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mardi 9 septembre 2014

L’EXISTENCE DU COSMOS, UNE QUESTION D’AMOUR


L'EXISTENCE  DU COSMOS, UNE QUESTION D'AMOUR 
(Mt. 18, 15-20 - 23e dim. ord., A)

Cet évangile rejoint une des découvertes les plus fondamentales de l’astrophysique moderne:  nous vivons dans un Univers où tout est connecté avec Tout, où le Tout est plus grand que la somme de ses parties; où le Tout est présent dans chaque partie et où chaque partie n’a d’existence que grâce à son intime connexion avec le Tout. Le Tout  qui existe forme une «unité» globale, un «uni-vers» relié ensemble dans une immense structure cosmique dans laquelle rien ni personne ne peut exister sans être dans un état de relation, d’attraction, de dépendance, de connexion, d’interaction continuelle avec le  tout  de ce qui existe. Nous dépendons de la Terre, la terre dépend du soleil; le soleil dépend de notre galaxie dans laquelle des nuages de gaz et de poussières lui ont donné naissance.Notre galaxie est le produit des fluctuations quantiques du Big Bang, cet instant et ce point initial extrêmement chaud et infiniment minuscule où le Tout de l’univers ne faisait vraiment qu’un.

Nous sommes là parce que la matière s’est unie pour former les galaxies, les étoiles et les planètes. Nous sommes nés dans le cœur des étoiles qui ont forgé dans leurs fourneaux atomiques tous les éléments chimiques qui composent notre corps. Nous sommes tous de la substance des étoiles; nous sommes tous «poussière d’étoiles» et, comme les étoiles, nous sommes tous faits pour briller et éclairer.Nous sommes également les enfants de notre mère la Terre, organisme vivant qui nous a mis au monde après une très longue et pénible gestation. C’est cette mère qui nous fournit l’air que nous respirons, l’eau que non buvons, les aliments que nous mangeons. Nous ne serions pas là sans elle. Nous dépendons d’elle comme des nourrissons dépendent du lait maternel, au point que nous devons toujours rester attachés à ses seins pour vivre. Toutes les espèces vivantes sont reliées ensemble dans une connexion vitale tellement profonde et essentielle que l’on ne peut pas endommager l’écosystème dans lequel une espèce vit sans affecter la survie des toutes les autres.

L’étude du génome humain révèle jusqu’à quel point nous sommes semblables et unis les uns aux autres. L’étude de notre ADN nous enseigne en effet que nous portons en nous les mêmes gènes ou plutôt les mêmes séquences génétiques (nucléotidiques) que les plantes, les abeilles, les poissons, les reptiles, les oiseaux et les mammifères qui courent sur la surface de la terre. Nous faisons partie de la même biosphère, nous appartenons à la même famille des vivants; nous ne sommes qu’une déclinaison et une combinaison particulière des mêmes bases azotées et des mêmes acides aminés qui déterminent la structure et l’activité cellulaire de tous les autres organismes vivants. Nous représentons, certes, une fonction particulièrement complexe et développée de cette biosphère, mais il reste que nous ne sommes qu’un anneau dans la longue chaîne des êtres vivants que la Terre notre mère a produits. Nous dépendons des créatures vivantes qui nous ont précédées et desquelles nous avons reçu le code génétique qui a fait de nous la race que nous sommes. Nous sommes tous faits des mêmes «ingrédients». Dans les recoins les plus secrets de notre mémoire palpite encore le souvenir de tous les événements cosmiques qui ont participé à la fabrication de la terre qui nous a générés .Nous faisons partie d’un Tout qui nous dépasse, qui nous englobe et qui nous administre continuellement notre nature et notre identité, ainsi que les codes et les virtualités qui assurent notre permanence et notre vie.

L’évangile, avec certains autres écrits de la  littérature religieuse universelle, surtout  hindouiste, est certainement un des rares documents de l’histoire humaine qui a été capable de percevoir et d’enseigner que la réalité de ce tout qui existe est un cosmos (un monde ordonné) et non pas un chaos, un Univers, une unité, un corps, un complexe harmonieux et ordonnée dans lequel les êtres existent dans un Tout aimant et bienveillant à cause d’une intrinsèque et nécessaire dépendance réciproque. C’est l’enseignement de Jésus de Nazareth qui, pour la première fois a révélé aux humains que les énergies et les dynamismes qui structurent notre monde sont des forces et des dynamismes imprégnés d’amour et qui expriment donc et mettent en ouvre les coordonnées de l’amour: attraction, attachement, relation, dépendance, échange, communion unité, harmonie, admiration, solidarité, attention, respect, etc., qui visent à conserver et à faire progresser la création de Dieu. Seulement en se situant dans ces harmoniques, les êtres peuvent résonner et vibrer, exister, se développer jusqu’à atteindre la perfection de leur nature. C’est cette vision des choses que la parole de Jésus veut relever dans l’évangile d'aujourd’hui. Le Maître de Nazareth finalement veut nous dire que c’est seulement en se situant dans l’optique de l’amour que nous vivons en consonance avec le monde, avec nous mêmes et certainement avec la volonté de ce Grand Esprit, la Source Originelle qui a lancé l’Univers dans l’existence.

Jésus ici nous exhorte à entrer de plein pied dans cette dynamique cosmique et à mettre en œuvre les énergies bénéfiques qui vont dans le sens de l’union et non pas de la division; qui vont dans la direction de la concorde et non pas de la discorde; du dialogue et non pas de la dispute; de l’entente et non pas du désaccord; de la communion et non pas de la séparation; de la compréhension et non pas de l’indifférence; du respect, du soin, de la bienveillance et de l’amour et non pas dans la direction de l’animosité, de l’antagonisme, de l’agressivité, de la supériorité, de l’exploitation, de l’intolérance et de la haine. Jésus nous dit que toutes les forces qui s’opposent à la communion, à l’attention, au soin et au respect de l’autre, qu’il soit un être animé ou inanimé, et que donc contrastent l’amour, sont des forces qui, étant étrangères à la structure profonde de l’Univers auquel nous appartenons, se révèlent finalement comme néfastes, maléfiques et destructives pour notre monde, notre planète, notre humanité et notre individualité. Car elles nous empêchent de vivre selon la vérité de notre nature et d’atteindre la pleine mesure de notre humanité.

 On peut comprendre alors le bien fondé de l’insistance de Jésus sur la bonté, la compassion, la tolérance, la réconciliation, le pardon, la fraternité, la paix, comme étant les attitudes fondamentales qui doivent orienter et mouler la vie de l’être humain qui cherche à vivre en enfant de Dieu et en enfant soucieux de sa mère la Terre. Jésus nous assure que là où ces attitudes de communion, d’interaction, de corrélation, d’unité et d’amour sont vécues et agissantes, là est présent l’Esprit de Dieu. Là où deux ou plusieurs personnes se retrouvent en relation d’amitié, en communion de cœurs et d’âmes, dans le partage, l’admiration et l’attention réciproque, là sont opérantes les dynamiques qui rendent présentes sur terre les énergies «divines», qui possèdent le pouvoir merveilleux d’améliorer le monde, de libérer la terre de sa dévastation et de sa dégradation et de sauver l’humanité de sa disparition.

C’est ce message de Jésus que Saint Paul cherche à transmettre aux chrétiens de Rome lorsqu’il leur écrit dans la deuxième lecture de ce dimanche: «La seule dette que nous avons envers les autres, c’est la dette de l’amour. La seule loi qui doit nous diriger, c’est la loi de l’amour. L’amour ne fait rien de mal au prochain» (Rm.13,8-10).

C’est ce même message de Jésus et de Paul que je voudrais moi aussi vous transmettre aujourd’hui, afin que chacun de nous, en sortant de cette Eucharistie qui nous a rassemblé en tant que frères, parte dans la vie avec la conviction que seulement s’il est et s’il devient un être de relation, aimable, aimant et accueillant, il sera à la hauteur de son humanité et à la hauteur de sa foi en Jésus, son maître et son seigneur.


BM