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mardi 5 mars 2019

L’homme qui sait nous accompagner


(8e dim. ord.C – Lc 6,39-45)

L’originalité de Jésus de Nazareth n’est pas tellement dans les consignes ou les directives d’ordre éthiques qu’il nous a laissées et que l’on peut retrouver chez d’autres maîtres et sages dans presque toutes les cultures et les religions du monde, étant des directive et normes qui font partie de la sagesse humaine universelle. Pensons, par exemple à la Règle d’Or du comportement humain qui est à la base de toute vie sociale et qui se veut ordonnée et pacifique.

L’originalité de Jésus se situe sur le plan de sa perception de Dieu et de la qualité de ses relations avec Lui et avec ses semblables. L’originalité de Jésus a été d’avoir conçu Dieu comme une Énergie Primordiale, une Virtualité créatrice qui n’est pas extérieure, transcendante, en dehors de notre monde, mais intérieure et immanente à notre Univers et surtout immanente et particulièrement active dans la personne humaine.

Mais ce n’est pas tout. L’originalité la plus extraordinaire de Jésus de Nazareth a été de prendre conscience que cette Force Originaire, qui soupire et vibre dans les profondeurs les plus secrètes de la réalité cosmique et de notre humanité, est essentiellement une Énergie « amoureuse » qui cherche à se répandre, à se communiquer, à attirer, à unir et à tout transformer à son image, c’est-à-dire, selon les paramètres de l’amour. Dans histoire de l’évolution humaine, Jésus de Nazareth a été un des premiers esprits à prendre conscience que l’Énergie de fond qui soutient la Création est faite d’amour. Jésus a fait de cette intuition le point central de son message. C’est sur cette conviction qu’il a fondé et déployé les contenus de son existence. C’est cette intuition qui constitue la nouveauté et l’originalité de sa prédication.

Dans l’histoire de la pensée religieuse, l’originalité de la figure de Jésus de Nazareth est donnée par quelques intuitions fondamentales qu’il a eues et qu’il nous a laissées.

1) Il a établi le lieu privilégié de la présence, de l’action et de la manifestation de Dieu à l’intérieur du cœur de l’homme. Son Dieu est le fond de son être. Il disait : « Dieu est en moi et moi je suis en Dieu. Dieu et moi nous ne faisons qu’un. » Cela signifie donc que, d’après Jésus, son être véritable, comme l’être véritable de toute personne, est constitué de cette identification totale avec Dieu. Le Dieu de Jésus n’est pas une Réalité qui existerait quelque part sans lui. Dieu lui est intime. Dieu vit en lui et lui vit en Dieu. Dieu est sa vie et sa vie véritable est en Dieu. Or, ce qui est vrai pour Jésus, est vrai aussi pour toute personne et donc pour chacun de nous.

2) Il a enseigné que certaines propriétés qui sont typiques à cet Amour « divin » (comme la tendresse, la bonté, la gratuité, le don de soi, l'accueil inconditionnel, la miséricorde, le pardon, l'absence d’appropriation, de contrôle, de domination, de violence, etc.) ne peuvent se rendre actives et visibles dans notre monde qu’à travers les différentes facettes et modalités de l’expression amoureuse des humains.

3) Selon le Maître de Nazareth, les humains ont donc la tâche non seulement d’humaniser l’amour de Dieu, mais aussi de diviniser l’amour des hommes, en lui conférant les caractéristiques et les particularités de l’amour de Dieu. D’après le Nazaréen, l’être humain serait dans notre monde autant la présence, que le relais de la façon divine d’aimer. Ce n’est qu’à travers l’homme que l’extraordinaire richesse des harmoniques de l’Amour Originaire peuvent retentir dans le Cosmos pour le ravissement et le bonheur de tous.

4) Jésus de Nazareth a ainsi enseigné que les humains ne peuvent établir ou réaliser une relation véritable avec Dieu qu’à travers une relation « amoureuse » (nous diluons et disons « fraternelle ») avec d’autres humains. De sorte qu’il a fait de la bonne relation de l’homme avec l’homme le paramètre, la mesure et le critère de la bonne relation de l’homme avec Dieu et le signe (le sacrement) de la présence et de la manifestation de Dieu dans notre monde.

Jésus de Nazareth est donc pour nous, les chrétiens, un modèle d’humanité parce qu’il a été capable de bâtir son existence exclusivement sur la réalisation d’une relation d’amour avec Dieu et ses frères humains et de faire passer la réussite de cette relation avant la réussite de sa propre vie personnelle. Son option pour les pauvres et les exclus a été le cœur de son message.

Le Nazaréen a donc passé sa vie dans la mouvance de cette Force d’Amour qu’il appelait « Abba-Père » et qui l’a poussé à se décentrer totalement de lui-même pour se centrer exclusivement sur les autres, dans un mouvement de don total. Jésus était convaincu, que dans sa relation d’amour avec les autres, non seulement il réalisait son être profond, mais que, par le fait même, il se sentait en union profonde avec l’être et l’esprit de Dieu et rendait, pour ainsi dire, Dieu présent, tangible et « incarné » dans notre monde.

Pour Jésus l’amour envers les autres a été plus important que l’intérêt pour sa propre vie. Il a préféré être tué, plutôt que d’aller contre sa véritable identité spirituelle. Il a choisi de mourir plutôt que d’être infidèle à la vérité de son être. Ainsi la mort physique, acceptée pour continuer à aimer jusqu’à la fin, a été pour Jésus le chemin qui l’a conduit à une plénitude d’être et de vie qui, en Dieu, perdure même au-delà de la mort. C’est sans doute pour cela que ses disciples l’ont considéré comme celui qui en Dieu est toujours «Vivant».

Jésus nous a fait comprendre que notre véritable réalisation humaine ne se trouve pas dans la satisfaction de nos pulsions ; dans les exigences et les revendications de notre « ego » ; dans la réalisation de nos désirs de puissance et de gloire, mais seulement dans la conquête de la plénitude de l’amour qui nous identifie avec l’Esprit et la « nature » de Dieu. Il a fait comprendre que lorsque les hommes aiment comme Dieu aime, ils perfectionnent leur véritable être et ils le propulsent au maximum de ses possibilités. La vie et la mort de Jésus sont là pour dire que l’on peut être mort, même si l’on est en vie ; et que l’on peut être en Vie, même si on est mort.

MB

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