à entrer dans un mouvement de conversion, c'est-à-dire, de renouvellement et de transformation intérieure et à assumer une attitude d’ouverture, de désir, d’attente et d’espérance. Il est, en effet, très important d’être convaincus et, surtout, de ressentir que nous sommes des personne qui souffrent d’un manque; que nous n’avons pas tout, que nous sommes fondamentalement des pauvres, des êtres imparfaits et donc perfectibles, que nous avons toujours du chemin à parcourir pour atteindre le plein épanouissement de notre potentiel intérieur et la cîme de la montagne où nous pourrions avoir la révélation d’une présence divine dans notre existence. Il est important de croire que le meilleur de nous est encore à venir, qu’il est en train de fermenter, qu’il est en avant de nous, et que la vie et le temps qui nous sont alloués servent justement pour nous permettre d’atteindre cette meilleure partie de nous-mêmes que la foi chrétienne qualifie comme le «Christ en nous». C’est pour cette raison que l’attente et l’espérance sont la posture de base du chrétien qui, en tant  qu'homme et croyant est constamment dans l’attente (et dans l’espérance) que quelque chose de grand et de divin naisse et advienne dans sa vie.
Si l’espérance est la foi à son meilleur, comme le disait si bien Charles Péguy, serait-elle réservée seulement aux croyants, à des élites, aux adeptes de la religion ou d’une religion ? Qu'en est-il des autres ? Que reste-t-il pour les autres? Ceux qui ne se retrouvent pas ou ne se retrouvent plus dans les grandes traditions religieuses? Ceux qui refusent de croire? Ceux qui dans la religion qui est la nôtre, ont été marginalise à cause de leur orientation sexuelle? Ceux à qui on refuse l’eucharistie à cause d’un échec matrimonial? Ceux qu’on exclut parce qu’ils sont en opposition ou en désaccord avec l’autorité de leur Église? Y-a-t-il pour ceux-là une possibilité de croire et d’espérer?

À l’origine de la fête de Noël, les chrétiens du 4è siècle, en récupérant la fête de la lumière (Natalis Solis invicti  ou fête du soleil renaissant), célébrée dans l’empire romain, à l’occasion du solstice d’hiver, ont voulu signifier que Dieu s’humanise dans la naissance de Jésus de Nazareth que les chrétiens ont considéré comme leur lumière et comme l'incarnation de la présence de l'Esprit de Dieu dans notre humanité. Cette  lumière renaît sans cesse à travers les chrétiens de tous les temps qui sont animés par l'Esprit de leur Seigneur. C’est pourquoi à Noël nous les chrétiens nous  continuons à célébrer la renaissance de la lumière. Noël, pour nous, c’est plus que des mots à connotation religieuse; c’est plus que des souhaits d’occasion; c’est plus qu’un sapin, qu’une couronne ou qu’un cantique. Noël, c’est  croire en la présence de Dieu en notre monde et en notre histoire, présence qui est là pour nous libérer et nous faire espérer en la possibilité de quelque chose de meilleur en avant de nous, pour nous, pour notre humanité et pour notre monde. Nous tuons Noël lorsque nous refusons à quiconque de vivre de cet espoir. Lorsque par nos lois, nos préjugés, notre intolérance, notre intransigeance, notre étroitesse d’esprit … nous empêchons à beaucoup de gens qui vivent des situations de détresse et d’angoisse physique ou spirituelle, de croire et d’espérer qu’il y a toujours une lumière au bout de leur nuit;  une Présence vivante et aimante qui veille sur eux et qui les accueille toujours, une deuxième chance qui leur est donnée.
Par sa vie, par son action, par son son engagement constant à soulager la souffrance des hommes, par  sa parole libératrice, par le don de soi-même jusqu'au sacrifice de sa vie, Jésus de Nazareth a été le signe le plus saisissant de cette présence paternelle et tendre d'un Dieu qui veut prendre soin de tous ses enfants, spécialement de ceux et celles qui ont le plus besoin d'attentions, de bonté et d'amour. C'est aussi notre mission, en tant  que ses disciples. Comme Jésus, nous devons êtres des relais de cet amour divin désormais présent dans notre monde. Sans cela, à quoi sert-il de croire que le Christ est toujours vivant et qu’il est là au milieu de nous? Nous avons son esprit, donc nous continuons son oeuvre. Et pour être comme lui, il faut aller aux endroits qu’il aime fréquenter. Il n’aime pas les églises et les cathédrales; il a en horreur les palais et les châteaux. Il préfère les taudis, les prisons, les hôpitaux; il se promène dans les rues de nos villes, il s’arrête dans les quartiers défavorisés, il fait une halte chez les pauvres. Il habite les personnes dans ces lieux où se vivent l’entraide, le partage, le pardon, la communion et l’amour. Il nous le dit clairement: « À chaque fois que vous avez nourri, donné à boire, visité, soigné, libéré, soulagé un petit parmi mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ... et vous aurez posé un geste qui a fait avancer un peu plus la construction du royaume de Dieu sur terre ».

À l’occasion de Noël, je nous invite à l’ouverture, à la transparence, à la tolérance, à la reconnaissance et à l’espérance. Parler d’espérance aujourd’hui, c’est d’abord reconnaître que le Christ est toujours vivant au cœur du monde à travers son esprit, à l'oeuvre dans la vie de ses disciples; que Dieu continue de se révéler dans l’histoire humaine avec ses réalités contemporaines et que sa Parole nous libère du joug et des fardeaux que les religions ne cessent de nous imposer.
De la naissance à la mort, les croyants d’aujourd’hui, dans leurs situations particulières, dans leurs réalités quotidiennes, ont besoin d’une parole de réconfort, une parole qui les stimule, qui les interpelle, une parole qui libère et qui fasse espérer.
Joyeux Noël !

MB


REDEVENIR DES ENFANTS


NOËL  - Faire naître l’enfant

Tout le monde connaît l’histoire de Noël. Si bien qu’elle a fini pour s’inscrire dans le patrimoine culturel de notre société et ne plus vraiment étonner personne. Et pourtant, comme toute histoire, elle porte en elle un message qui intéresse tous les humains et qui doit nous faire réfléchir. Quel est le contenu de ce message? Noël nous raconte qu’un enfant, fragile, pauvre et démuni, né d’une mère-vierge, est  reconnu comme un être qui sauve et comme étant la  manifestation la plus accomplie de Dieu dans notre monde.

L’enfant qui sauve

Cherchons à comprendre ce que cela signifie pour nous. Lorsqu’un homme rêve de son salut, l’image qui s’impose toujours inconsciemment à lui est celle de l’enfant divin né d’une vierge. L’image de l’enfant  vient presque spontanément à notre l’esprit lorsque nous  n’en pouvons  plus d’être grands, d’être sérieux, d’être adultes, de vouloir toujours faire belle impression, de vouloir paraître autre que celui que nous sommes en vérité; de vouloir montrer  toujours la  meilleure partie de nous même; de vouloir toujours être utiles, efficaces, productifs, nécessaires. C’est lorsqu’on voudrait arrêter cette course effrénée et essoufflante  vers la satisfaction de nos besoins toujours plus nombreux et  plus contraignants, que nous nous surprenons à rêver, à désirer être des enfants.

 L’enfant n’est jamais obsédé par le souci du devoir, de l’obligation, de l’efficacité, de la performance, de la rentabilité. L’enfant n’a rien à prouver et rien à cacher; il ne met pas de masque: il s’offre dans la simplicité, la spontanéité et l’authenticité de son être. Il ne craint pas le jugement des autres, car il n’a aucune réputation à sauver. L’enfant est un être dépendant. Il a besoin des autres pour exister et pour  subsister. C’est pour cette raison qu’il s’abandonne; qu’ il fait confiance et qu’il  ne vit que par l’amour et de l’amour de ses parents. Il sait instinctivement  que cet amour lui est toujours assuré, au-delà de tout manque et de toute faute . Il sait qu’il est aimé et accepté pour lui-même, simplement parce qu’il est là et qu’il existe. Il sait et il sent que la valeur de sa vie n’est pas donnée par le résultat positif du bilan de ses actions, mais par la certitude d’être accepté  et aimé sans conditions. Parce qu’il est aimé sans conditions et sans mesure, l’enfant n’a pas  peur, car il sait qu’au moment du danger il peut trouver protection et sécurité dans les bras de ses parents. Parcequ’il vit dans la confiance, l’enfant ne perçoit jamais l’autre comme un concurrent à éliminer, à combattre ou dont on doit se méfier, mais comme un compagnon à qui il fait confiance et qu’il entraîne volontiers dans le plaisir désintéressé du jeu. A travers la magie du jeu l’enfant est capable de s’évader  dans un univers d’innocence originelle où le rire, la joie, la gratuité, l’amour , l’émerveillement , la communion des êtres vivants et l’harmonie de la nature  font entrevoir ce que pourrait  devenir  notre monde  si nous étions moins obsédés par le souci d’être des adultes importants et sérieux et si nous avions, en définitive, un cœur d’enfant.

L’enfant que la fête de Noël place devant  nous est l’image de l’enfant qui est en nous et qui devrait naître au grand jour. Noël veut nous faire comprendre que notre salut en tant qu’êtres humains consiste à devenir des enfants; à retrouver en nous les attitudes de l’enfance; à adopter l’enfant qui dort dans les profondeurs les plus cachées de notre  personne et que nous avons honte de réveiller.  Jésus l’avait compris quand il disait : “Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous ne pourrez connaître la paix et le bonheur que Dieu souhaite  pour vous... Le Royaume de Dieu appartient à ceux qui sont capables de devenir comme  des enfants...” .


Si nous permettons à l’enfant de naître et de prendre la gérance de notre existence, alors nous n’aurons plus à  jouer à être des dieux. Nous n’aurons plus à nous “crever” pour paraître forts, puissants, efficaces, agressifs,  réussis. Il nous sera  permis d’être faibles, enfantins, de perdre du temps pour câliner le chat, écouter la musique, faire une  promenade, contempler un coucher de soleil, jouer au nintendo, souffler des bulles de savon, voltiger un cerf volant. En un mot, il nous sera  permis enfin d’être humains; il nous sera permis d’être des êtres humains. Et c’est  cela que Dieu veut!

L’enfant qui est Dieu

Cet enfant qui est en nous et qu’il faut retrouver est celui qui non seulement assure notre salut, mais qui nous rapproche le plus de Dieu, à la ressemblance duquel nous avons été  créés. L’enfant qui est en nous est l’image la plus authentique de Dieu en nous. C’est pour cela que l’histoire de Noël  raconte que l’enfant  déposé sur la paille, pauvre de tout,  faible et démuni, est cependant  un  être divin qui suscite l’admiration et l’émerveillement de tous ceux qui l’entourent. C’est lorsque nous ressemblons le plus à un enfant que nous ressemblons le plus à Dieu et que nous devenons sur terre  l’image la plus accomplie de Dieu. Bien sûr, Dieu peut se manifester, d’une certaine façon, dans la splendeur d’un coucher de soleil , dans la beauté d’une  paysage, dans le chant des oiseaux, dans l’harmonie du cosmos et dans l’immensité des espaces infinis. Toutefois c’est encore dans l’être humain,  mystérieuse créature imprégnée d’esprit, que Dieu a laissé son empreinte la  plus parfaite. Mais quel être humain est le porteur par excellence de l’image ou de la révélation de Dieu dans le monde ? A coup sûr, c’est l’enfant !!!....Et l’homme qui a été capable de re-devenir enfant!!!

Ainsi Noël est une fête qui parle de nous et qui nous parle. Elle nous dit par où  passe le chemin de notre bonheur. A travers le langage figuré du récit sacré elle  nous révèle que l’enfant divin qui gît dans la crèche est le symbole de cet enfant que chacun de nous doit générer des entrailles de sa vie fragile, pauvre et angoissée s’il veut être heureux et s’il veut être une  “incarnation” de Dieu  sur terre.

MB

mardi 25 décembre 2012

LA BONNE NOUVELLE DE NOËL


L’ESPRIT DE NOËL
(Luc 1, 39-45)


Dimanche dernier, nous avons parlé de la joie. Nous disions combien il est difficile de nos jours de vivre en paix avec nous-mêmes et avec les autres, en gardant le sourire sur nos lèvres. Nous disions que, malgré tout, la joie devrait être un élément essentiel du chrétien. Nous nous sommes rappelé que la raison de la joie chrétienne vient du fait que notre foi  nous dit que nous sommes  des personnes qui ont été visitées par Dieu lui-même; que nous pensons que Dieu est avec nous ; qu’il est entré dans notre histoire; qu’il s'est incarné dans nos vies et que nous sommes aimés, protégés, sauvés par lui. Comment avoir peur, être angoissés, ressentir de la tristesse, se croire en détresse,  lorsqu’on est convaincus que Dieu est avec nous, près de nous, qu’il est présent dans nos vies et qu’il peut les transformer en un chant de joie et d'allégresse, si seulement nous sommes capables d’ouvrir notre cœur et notre esprit à l'influence de sa grâce et de l'action de son Esprit?

Nous sommes désormais à la veille de Noël.  Probablement beaucoup d'entre nous viennent juste de terminer la corvée de la tournée dans les magasins  pour l’achat des cadeaux, pour le réveillon ou le dîner de Noël. En faisant vos emplettes vous vous êtes peut-être rendus compte quelles sont les raisons que notre société de consommation propose pour nous  rendre heureux en ce temps des fêtes. Selon la publicité que nous voyons dans les centres d’achat, dans les rues, sur les journaux, à la télévision, qu'est-ce qu’on doit faire pour passer un joyeux Noël ? Nous devons dépenser, acheter, avoir. La société de consommation semble nous dire: «Plus vous recevrez de cadeaux, plus vous aurez de la bonne  bouffe, plus votre repas de Noel sera recherché, riche et copieux; plus vous aurez de lumières et de décorations dans la maison et à l'extérieur ; plus votre arbre de Noël sera énorme et bien fournis ... plus vous serez heureux; plus votre Noel sera réussi et plus vous serez des personnes comblées et réussies.  

Dans ce climat, aucun appel à l’intériorité, aucune aspiration spirituelle, aucune vision  transcendante. Ce Noël commercial  est une insulte à la dignité de l’homme. Ici l’homme est avili, abruti, car réduit à sa seule dimension organique d’animal avec des besoins physiologique. Aucune allusion au Noël chrétien, au mystère d'un Dieu qui s'approche de l'homme, qui vient et qui est présent dans notre monde. Partout,  uniquement la grotesque figure du Père Noël, inventé exprès pour nous faire oublier l'Enfant de Bethléem et pour annuler le message de salut contenu dans la célébration chrétienne de Noël.

Ce Noël païen, est loin de produire la félicité qu’il promet. Il produit, au contraire, des fruits de tristesse, d'amertume, de déception, de souffrance et de solitude. En effet, combien sont-ils ceux et celles qui ont vraiment accès à cette abondance de biens matériels que notre société  présente comme nécessaire à notre bonheur? Si un Noël heureux et réussi est seulement celui que l’on passe en faisant  bombance, qu’en est-il alors du Noël des pauvres, des démunis, des laissés pour comptes, des sans-abri, des personnes seules, des malades sur un lit d'hôpital? N'y aura-t-il pas de Noël pour eux? Ne sera-t-il jamais Noël pour eux?  Comme vous pouvez le constater, ce Noël présenté par la société de consommation est seulement une célébration de riches et pour riches. C'est un Noël qui discrimine, un cadeau empoissonné, un événement injuste, puisqu’il exclut de la joie, du bonheur et de la fête ceux qui en ont le plus besoin. Face à ce Noël païen, les pauvres ne peuvent que se sentir tristes et malheureux.

            Et voilà alors l'Évangile d’aujourd'hui! Un beau récit qui nous permet de découvrir le vrai sens de Noël. La rencontre entre Marie et sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean, est tout un cri ou plutôt un chant de ravissement, d’euphorie, de jubilation d’émerveillement  et de reconnaissance. Même le bébé frémit de joie dans le ventre d'Élisabeth. Ces deux femmes sont une fournaise bouillonnante de sentiments. Et elles sont dans cet état parce qu’elles portent dans leurs entrailles la certitude que quelque chose d'extraordinairement grand et important est en train de se réaliser en ce monde. Parce qu'elles croient que le monde désormais ne sera plus la même. Parce qu'elles savent que Dieu a choisi de venir, que Dieu est présent, que Dieu est ici.

 Ces deux femmes folles de joie qui sont-elles? Deux simples paysannes, pauvres,  inconnues de tous, sans éducation; deux femmes que personne pourrait distinguer des autres femmes. Elles représentent ce qu’il y a de plus normal et de plus banal au monde…et elles n’ont pas besoin de posséder, d’avoir, de vivre dans la richesse et le  luxe pour être heureuses. Elles sont riches seulement de leur foi. Et c’est cette foi qui constitue la source de leur bonheur. Et à cause de cette foi, elles ont le sentiment que Dieu est présent dans leur vie et qu’il fait désormais parti de leur amour. Elles sont heureuses parce qu’elles ont découvert le vrai sens de Noël: Dieu est avec nous!

Voilà ce qui est toute une bonne nouvelle! Marie et Élisabeth nous disent : Voici, tu peux être heureux, même si tu es pauvre et infortuné. Tu peux faire de ta vie un magnifique succès, même si tu n’as rien. Même si tu vis dans un appartement délabré, un pays froid et sans poésie, tu peux être plus comblé qu’un roi. Si on vous disait : tu es heureux  parce que tu as plein d’argent en banque, une belle maison, une grosse voiture, une femme séduisante et de beaux enfants, et en plus un grand arbre de Noël dans le salon  et plein de  bouffe dans  le frigidaire… qu’est-ce qu’il y d’extraordinaire dans une nouvelle comme celle-là ? Où serait la bonne nouvelle de Noël ?  Quelle bonne nouvelle dans un Dieu qui donne la paix et le bonheur à ceux qui sont déjà heureux? Non: l'inouï est tout le contraire! C'est l'annonce que le bonheur est aussi accessible aux pauvres; plus encore, qu’il est accessible surtout aux pauvres, parce ce sont eux les plus disponibles, les plus libres, les  plus accueillants, et sans doute aussi,  les plus  ouverts à accueillir dans leur vie le mystère d’une présence divine qui les ennoblit, les élève et les sauve.

MB

(4e dim. Avent, C )



EMERVEILLEMENT


Marie  et  Elisabeth
(Luc 1,39-45)


Dimanche dernier c’était le dimanche de la joie; ce dimanche c’est celui de l’émerveillement. Si on n’est pas capable de saisir l’émerveillement et la stupeur qui transparaissent de ces textes, nous perdons l’essentiel de leur contenu. Il s’agit ici de l’étonnement de deux femmes devant  l’inouï de Dieu; devant  une merveille  dont elles sont témoins et qu’elles découvrent à l’œuvre en elles d’abord, et ensuite dans l’histoire de leur vie. L’action de Dieu suscite le ravissement et de leur cœur et de leur esprit  qui éclate en cri de joie  et en un chant d’action de grâce. Un fait tout à fait ordinaire (quoi de plus naturel pour une femme que la conception d’un enfant!) a pris aux yeux de leur foi les dimensions d’une révélation merveilleuse de la puissance et de la bienveillance de Dieu à leur égard. Dans un fait anodin et bien naturel, elles voient le doigt de Dieu. Cela veut dire qu’elles savent voir au delà des apparences elles savent capter le vrai contenu, le vrai sens des événements qui surviennent dans leur vie.

 La puissance de l’émerveillement ! Voir ce qui est invisible aux autres! capter des vibrations, des messages, des contenus auxquels d’autres sont  complètement fermés et insensibles. Henri Nouwen qui a écrit un livre magnifique intitulé Le retour de l’enfant prodigue qui n’est autre chose qu’une description -commentaire du tableau de Rembrandt du même nom, raconte qu’il a rédigé ce livre à travers les larmes. A la  suite d’une visite au musée de L’ermitage, à Saint Petersburg (Russie), où ce fameux  tableau est exposé, l’auteur nous confesse qu’il  passé des heures assis devant ce tableau totalement fasciné, à pleurer  d’émerveillement … A cause de cet émerveillent, ce tableau lui parlait, lui révélait  des contenus que d’autres personnes ne voyaient  pas; suscitait en lui des sentiments, des émotions très fortes, alors que les autres visiteurs restaient indifférents.

L’émerveillement ! Nous pouvons écouter  le Concerto pour clarinette, K622  ou le Concerto pour flûte et Harpe, K.299 de Mozart avec l’indifférence avec laquelle nous écoutons les nouvelles du téléjournal du soir ;ou nous pouvons les écouter en sentant des frissons par tout le corps et les larmes monter  aux yeux. Ce qui fait la différence, c’est le degré de notre émerveillement. Dans l’émerveillement nous découvrons l’âme des choses, la profondeur  des choses, le langage  des choses, le message des choses, le mystère des choses. Si nous sommes capables de nous émerveiller, notre chien n’est plus simplement un canin; un arbre n’est plus simplement un tronc de bois  avec des branches et de feuilles; une fleur n’est plus seulement un végétal avec des pétales colorées; un lac calme embrasé par le coucher du soleil  n’est plus seulement un plan d’eau au soir; la terre n’est plus seulement une planète du système solaire; et le cosmos n’est plus seulement le ciel sur nos têtes ou un ensemble  de corps  célestes  et de galaxies  qui s’étendent et s’éloignent à l’infini … si nous sommes capables d’étonnement  chaque choses du monde qui nous entoure est perçue comme une note magique, sublime et nécessaire d’une merveilleuse mélodie qui ne semble jouer  que pour nous ravir, nous toucher, nous faire frissonner, nous extasier, nous faire trembler, nous faire pleurer, et en même temps pour nous signifier la présence d’une Énergie grandiose et insondable de puissance et d’amourqui régit tout l’univers. L’émerveillement  suppose en nous  la capacité de percevoir  l’imperceptible, de regarder  l’invisible, de voir au-delà et  même  de voir l’au-delà.

Quelle est notre capacité d’émerveillement ? Les enfants l’ont souvent à un degré très développé et savez-vous pourquoi? Parce qu’ils sont candides et innocents, c'est-à-dire totalement transparents. Et donc capables de se laisser traverser, de se laisser envahir,  de se laisser atteindre par les messages secrets que les choses leurs lancent depuis la profondeur secrète de leur nature. Voilà pourquoi les enfants voient des choses que nous ne voyons pas ; entendent des voix et écoutent des musiques que nous n’entendons pas; vivent dans un monde que nous croyons imaginaire et où nous ne vivons plus: un monde où les arbres marchent, où les animaux  nous parlent où les fleurs s’amusent à s’habiller  de toutes sortes de couleurs; où les choses ont une valeur et un sens  autre que celui que les adultes leur donnent. Les enfants vivent dans un monde qui n’a pas encore été altéré, rendu dur, obscur, incompréhensible et muet par la méchanceté de leur cœur. Ils savent encore écouter la voix des êtres et leur répondre et leur parler. Ils voient le monde comme il est en lui même, dans sa nature profonde, tel qu’il est sorti des mains de Dieu, avant que l’homme en pervertisse la perception  à  cause de l‘égarement de son cœur  … L’enfant  est toujours  émerveillé, car il voit le monde avec les yeux de Dieu.

Et nous, les adultes, savons-nous nous émerveiller ? S’il n’y a presque plus rien ou pas grand-chose qui nous nous émerveille, cela veut dire que nous sommes devenu opaques et que nous avons  perdu notre cœur d’enfant …et  c’est la chose plus triste qui puisse nous arriver. Car si nous devenons incapables de voir le caractère magique et  merveilleux de tout ce qui nous entoure; si nous sommes incapables de comprendre et de voir le miracle continuel par lequel nous sommes maintenus en vie, nous et la planète que nous habitons…..et si nous ne savons plus nous émerveiller devant ce monde visible et dont l’ extraordinaire beauté et perfection sont  pourtant si évidentes …comment pourrions-nous y découvrir la présence de Dieu?
Car c’est finalement à cela que devrait nous conduire notre capacité d’émerveillement: percevoir que le secret de la beauté du monde est donné par l’empreinte de Lui-même que Dieu a laissé  dans les êtres qu’il a lancé dans l’existence.

Comme ces figures de femmes emblématiques qui sont proposées par l’Évangile d’aujourd’hui, nous aussi, chrétiens qui savons par notre foi que Dieu est venu dans notre monde et dans notre vie, nous devrions être dans l’émerveillement  pour un tel miracle. Et  à cause  de cet émerveillement, nous devrions, comme des enfants,  pouvoir  découvrir  les signes de sa présence; entendre sa voix, vibrer  au souffle de son Esprit,   nous laisser  envahir  par le rêve de ce monde nouveau qu’il veut nous transmettre.


MB

( 4e dim. Avent C)
  

jeudi 20 décembre 2012

JÉSUS EST-IL LE SAUVEUR ?



Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?

(Mt 11, 2-11)


Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous attendre un autre? C’est le message que Jean-Baptiste du fond de sa prison fit parvenir à Jésus. On peut imaginer Jean-Baptiste, renfermé par Hérode dans l’obscurité d’une prison humide dans l’attente d’être exécuté à mort et recevant des nouvelles de son cousin, le Rabbi Jésus, qui prêche à de grandes foules et qui fait des miracles. Jean a dû  penser que c’était certainement lui le Messie, le libérateur attendu, il est donc humain et compréhensible que le Baptiste espère qu’un jour ou l’autre ce Messie libérateur se révèle pour ce qu’il est, qu’il sorte de l’ombre et de l’anonymat et qu’il prenne enfin les armes pour venir le libérer. Mais au fil du temps, Jean est déçu. Le messie ne bouge pas, ne se produit pas, ne se manifeste pas. Le comportement de Jésus est décevant ; sa façon d’agir est à l'opposé de celle d'un messie politique, militaire et guerrier  que tous attendaient. Jésus était contre la violence. Jésus est un doux, un pacifique et un homme de Dieu, un prophète qui prêche l'amour universel entre les hommes, l’amour envers les ennemis, la douceur, le pardon, le respect des autorités constituées. Il ne se soucie pas de la situation politique de ses contemporains, mais de la qualité de leur relation avec Dieu. Jean  commence à douter du plus grand des prophètes, il pense qu'il s’est  trompé sur son compte. Dans l'Évangile d'aujourd'hui Jean  apparaît comme un homme profondément déçu dans ses attentes. Comme les disciples d'Emmaüs, ils  avaient espérés ... mais rien ne s'est passé. Donc, la question angoissante: Est-ce que je me suis trompé dans mes pressentiments? Est-ce que j’ai eu tort de mettre en cet homme mes espoirs en le présentant  comme le Messie de Dieu ? Et si ce n’était  pas lui? Et si tout cela n’était qu’une illusion ?

Levez la main ceux qui n'ont jamais eu ce genre de doutes. Personnellement, comme chrétien et comme prêtre je me suis souvent demandé: « N’ai-je pas fait une bêtise à miser toute ma vie sur la personne de Jésus de Nazareth? À renoncer pour lui et pour sa cause à une vie normale, à une femme, à une famille, à des enfants? Ne me suis-je pas illusionné? Pour plaire à Dieu, est-il vraiment nécessaire de se soumettre à une vie de sacrifice, de privation et de solitude? Chacun de vous s’est sans doute posé des questions similaires : Pourquoi Jésus? Pourquoi pas Bouddha ou Mahomet ou Vishnu, ou Jéhovah ou tout simplement l’indifférence, la négation de toute religion, l’athéisme…? Que m’apporte de plus ma foi en Jésus? Et ce Jésus en qui je crois, est-il vraiment si important, si vital comme semble le prêcher sur tous les tons le prêtre à la messe du dimanche? Son message est-il vraiment  si nouveau, si innovateur, si différent? Est-il vrai que son message a le pouvoir de transformer ma vie et de rendre ce monde un endroit  plus sûr, plus juste, plus pacifique? Est-il vraiment le  Sauveur, le Fils de Dieu? Est-il vraiment ressuscité des morts ? Est-il vraiment pour moi le chemin, la vérité et la vie ? Puis-je vraiment me fier à lui et lui confier l’orientation de toute mon existence? Ai-je raison de le prendre comme mon maître et mon modèle?  Ne suis pas un fou à le considérer comme mon Sauveur?

Soyons francs: il faut une bonne dose de foi et d’inconscience pour affirmer que Jésus est le Sauveur et Rédempteur du monde et que le monde est sauvé et que le royaume de Dieu, prêché et promis par Jésus, est en train de se réaliser …. Mais où est-il ce monde sauvé? Où sont-ils ces gens rachetés et libérés? Regardons autour de nous, après deux mille ans de christianisme, avez-vous l'impression de vivre dans un monde sauvé? Après plus de deux mille ans de christianisme, avez-vous l'impression que quelque chose ait changée et que le monde et la société d'aujourd'hui soient en fait en meilleure condition que ceux de hier?

Parfois je me demande à quoi a pu bien servir la présence du Fils de Dieu parmi nous, son message d'amour et de la libération, la présence d'une communauté de disciples, si  le monde est toujours le même; si, par bien des aspects, le monde semble un lieu plus dangereux et insécure qu’avant; si les hommes continuent à se haïr et à se faire la guerre; si les progrès scientifiques que les hommes ont acquis sont utilisés pour saccager, bouleverser et contaminer mortellement  la planète ou  pour mettre au point des armes capables d'anéantir en quelques minutes  toute forme de vie sur la terre ? Si les nouvelles générations cherchent  ailleurs les valeurs qui peuvent les satisfaire et les sauver, parce que le message chrétien leur est devenu indigeste à cause d’une mauvaise présentation et d’une mauvaise interprétation faites par l’institution religieuse officielle ou parce qu'ils trouvent que la force novatrice du message de Jésus a été diluée, cachée, étouffée sous une masse énorme  de règlements,  de doctrines, de dogmes, de directives morales et de lois canonique … jusqu’à lui faire perdre toute son originalité et sa charge révolutionnaire.

Si cela est vrai, alors vous comprenez l'actualité dramatique de la question du Baptiste à Jésus: «Es-tu le Messie, le Sauveur, ou devrions-nous en attendre un autre?"
Je pense que la réponse à cette question est celle que Jésus a donné à Pierre un jour, lorsque le Maître  confronté à l'incompréhension et à l'hostilité d'un grand nombre autour de lui, demanda à ses amis les plus proches si eux-aussi voulaient le quitter. Pierre eut alors cette réponse émouvante : «Seigneur, a qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle! C’est seulement grâce à toi, à ta présence, à ta parole que nous avons découvert le sens de nos vies et que nous continuons à espérer dans la possibilité d’un monde meilleur. Nous ne trouverons rien de mieux ailleurs. Si le monde est encore malade, ce n’est pas parce que ta parole ne soit pas valable ou parce que ta présence parmi nous soit  inutile, mais parce nous sommes très obstinés dans nos mauvaises habitudes, trop aveuglés  par notre ego. C’est parce que notre cœur est dur, lent à changer, insensible aux valeurs spirituelles et donc très peu disposé à s’ouvrir à ta parole et à se laisser envahir par ton Esprit qui contient pourtant le secret de la transformation et du salut de notre monde.


BM

(3 dim. Avent A, 2010)
 


QUI SUIS-JE ?


Sois toi-même et découvre ta mission 
(Jn 1,6-8, 19-28)

Tout le récit de cet évangile tourne autour de  la question que l’on adresse au Baptiste «Qui es-tu?». Question  légitime : «Qui es-tu  au delà de ta fonction ? Qui es- tu sous l’habit que tu portes ? Quelle est la nature de ta personne? » Question redoutable à laquelle bien peu de gens savent répondre. Nous savons presque tout sur  les contenus de notre profession, de notre fonction, mais nous ignorons presque tout de nous-mêmes et de notre  monde intérieur qui pourtant nous caractérise en  tant qu’individus uniques en ce monde.

Il y des gens qui identifient leur vie à leur fonction, au rôle qu’ils exercent dans la société et qui ne vivent que de cela  et pour cela. Il y des gens qui, lorsqu’ils perdent leur travail ou leur fonction, ont l’impression de perdre aussi leur vie et leur identité et ne savent plus que faire de leur existence. J’ai connu des gens pour qui la retraite a signé aussi la fin de leur bonheur, de la confiance en soi et ont sombré dans une épouvantable dépression. Quel terrible gâchis dans la vie d’une personne si  tout ce qu’elle est, si tout ce qu’elle vaut, se réduit au  métier ou à la fonction qu’elle exerce!

En général nous connaissons bien notre profession et nous sommes des professionnels compétents. La fonction  nous fournit sécurité et assurance. Dans notre profession nous n’avons qu’à nous laisser porter. Nous n’avons pas à exercer notre liberté ; car le protocole, la marche à suivre sont déjà établis à l’avance. Nous n’avons qu’à suivre le guide, les règles, les directives. C’est pour cela que, pour beaucoup de gens, s’identifier à leur  rôle peut être  une  solution de facilité; une façon  d’éviter de devoir exercer sa  propre liberté, de devoir  faire des choix qui déstabilisent ; une façon d’échapper à la responsabilité de se construire intérieurement, et de se frayer son  propre chemin dans la vie. Et beaucoup de gens sont heureux  avec ça. Ils  préfèrent  être encadrés plutôt  que  de sortir de l’encadrement. Car sortir de l’encadrement signifie être laissé à soi-même et à la responsabilité de nos choix et aux risques de notre liberté.

Mais la grande question reste :«Au-delà de tous les rôles et les revêtements, qui suis-je? Qu'est-ce qui me rend unique, irremplaçable, différent de tous les autres ?  Si vous êtes comme tout le monde, alors vous êtes des copies et votre vie non seulement n’a aucune originalité, mais aussi aucun sens.

Autrefois lorsque au collège on me disait :«Bruno, tu n’es pas comme les autres, tu as de la difficulté à t’insérer dans le groupe, tu es un original, tu fais toujours à ta tête , tu veut être différent , tu as des drôles d’idées, tu  es étrange,  tu ne cadres pas trop  bien  dans le paysage  général de ton milieu  etc.»…je  ressentais cela  comme  une critique,  une injure … Maintenant je m’en réjouis et je considère cela comme le plus beaux des  compliments. Ma mère  aussi  me disait toujours, sans doute pour me faire honte : «Bruno, tu ne rassemble pas à ton frère !!! »  Parce que mon frère était  très timide et se taisait toujours, tandis que  moi  je ne me laissais pas faire et je répliquais tout le temps. Maman ne se doutait  pas qu’elle faisait à ce moment  le plus bel éloge de son fils espiègle.

 Jean le Baptiste a commencé par  dire ce qu’il n'état  pas :«Je ne suis pas Élie, ni le Christ, ni un prophète." C'est important de rejeter tous les  rôles et les  étiquettes que les autres voudraient nous coller. Il est important de dire aux autres: «Non, je  ne suis  pas comme vous». Il y des personne qui sont fières d’imiter  leurs parents;  de  marcher  sur les traces de certains modèles, les stars,  les gourous du moment. Il y a des parents qui investissent beaucoup d’efforts en vue de faire de  leurs enfants une copie d’eux-mêmes ou de leurs  aspirations ratées.

La première attitude à avoir dans la vie c’est la dés- identification : «Moi, c’est moi. Je ne suis ni toi ni personne d’autre. J'ai mon nom. Tant pis si ne réponds pas à vos attentes, à vos critères, si je ne  rentre pas dans vos schémas. C’est le début de la liberté. Il y des parents qui, a cause de leur  angoisse de similitude, ôtent à leurs enfants cette liberté dont ils ont besoins pour devenir des adultes confiants et libres. Ils  les soumettent parfois à du chantage affectif, en les menaçant de les priver de  leur amour pour les obliger à  suivre le patron, le moule qu’ils ont choisi pour eux. Terrible !!!  Un enfant  élevé de la sorte deviendra  un adulte qui n’aura  aucune confiance en lui même ; qui sera à la traîne des autres ; qui  s’adaptera à être tout ce que les autres ont décidés pour lui (la mode, l’opinion des autres, l’autorité, etc.) et qui vivra  avec la hantise constate de ne contrarier personne.

L’autre chose importante dans la vie consiste à se libérer de ce qu’on n’est pas. C’est faire comme le Baptiste: ne pas  vouloir être comme les autres, «Non, je n'e suis pas ça…Je suis moi,  je suis différent, je suis Jean-Baptiste, je ne suis ni Élie, ni le Christ, ni un prophète."

 En ce sens l’adolescence c’est le moment le plus  merveilleux  dans la vie d’une  personne. Elle  constitue une  chance unique pour la construction  d’une authentique personnalité! Tous ces gars et ces filles qui se  révoltent, se  rebiffent,  se rebellent, qui veulent être  différents, qui ne veulent  pas ressembler à leurs parents, qui veulent parcourir d’autres chemins, inventer d’autres routes, créer un nouveau style de vie ! Ce serait magnifique s’ils étaient capables de continuer dans cette direction! Mais, hélas, trop souvent ils se font récupérer par la masse, la gang, la bande. Ils se font à nouveau encadrer, enrégimenter, endoctriner par la publicité,  le conformisme, la mode, les lois impitoyables de la société de consommation. Tout à coup ils ne veulent  plus  être différents ; ils veulent être comme  tous les autres, se confondre  avec la masse  : porter le même linge , avoir les mes clous sur le blouson, les mêmes chaines au cou, les mêmes piercings, les mêmes  tatouages . Ils s’emballent  pour  les mêmes  idoles, les mêmes  chansons, les mêmes bébelles informatiques, ils utilisent le  même jargon… Bref,  ils veulent  être tout,  sauf eux-mêmes.  Mais lorsqu‘on se perd soi-même,  son identité,  en réalité on perd tout. Parce  que mon moi, c’est  la  seule  chose qui est vraiment à moi, la seule véritable richesse  que je possède en ce vaste monde.

Finalement Jean Baptiste dit ce qu’il est. Il est un prophète (le rôle), mais il a trouvé qui il est en profondeur, il  a trouvé sa  mission  dans  la vie : «Il est la voix».  Le rôle de Mère Teresa était d'être une religieuse, mais sa mission  était «d'être un crayon dans les mains de Dieu». Etty Hillesum était une femme juive, déportée (rôle), mais sa mission était d'être un «baume pour les plaies nombreuses». Terese de Lisieux était une religieuse (rôle), mais sa mission était d'être dans l'église, l'amour. Trouver sa mission dans la vie, c’est trouver la raison pour laquelle on est venu  au monde ; c’est trouver ce qui donne sens à notre existence

Cet évangile  cherche alors à nous faire découvrir qu’il y a, pour chacun de nous une mission au delà du rôle et de la fonction que nous  exerçons dans le quotidien de notre vie. La mission c’est  la trace  que nous laissons  derrière nous après notre passage en ce monde,  c’est notre contribution à l’amélioration de ce monde grâce aux virtualités et aux richesses uniques que nous avons su bâtir en nous en tant que personnes.

BM

( 3e dim. Avent B)

dimanche 16 décembre 2012

LA JOIE EST-ELLE ENCORE DE MISE ?

SOYONS DANS LA JOIE



Dans la liturgie de l'église catholique le troisième dimanche de l'Avent est appelé le dimanche de la joie. Les fidèles sont invités à être heureux. La liturgie rappelle l'importance d'affronter la vie avec une attitude positive, optimiste, et la nécessité d’être des personnes souriantes, pétillantes de joie et de bonne humeur. Quelle chance lorsque dans notre vie nous pouvons être entourés de ce genre de personnes ! Elles rendent notre existence beaucoup plus saine et agréable! Cet appel à la joie est particulièrement pertinent de nos jours, parce que dans notre monde se font toujours plus rares les gens heureux, capables de dégager spontanément et gratuitement de la  joie et de l’enthousiasme. Bien sûr, on trouve des gens souriants mais combien de fois ce sourire est spontané, authentique, désintéressé?  Bien sûr les secrétaires dans les entreprises, les commis dans les magasins, les hôtesses de l’air, les employés chargés de l’accueil des clients dans les entreprises vous offrent parfois un sourire, mais souvent le sourire, la disponibilité, la gentillesse de ces gens font partie de leur travail, de leur tâche; c’est un sourire obligé, commandé, payé ... ce n‘est pas toujours  un sourire  gratuit, spontané… 

Malheureusement, nous devons admettre que le monde, la société, le milieu dans lequel nous vivons ne nous encouragent pas à être ouverts, confiants, souriants. Le climat dans lequel nous vivons nous amène à être craintifs, soupçonneux, méfiants, à d'adopter, comme règle de conduite, le principe selon lequel on ne doit jamais faire confiance à personne. C’est la première recommandation que les parents responsables font à leurs enfants. Le monde dans lequel nous vivons, les valeurs que nous poursuivons, le style de vie que nous menons ne favorisent certainement pas la sérénité et la tranquillité d'esprit, mais plutôt la méfiance, la nervosité  l’agressivité, le stress, le mécontentement à cause de la lutte pour l’avancement, les pressions que nous subissons; les besoins que nous nous créons et dont la satisfaction est considérée comme une condition indispensable à notre bonheur.

En outre, dans notre monde les bonnes nouvelles réjouissantes rapportées par les medias de communication et les réseaux sociaux sont rares, alors que nous sommes continuellement  bombardés par les mauvaises nouvelles qui font les manchettes  des journaux et de  la télévision: en Italie, cette crapule de Berlusconi veut se représenter au poste de premier ministre; en Syrie, Bachar-al-Assad veux empoisonner au sarin (un poison 500 fois plus toxique que le cyanure) les rebelles pour en finir avec la révolte; en Europe, l’endettement des États, dû à la crise économique risque de causer la faillite de plusieurs Pays; la sécurité humaine est menacée par le terrorisme, la course aux armements et les arsenaux toujours actifs des armes nucléaires; la stabilité de notre travail et de nos salaires est mise en péril par la concurrence asiatique; nos économies personnelles fondent comme neige au soleil à cause des taux d’intérêts  insignifiants offerts par les institutions financières; à cause des compressions budgétaires, notre système de santé est boiteux, il y a pénurie de médecins; les urgences sont bondées; les hôpitaux manquent de lits, de personnel, d'équipements modernes; il devient toujours plus compliqué de se faire soigner adéquatement, à moins de pouvoir se permettre des cliniques privées; la vie sur notre planète est en danger à cause de la pollution, le réchauffement climatique et la destruction progressive des écosystèmes,…. Et on pourrait continuer la liste des mauvaises nouvelles…
Et comme se réjouir de la situation de notre Église catholique ! Une Église en perte continuelle de vitesse auprès de la modernité; une Église en perte continuelle de crédibilité auprès de nos contemporains et qui croit se rattrapper en ce domaine en instituant une «Année de la foi»!  Alors qu’il serait nécessaire de procéder courageusement à des reformes concrètes, à des changements radicaux d’attitudes, de mentalité, de critères de vérité, de méthodes de direction, de lois à l’intérieur de l’institution ecclésiastique. Alors  qu’il serait nécessaire d’adopter une attitude plus positive, plus ouverte et plus accueillante face aux valeurs et aux acquis de la modernité, au  lieu d’assumer l’attitude de la victime incomprise, critiquée, délaissée, abandonnée et persécutée par cette société séculière, hostile, anticléricale,  malade d’individualisme et de relativisme! Alors qu’il serait nécessaire d’entrer avec confiance dans le XXI siècle, au lieu de rester obstinément  arrimé  au XI siècle, c’est-à-dire à une foi, à des traditions, à des formulation dogmatiques, à des façons de faire moyenâgeuses et donc  complètement insignifiantes et dépassées  pour les gens de notre temps. Alors qu’il serait nécessaire de trouver un nouveau langage pour transmettre l’évangile dans des mots et des concepts compréhensibles à l’homme d’aujourd’hui. Alors qu'il faudrait cesser de vouloir se considérer une super monarchie religieuse au pouvoir totalitaire et absolu qui se croit infaillible, qui pense tout savoir et qui croit pouvoir tout diriger et tout contrôler parce qu'elle a la la ferme conviction  d'être le  seul instrument du salut pour toute l'humanité .
Si nous vivons dans l’insatisfaction, dans l'incertitude du demain; dans la peur de ne pas être à mesure de conduire une vie décente; si nous craignons pour notre avenir et celui de nos enfants;s’il nous manque la sécurité et la sérénité… comment vivre avec le sourire sur les lèvres et être heureux? Une telle attitude ne serait-elle pas plutôt un signe d’inconscience et d’irresponsabilité? Parfois j'ai l'impression que nous sommes en train de bâtir un monde où la gaité, le sourire, la joie, la célébration et la fête sont en train de disparaître. J’ai l’impression que nous vivons dans un monde hargneux, décoloré, sombre et triste. Un monde dans lequel les gens n'osent plus se regarder amicalement dans les yeux et montrer à l’autre un visage complaisant, joyeux, souriant. Essayez de regarder une personne dans le visage, de lui dire «bonjour» ou de sourire à un inconnu rencontré dans la rue, dans le métro ou dans un centre commercial ....vous verrez qu’on vous prendra presque immanquablement pour un «bizarre» ou un excentrique; le plus souvent, votre sourire ou votre salut surprennent, ne sont pas appréciés, risquent d’être même mal interprétés et même susceptibles de devenir dangereux pour vous. Les gens sont tellement méfiants, ont tellement peur, ont tellement été privés d’amour qu’ils sont surpris du moindre geste de bienveillance et doutent de la sincérité de toute manifestation gratuite de gentillesse et de bonté, quand elle n’est pas prise comme une approche douteuse ou malsaine ou une plaisanterie de mauvais goût ...
Pourtant, notre monde a tellement besoin de joie, d’amour, de confiance, de fraternité! Nous avons tellement besoin de faire tomber autour de nous les barrières de la méfiance et de la peur! Je pense que c’est cela la tâche fondamentale que Jésus a laissé à ses disciples et qui devrait donc nous caractériser en tant que chrétiens. Avant de mourir, Jésus  a prié son Père pour que nous soyons toujours dans la joie et que cette joie que nous portons dans le cœur soit pleine (Gv.15,11;16,22;17,13). Le chrétien pour être fidèle aux consignes du Maître doit  donc être un semeur de joie, un architecte de sérénité et de paix autour lui. Et cela à cause du fait que le chrétien est une personne fondamentalement en paix avec lui-même, fondamentalement heureux dans son cœur, fondamentalement satisfait de sa condition d’homme (et de femme) transformé par la rencontre avec  le Maître de Nazareth, rénové, ressuscité à une vie nouvelle, libéré de la peur, de l'anxiété et  du désespoir, sauvé de la culpabilité en raison de la présence de la parole et de l'action de Jésus dans sa vie; heureux et content parce que son Maître lui a appris que Dieu marche avec lui, et qu’il n’est donc pas seul à affronter la difficile aventure humaine, mais qu’il est accompagné par la présence d'un Dieu qui l’aime comme un Père aime son enfants et qui l’appelle au bonheur en cette vie et dans l’autre. Comme le christianisme serait plus attrayant si les chrétiens étaient des témoins plus convaincus et plus souriants de leur foi!
MB

dimanche 2 décembre 2012

Far nascere un altro genere di mondo




Un mondo nuovo  che nasce dalle  rovine del vecchio
( Luca 21,25-36))


Con il mese di dicembre i cristiani entrano in quel periodo di preparazione alla festa di Natale che  nella  loro liturgia  viene  chiamato “Avvento”, cioè  «la venuta» . In queste tempo che precede il Natale, si suole leggere durante gli incontri  domenicali dei testi  bibblici che parlano della fine del mondo o meglio della fine di un certo tipo di mondo. Questi testi, nel linguaggio degli specialisti, vengono chiamati “apocalittici”. Non bisogna però credere che l’obbiettivo di questi  testi sia quello di spaventare. Le immagini e le descrizioni di catastrofi , di sconvolgimenti cosmici, di dolori e di angoscie che si abbattono  sull’umanità di cui  essi parlano, hanno  lo scopo di  presentare, in maniera visiva e simbolica, l’urgenza e la necessità di porre fine ad un certo tipo di mondo, di società, di comportamento, di  stile di vita, se si vuole che nasca un mondo diverso, migliore, un nuovo tipo di società.  

 Proponendoci immagini di distruzione e di scombussolamenti cosmici, questi testi apocalittici  vogliono farci capire  che se si vuole cambiare il mondo e la società  bisogna per forza essere disposti ad abbandonare, a distruggere certe abitudini inveterate, certi comportamenti abitudinari e istintivi : in una parola, bisogna essere disposti a far cessare un certo tipo di mondo. Questo tipo di letteratura bibblica  dice in fondo la stessa cosa che dicono oggi tanti scienziati e specialisti, o che  sentiamo in continuazione alla televisione o che leggiamo sui giornali: se vogliamo salvare la terra e il futuro dell’umanità, dobbiamo  modificare le nostre vecchie abitudini, dobbiamo adottare riflessi e comportamenti  nuovi : dobbiamo cioè essere disposti  a scaldarci un po’ di meno, a  viaggiare di meno, a usare meno energia, meno elettricità, meno benzina, dobbiamo consumare di meno e reciclare di più. Dobbiamo  sprecare di meno, accontentarcidi meno, adottare uno stile di vita più semplice, più sobrio, più modesto. Perchè è la nostra ingordigia, la nostra avidità, il nostro bisogno di confort e di lusso ciò che causa la distruzione delle foreste,  la desertificazione, l’inquinamento dell’acqua, del suolo, dell’aria, la disparizione dello strato d’ozono ai poli, l’accumulazione nell’atmosfera dell’anidride carbonica che trasforma la superficie terrestre e soprattuto le città in serre afose e soffocanti e produce un riscaldamento eccessivo e anormale della terra con tutte le sue terribili ed innumerevoli conseguenze: ulteriore consumo di elettricita per raffeddare le case; lo scioglimento della banchisa polare; la distruzione del plancton che nutre i pesci; lo scombussolamento delle correnti marine che regolano il ritmo delle stagioni sulla terra; aumento del livello dei mari, inondazioni di intere regioni, sovvertimento dell’equilibrio ecologico, distruzione di interi ecosistemi  ecc.

 Sì, è vero, se non cambiamo il nostro modo di fare e di pensare , questo mondo, il mondo così come lo conosciamo presto finirà. Se vogliamo che la nostra  madre terra continui a nutrirci, ad  esistere e noi con lei, dobbiamo vivere in un modo nuovo, diverso e dobbiano far nascere un mondo nuovo e diverso. 



 

Se vogliamo salvare questo mondo e costruirne uno migliore e diverso, dobbiamo necessariamente essere disposti a scombussolare un po’ la nostra vita. Questi testi non ci parlano dunque di fine o di morte,  che come  condizione necessaria per attuare un  nuovo inizio, un nuovo tipo di mondo, un nuovo tipo di convivenza e di società. Ci parlano di conseguenza di conversione, di trasformazione interiore, di cambiamento e di rinnovamento di vita. Ci dicono: Gesu è venuto, Gesù è qui, Gesù vi rivela un nuovo modo di essere; Gesù vi insegna e vi annuncia la possibilità creare un nuovo tipo d’umanità. Nella sua parola, nel suo insegnamento, nel suo vangelo, egli vi trasmette il segreto della trasformazione dell’uomo e, di conseguenza, della trasformazione  del mondo: più amore, più condivisione, più fratellanza, più generosità, meno egoismo, meno esigenze, più  semplicità . Egli è nato in mezzo a voi umile, semplice e povero  per far nascere un nuovo tipo di uomo, di società e d’esistenza  È attraverso di voi che gli intende realizzare un mondo nuovo, un mondo diverso, un mondo migliore.

Questo tempo d’Avvento  ricorda  ai cristiani  questo punto fondamentale della loro fede. Gesù è venuto, è qui e con lui è presente la forza, l’energia, lo spirito capaci di trasformare il cuore dell’uomo. Dunque vagli incontro, porta attenzione a quello che dice, aprigli il tuo cuore e la tua mente; lasciati convincere dalla sua parola, lasciati trasformare dal suo spirito, diventa suo amico,  suo ammiratore, suo discepolo. Al suo contatto imparerai a pensare diversamente, ad amare diversamente, ad agire diversamente, a reagire diversamente.  Imparerai  ad agire come un figlio di Dio, guidato dalla bontà e dell’amore e non più come un figlio d’uomo guidato dalla cupidigia, dall’avidità e dall’egoismo. Imparerai ad avere una diversa percezione dei valori, a stabilire una giusta gerarchia e un giusto ordine nelle tue priorità. Ti sembrerà di vivere in un nuovo mondo, perchè quello vecchio sta scomparendo .



MB





Fils de l'homme

 FILS DE L’HOMME …SI FILS DE DIEU  ….
( Luc 21, 25-36)


Ce passage de l’évangile de Luc n’est certainement pas de ceux qui nous rassurent face à l’avenir. La Bible utilise ce genre littéraire appelé «apocalyptique» (du verbe grec apocaluptô qui signifie « lever le voile» et qu’il ne faut pas prendre littéralement), pour décrire des temps de détresse, comme guerres, occupation étrangère, persécution. Ils évoquent les persécuteurs sous les traits de monstres terrifiants, comme le scénario catastrophique qui les accompagnent. Parce qu'ils sont écrits en temps de détresse, ces écrits ont comme but de réconforter les croyants et de leur transmettre des raisons pour continuer à tenir bon et à garder courage et espérance. En effet, ils «lèvent le voile », ils «révèlent » la face cachée de l'histoire. Ils annoncent le plan de Dieu qui se trouve toujours à l’arrière fond de tout ce qui arrive, la victoire finale du bien contre le mal et ils nous disent que «Dieu aura le dernier mot». Ils invitent ainsi les croyants à adopter une attitude non pas d'attente passive, mais de participation active et vigilante. Le quotidien doit être vécu à la lumière de l’espérance.

Fondamentalement, voici le message que ces textes veulent  nous transmette. Le monde va de changements en changements, de bouleversements en bouleversements, dans un processus de transformation et d’évolution continuelles qui dure  depuis  des milliards d’années; processus où la mort est nécessaire à la vie et où la vie court inévitablement vers la mort; où la fin d’une ère, d’une époque, d’un monde, n’est que le prélude qui annonce le jaillissement de nouvelles convergences, de nouvelles relations, d’une nouvelle harmonie cosmique, fondée sur des formes de vie plus adaptées, plus variées, plus complexes, plus perfectionnées, plus spiritualisées. Finalement, tous ces bouleversements semblent avoir une direction; ils semblent annoncer l’apparition d’un perfectionnement ultime de la création qui, selon les textes sacrés, se réalisera avec la venue d’un « fils de l’homme»: «alors on verra  le fils de l’homme  venir …»

Les chrétiens qui ont lu ces textes ont identifié ce «fils de l’homme» à Jésus de Nazareth. Mais pourquoi? Parce que, à leurs yeux, en Jésus s’est réalisé l’idéal de l’homme parfait. Jésus était pour eux l’incarnation de l’homme dans son intégrité; de l’homme tel qu’il devrait être s’il n’avait pas été corrompu par le mal; de l’homme tel qu’il est voulu par Dieu; de l’homme rétabli dans son état d’innocence et d’authenticité originales; de l’homme libre et libéré des conditionnements qui l’égarent souvent loin de sa nature véritable. Jésus est apparu à ceux qui l’ont connu et qui ont cru en lui comme une merveille d’humanité; comme la réalisation parfaite du  prototype «humain». Pour savoir  ce que c’est un être humain vrai, sain, certifié conforme, tel qu’il été voulu et pensé par Dieu, il faut regarder Jésus; il faut se refaire à l’humanité de Homme de Nazareth. Pour les chrétiens de l’évangile de Jean, c’est le procureur romain Ponce Pilate qui, sans le savoir, a le mieux cerné la vrai nature de Jésus, lorsqu’il l’a présenté à la foule, en disant «Voilà l’homme!».
À cause de sa parfaite et étonnante humanité, de sa fantastique dimension humaine, de sa saisissante qualité d’homme, Jésus a été considéré par ses disciples comme la personne humaine qui correspond le mieux à l’idée que Dieu se fait de l’homme; comme la meilleure réalisation de son Esprit, comme une merveille divine, un don du ciel, une grâce d’En-Haut faite à notre pauvre monde et, finalement, un homme en qui la proximité, la communion, l’intimité et la ressemblance  avec Dieu ont été à tel point frappantes que ses disciples, dès le début, n’ont pas hésité à voir en lui un être de prédilection de la part de Dieu et le « fils de Dieu» par excellence. Finalement, on peut dire que c’est parce que Jésus est un parfait  fils d’homme, qu’il est aussi  un parfait «fils de Dieu». Il n’est fils de Dieu que parce qu’il est véritablement un fils de l’homme.

Cela signifie que c’est la qualité de notre humanité qui détermine la qualité de notre filiation divine et que, inversement, pour être véritablement humains, nous devons vivre une relation filiale avec Dieu. Cela signifie que l’homme véritable doit avant tout naître comme fils de Dieu  pour devenir fils de l’homme et que c’est seulement à travers cette filiation divine que nous construisons notre véritable humanité et que nous nous réalisons en tant qu’êtres humains. Jésus nous apprends que pour vivre en êtres humains, il nous faut consentir à devenir  enfants de Dieu, c’est-à-dire à naître à la confiance en cette Source d’Amour qu’il présente comme un Père et qui nous marque de l’empreinte de son Esprit.

C’est cela qui constitue la grande révélation, la grande «apocalypse» de l’enseignement de Jésus que nous trouvons dans les évangiles: il n’est pas donné à l’homme d‘atteindre un humanisme véritable, de se réaliser pleinement en tant que personne «humaine» en dehors d’une relation «filiale» avec Dieu, faite de confiance et d’amour. Jésus nos apprend que c’est en devenant des fils de Dieu, que l’on devient des vrais fils de l’homme.

Alors nous comprenons la vérité des dernières lignes de l’évangile de ce jour qui nous disent :«Restez  éveillés  et priez,  c’est-à-dire:  entrez en relation avec Dieu dans la confiance et l’amour et ainsi vous serez jugés  dignes de paraître devant tout le monde comme des «fils d’homme»  qui savent se tenir  debout »


BM


 (1er dimanche de l’Avent  C )








Attendre nous aide à vivre...


VIVRE  C'EST ATTENDRE

Le message chrétien oblige ses adeptes à réfléchir de temps en temps sur certaines postures intérieures qui sont essentielles à une existence humaine. Chaque année, avant Noel, au cours d'une période de quatre semaines appelée  «Avent»,  les chrétiens sont  invités  à se mettre dans une attitude  d’attente.  «Avent» est  précisément un mot qui signifie que quelque chose est en train d’arriver et que donc nous devons nous  préparer à y  faire face. Dans ce mot il y a aussi un  élément  de surprise. Ce qui donne de la saveur à notre vie, c’est justement le facteur surprise; c’est l’imprévisibilité des événements qui nous permet de vivre en état d’alerte et d’expérimenter la vitalité de notre existence. Si notre vie se déroulait exactement  selon un schéma planifié et prévu à l’avance, elle serait sans surprise, sans stupeur, sans nouveauté et donc d’une monotonie exaspérante. Heureusement qu’il n’en est jamais ainsi! La vie se charge de nous surprendre continuellement : «l’homme propose, mais Dieu dispose», dit le proverbe.
Ce que nous décidons, cela  ne nous surprend pas, mais ce que Dieu décide pour nous, c’est cela qui nous surprend, car nous ne savons pas à l’avance sur quelles routes il va engager notre vie. Cette période liturgique de l’Avent est là justement  pour nous dire, à nous, les chrétiens: « Faites attention ! Dieu est imprévisible; il a ses plans qui souvent ne coïncident  pas avec les vôtres. Dieu est bouleversant. Soyez donc  toujours prêts à changer les vôtres pour vous adapter aux siens, car ce sont  ses plans qui comptent et non pas les vôtres; soyez des êtres ouverts, disponibles aux changements ; ne vous enlisez pas, ne vous enracinez pas, ne vous figez pas dans vos idées, vos convictions, vos attachements, vos attitudes, vos habitudes. Seulement si vous attendez encore quelque chose de vous, de la vie, vous aurez une chance d’avancer, de progresser, de changer,  de croître. Ceux qui n‘attendent plus rien, ces gens là ont aussi cessé de vivre. Il n’y a de la vie que dans le changement, l’évolution, car c’est la seule façon qui nous permet de progresser. Il y a des gens qui, dans la vie ne veulent pas de surprises, ils ne veulent que des certitudes. Ces gens là  vivent à la surface d’eux-mêmes, jamais en profondeur. Car ceux qui cherchent à donner de l’intensité et de la profondeur à leur existence sont appelés à se projeter  en-avant et à vivre  de l’avant. Au début de  l’année liturgique, l’Église a donc raison de nous rappeler  que Dieu nous a fait pour aller en Avant, vers ce qui doit advenir.

L’autre élément de ce temps c’est l’attente. Toute chose a un temps d’attente, de germination, d’incubation, de fermentation. Rien ne naît, ne surgit  avant son temps. Pour faire un enfant il faut neuf mois. Pour que le printemps arrive, il faut laisser passer le froid et l’hiver. Pour que le bourgeon sorte de la terre et devienne une fleur ou un arbre, il faut attendre, leur donner du temps …beaucoup de temps ….Dans notre vie, c’est la même chose !…C’est  le temps que nous passons à nous travailler et à labourer le terrain dans lequel nous sommes plantés, qui nous transforme, qui nous fait  pousser, qui nous fait grandir, qui nous fait mûrir. Il y a des gens qui ne savent pas attendre et qui veulent tout et tout de suite. Ces gens là aussi manquent de profondeur et seront emportés par la première tempête. L’attente c’est ténacité, détermination, persévérance; c’est espérer même si  rien ne semble paraître à l’horizon; même si on ne voit pas le résultat de nos actions; c’est croire que le meilleur  est toujours à venir, qu’il est  en avant et qu’un  jour l’amour, la  réussite, le  bonheur, le  salut nous attraperont. L’attente c’est le temps que nous donnons, que nous nous donnons,  pour que les efforts, les  forces, les capacités, les talents, les aspirations qui nous animent et que nous  déployons puissent advenir dans notre vie… et se convertir en événements  salutaires. Le possible  devient souvent réalité pour ceux qui savent  attendre

Mais on ne vit en état d’attente que si on est capable de vivre en état d’alerte. L’alerte nous permet de saisir l’opportunité de la réussite, la grâce de la rencontre, les semences du bonheur qui finissent toujours par croiser notre vie. Il y a un verbe qui revient souvent en ce temps liturgique de l’Avent : «Veillez! … Soyez sur vos gardes ». Dans notre société il y a des gardes, des gardiens, des systèmes de surveillance ou  d’alarme partout... Nous sommes continuellement sur nos gardes en ce qui concerne notre vie matérielle, mais nous sommes souvent des zombis, des êtres endormis  lorsqu’il s’agit de notre vie spirituelle, de la vitalité de notre âme et d’interpréter les signes de cette divine  présence qui envahi tout. Souvent nous ne nous rendons pas compte que l’agitation, l’affolement, la frénésie de nos rythmes de vie, avec toutes les contraintes induites par la satisfaction de nos innombrables  besoins… nous étourdissent, nous abrutissent et nous rendent indifférents et insensibles aux murmures et aux sollicitations de l’esprit qui veut ennoblir et élever notre âme  .. nous y perdons littéralement  notre âme… nous nous laissons voler notre âme …. Veiller c’est aussi ne pas permettre que la rapacité, la  brutalité de la vie  nous prive de notre  âme; ne pas permettre que  nous devenions les esclaves de nos besoins et de nos ambitions  matérielles  au prix de notre âme; c’est  être capable d’imprimer à notre vie le virage nécessaire  pour qu’elle puisse s’orienter  autrement.

Et c’est  surtout à nous, les chrétiens et les disciples du Seigneur, que cette invitation à veiller est adressée  aujourd’hui avec insistance. Nous, les chrétiens, devons être particulièrement attentifs à ce qui occupe notre âme; nous devons veiller à  façonner et à  mouler en nous une âme de disciples de Jésus; nous devons donc  surveiller quel esprit l’habite, quel amour la fait frémir, vers quelles valeurs elle est orientée; quels sont les intérêts, les désirs, les passions  qui la font vivre …
Pour nous les chrétiens, Dieu est  là, il  est présent, il parle, il se manifeste partout mais surtout dans la  personne de Jésus, dans son enseignement, dans son action, dans son esprit …est-ce que ton âme l’aperçoit?  S’en nourrit-elle?  Veilles-tu à ce que  se réalise aussi dans ta vie une certaine manifestation de Dieu ? Désires-tu que ton âme soit capable devibrer en harmonie avec le monde de Dieu? Ou est-elle  sensible seulement  au tintamarre du monde des hommes? Quelle sorte de Dieu habite ton âme ?  Quelle sont les divinités qui adviennent  dans ta vie? Quel Dieu attends-tu? Qu’est-ce qui occupe ton cœur? Quels sont  tes attentes?

MB

(1e dim. Avent  B 2011)