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vendredi 20 juillet 2012

CHANGER OU MOURIR


Laisse les morts enterrer leurs morts (Lc 9,51-62)

Lorsque je lis ce texte de l‘évangile, je suis frappé par la quantité de verbes de mouvement qu’il contient. On a l’impression que dans ce récit tout le monde est en mouvement, invité à bouger, à se mettre en route, à aller de l’avant, à ne pas s’installer, à ne pas s’arrêter à la routine établie, aux habitudes, aux choses qu’on a toujours faites, à ne pas s’accrocher au passé, aux traditions, au « on a toujours fait comme ça » , comme si le passé contenait le paradigme de la perfection; comme si tout le bon était dans le passé et tout le mal dans le présent et dans les temps qui courent.

Que de gens sont des nostalgiques du passé! Que de gens sont prisonniers du passé et cachent leur manque de courage derrière la sécurité que les expériences du passé leur donnent. C’est beaucoup moins dérangeant d'être des «suiveux»! C’est tellement plus simple de prendre le train de tout le monde, que de chercher une nouvelle façon de parcourir sa route. C’est tellement plus rassurant de continuer à faire comme on a toujours fait! L’immobilisme de l’Église, sa lenteur à changer¸ à s’adapter aux nouvelles circonstances de la vie moderne, son hésitation ou son incapacité à trouver des solutions nouvelles aux problèmes, aux besoins, aux défis suscités par la modernité, sont dus, en grande partie, à cet attachement viscéral à ce qui s’est toujours fait et dit dans ce passé que l'on appelle la "tradition".

Au risque de choquer plusieurs bons catholiques, il faut cependant reconnaître que dans les évangiles et dans l’enseignement de Jésus de Nazareth, l’immobilisme, le statu quo, la répétition, l’acceptation passive et a-critique du passé n’ont pas bonne presse. "Il a été dit...mais, moi, je vous dit ..." c'est une phrase qui revient souvent sur les lèvres du Maître.

Jésus veut que ses disciples soient des personnes ouvertes à la nouveauté, tendues vers le futur, qui marchent en regardant en avant plutôt qu’en arrière; des personne libres, c'est-à-dire légères, non pas alourdies par le poids ou emprisonnées et handicapées par les contraintes et les habitudes du passé. Jésus veut ses disciples audacieux, prêts à prendre de nouvelles routes; ouverts à de nouvelles idées; disponibles à relever de nouveaux défis; ouverts aux changements …des personnes qui osent risquer, qui ont le goût de l’aventure, qui sont curieuses d’apprendre et d’expérimenter de nouvelles formes ou de nouveaux modes d’existence…. Qui aiment redécouvrir chaque matin la fraîcheur et le charme de son visage.

Jésus veut autour de lui des personnes qui savent se mettre en question; qui ne cherchent pas à avoir toujours raison, et surtout qui ne pensent pas posséder à elles seules toute la vérité. Jésus veux que ses disciples soient des gens qui cherchent constamment … qui demandent … qui ne sont jamais satisfaits de ce qu’ils sont …Cherchez et vous trouverez….. Demandez en on vous donnera ; frappez et l’on vous ouvrira; cherchez la lumière et vos yeux s’ouvriront … et surtout soyez des personne à l’écoute… des personnes d’écoute….

Le disciple de Jésus écoute parce qu’il sait qu’il ne se suffit pas à son bonheur… Il écoute parce qu’il sait que la vérité lui vient toujours d’ailleurs; qu’il a toujours à apprendre; à se perfectionner; à s’ouvrir… parce que, justement, la vie est dans le mouvement, dans le changement, dans la transformation, dans l’avancement, dans le renouvellement, dans l’acquisition, dans la capacité à faire le ménage; dans le courage de se délester des conditionnements créés en nous par une certaine éducation, une certaine culture, une certaine forme de religion ou de religiosité… qui nous limitent , nous enferment dans des acquis intouchables…

Jésus veut faire de nous des hommes et des femmes en marche, avec des projets, avec une mission, avec un but dans la vie; des gens qui ont le souci constant de progresser, de grandir, d’apprendre, d’approfondir, de voler toujours plus haut…. Gare à ceux qui rasent le sol… qui se traînent par terre; qui sont accroupis sur le bord de la route, qui n’osent pas prendre le chemin qui les mènera un peu plus loin que là où ils végètent et où ils s’enracinent. Jésus ne supporte pas les infirmes et les paralytiques, les aveugles et les aveuglés… les sourds qui ne veulent rien entendre… ceux qui ne sont hantés et conduits que par leur esprit….ils veux les guérir, les libérer.

Dans les Évangiles Jésus est présenté comme l’homme qui marche avec courage sur sa route. Et c’est une route qui le conduira là où il n’aurait jamais voulu aller; mais qu’il acceptera de parcourir jusqu’au bout, à travers vents et marées, à travers luttes et hostilités, à travers un continuel dépouillement et renoncement, mais aussi à travers une continuelle et extraordinaire croissance intérieure qui fera de lui le prototype le plus accompli de l’être humain et donc un modèle et un maître pour tous ceux et celles qui auront la chance de le connaître et de le fréquenter .

C’est pour avoir vu Jésus marchant ainsi sur la route, que quelqu’un a pu lui dire, dans un élan d’enthousiasme d’admiration, qui ne finissent pas de nous surprendre: «Je te suivrai partout où tu iras ! ». Et Jésus de répondre : « Libère-toi; déleste-toi; fais le vide, fais de la place... Regarde moi, je ne possède plus rien, même pas un endroit où reposer la tête... ».

Pour suivre Jésus, il faut être sur la route. Il faut avoir adopté, d’une certaine façon, l’attitude de l’itinérant. Il faut avoir abandonné la maison de nos attaches, de nos sécurités, de nos habitudes. Il faut être capable de partir sans regarder en arrière, sans se sentir lié par le passé. Car le passé n’existe plus, le passé est mort et ce qui est mort doit rester enterré; chercher à lui donner vie c’est de la folie et de la stupidité : «Laissez les morts enterrer leurs morts… toi, va … avance, annonce à tous par ton espérance, ta confiance , ta joie de vivre que le plus beau est en avant, qu’il est encore à venir... car Dieu est parmi nous et qu’il cherche à se manifester et à réaliser parmi nous sa demeure et son royaume ».

Quelle bonne santé et quel visage attrayant aurait notre l'Église, si ses responsables avaient le courage de la fidélité à ces paroles du Seigneur!


MB

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