EPIPHANIE – OUVERTS À
LA LUMIÈRE
Nous sommes ici en présence d’un
texte d’évangile qui le long des siècles a charmé des générations d’enfants et de chrétiens et qui continue de nous émerveiller pour la
richesse de ses symboles et la qualité du message qu’il cherche à
transmettre. En effet, si nous
savons interpréter comme il faut le
contenu caché de ce récit pittoresque et merveilleux, nous découvrirons
que son auteur est un catéchète hors pair, un théologien d’un génie extraordinaire. À travers les faits et les
images qu’il nous propose, il trace en réalité, pour tout homme en général, et pour le croyant et le disciple du Seigneur
en particulier, les étapes de ce que devrait être son cheminement intérieur
pour arriver à trouver l’enfant divin
qui repose en chacun de nous et devant
lequel nous devrions être capables de déposer, comme un cadeau, le sens de notre vie.
Ce récit des Mages est finalement une parabole sur la fonction et la nécessité de vivre notre vie en nous laissant entraîner, transporter par la foi (représentée ici par l’étoile) et, plus particulièrement, par la
foi en la présence de Dieu dans notre
monde.
Foi qui est d’abord présentée ici
comme lumière, comme illumination, comme infusion d’une sagesse qui nous vient
d’en haut, comme don divin qui parcourt le ciel de notre vie et nous donne la capacité de regarder la réalité avec les yeux de Jésus qui sont finalement le regard de
Dieu.
Foi aussi comme disponibilité à accueillir du nouveau dans notre vie; à abandonner nos assurances, nos certitudes établies; foi comme
attitude à se remette continuellement en question; comme capacité à partir
plus loin, à marcher sur des chemins qui nous déstabilisent parce qu’ils nous
obligent à laisser la tranquillité et le calme de notre chez nous chaud et douillet … car sans cela jamais nous connaîtrons d’autres pays, jamais nous verrons d’autres horizons, jamais nous
ferons de nouvelles rencontres qui
donneront peut-être un souffle nouveau à notre existence et qui seront à l’origine
d’un nouveau commencement et d’une nouvelle naissance. La nuit de notre vie
sera sans étoiles, si nous ne la vivons pas avec le souci continuel de regarder
plus haut et plus loin pour détecter l’apparition de sa lumière.
C’est tout cela que l’évangéliste
veut nous dire en nous présentant ces mystérieux personnages qui arrivent à Jérusalem
de l’Orient. L’Orient, c’est loin; l’Orient c’est un pays lointain;
c’est le berceau du soleil. L’Orient est alors la patrie de tous ceux et
celles qui sont épris de lumière et qui sont
représentés ici par ces personnages
énigmatiques qui voyagent attirés par le mouvement d’une étoile. Ces gens qui
viennent de l’orient, d’un pays
étranger, sont appelés «mages» pour signifier qu’ils ne sont pas des
personnes ordinaires; ils ne sont pas comme tout le monde; ils ne sont pas des juifs, ils n’appartiennent pas au peuple
élu….et pourtant, et voilà le message extraordinaire que le
récit évangélique veut transmettre, et pourtant ces infidèles, ces païens viennent du pays du soleil; ils
sont des apprivoiseurs d’étoiles; des chercheurs de lumière; ils ont vu
l’Astre de Dieu ….et les voilà en
chemin à sa poursuite. Une poursuite qui les amènera loin, dans un endroit étranger, dangereux, hostile, où ils risquent
leur sécurité et même leurs vies…
C’est le risque à courir
lorsqu’on est à la recherche de lumière,
ou de quelque chose ou de quelqu’un
qui peut «sauver» notre vie. Rien n’est
assuré dans cette quête de vérité. L’élan intérieur, l’enthousiasme, la ferveur, l’étoile qui
nous a toujours guidé vers Jérusalem, vers le pays où nous espérions rencontrer le Messie, peuvent disparaître un
jour et nous pouvons nous trouver à
nouveau dans l’obscurité et exposés aux menaces et aux dangers d’un Hérode.
Cependant, si nous persistons dans la recherche du Messie qui doit naître pour
nous et en en nous, de cet enfant innocent et de ce fils de Dieu que nous
sommes finalement tous au plus profond
de nous même, alors, certainement, nous assure ce récit, l’étoile réapparaîtra qui nous conduira à faire la rencontre d’un «Sauveur».
Par contre, les juifs de
Jérusalem, avec Hérode, les scribes et les pharisiens représentent ceux qui ne sentent pas le besoins de se
mettre en marche. Ceux qui se sentent très bien là où ils sont. Ceux
qui pensent posséder la lumière. Ils ont la compétence, le savoir faire, la
science et la connaissance des Écritures. Ils sont capables de les lire et de
les d’interpréter. Eux, ils savent déjà tout ; ils savent déjà où se trouve le messie; ils n’ont pas besoin de le chercher. Et c’est pour cela, nous dit ce texte de l’évangile, qu’ils ne le
trouveront jamais. Puisqu’ils ont eu trop confiance en eux même, en leur
savoir, en leurs certitudes, en leurs croyances religieuses; puisqu’ils n’ont
jamais su regarder plus loin que leur nombril, ils ne verront jamais aucune étoile. Puisqu’ils n’ont jamais été
capables de s’émerveiller et de
s’interroger en regardant le ciel, ils ne
pourront pas reconnaître les signes de la naissance et de la présence tout proche de Dieu dans
leur vie et dans le monde. Et pourtant il était là…. à Bethleem… à
quelques pas de Jérusalem… et ils ne l’ont jamais rencontré!!!
Alors que les mages, les païens
se sont ouverts à la nouvelle Lumière, ont
accepté de se faire éclairer par la foi en l’incarnation de Dieu, eux, les membres du peuple élu, les
héritiers des promesses divines, sont restés figés dans
le refus et l’obscurité.
Cette parabole des mages a été
écrite pour faire l’apologie de l’universalisme chrétien. C’est
la fin de particularisme, de l’élitisme. Désormais il n’y a plus de peuple élu;
tous les peuples de la terres sont élus par Dieu pour entrer dans son royaume;
tous sont appelés à se prosterner devant
lui; tous sont appelé à découvrir l’enfant de Dieu que chaque personne est dans les profondeurs de son être. Toutefois,
la découverte de cet enfant ne peut se
faire que si nous sommes capables de nous
délester de nos carcans et de
vivre une existence caractérisée par une
certaine forme de manque,
d’insatisfaction, de détachement, de simplicité, de pauvreté, de lâcher
prise, afin de récupérer notre liberté
et de nous rendre sensibles (attentifs)
aux appels qui viennent de l’intérieur de notre cœur. Ces appels, lancés
par l’enfant qui est en nous,
répercutent toujours la voix de Dieu et
sont le signe le plus évident et le plus merveilleux de sa présence.
MB, 2012
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