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lundi 7 janvier 2013

Epiphanie - ouverts à la lumière


EPIPHANIE – OUVERTS À LA LUMIÈRE

Nous sommes ici en présence d’un texte d’évangile qui le long des siècles a charmé des générations d’enfants et de chrétiens et qui continue de nous émerveiller pour la richesse de ses symboles et la qualité du message qu’il cherche à transmettre. En effet, si nous savons interpréter comme il faut le contenu caché de ce récit pittoresque et merveilleux, nous découvrirons que son auteur est un catéchète hors pair, un théologien d’un génie  extraordinaire. À travers les faits et les images qu’il nous propose, il trace en réalité, pour tout homme en général, et pour le croyant et le disciple du Seigneur en particulier, les étapes de ce que devrait être son cheminement intérieur pour arriver à trouver l’enfant divin qui repose en chacun de nous et devant lequel nous devrions être capables de déposer, comme un cadeau, le sens de notre vie.  Ce récit des Mages est finalement une parabole sur la fonction et la nécessité de vivre notre vie en nous laissant entraîner, transporter par la foi (représentée ici par l’étoile) et, plus particulièrement, par la foi en la présence de Dieu dans notre monde.

Foi qui est d’abord présentée ici comme lumière, comme illumination, comme infusion d’une sagesse qui nous vient d’en haut, comme don divin qui parcourt le ciel de notre vie et nous donne la capacité de regarder   la réalité avec les yeux de Jésus qui sont finalement  le regard de Dieu.
Foi aussi comme disponibilité à accueillir du nouveau dans notre vie; à abandonner nos assurances, nos certitudes établies; foi comme attitude à se remette continuellement en question; comme capacité à partir plus loin, à marcher sur des chemins qui nous déstabilisent parce qu’ils nous obligent  à laisser  la tranquillité et le calme de notre chez nous chaud et douillet … car sans cela jamais nous connaîtrons d’autres pays, jamais nous verrons d’autres horizons, jamais nous ferons de nouvelles rencontres qui donneront peut-être un souffle nouveau à notre existence et qui seront à l’origine d’un nouveau commencement et d’une nouvelle naissance. La nuit de notre vie sera sans étoiles, si nous ne la vivons pas avec le souci continuel de regarder plus haut et plus loin pour détecter l’apparition de sa  lumière.

C’est tout cela que l’évangéliste veut nous dire en nous présentant ces mystérieux personnages qui arrivent à Jérusalem  de l’Orient. L’Orient, c’est loin; l’Orient c’est un pays lointain; c’est le berceau du soleil. L’Orient est alors la patrie de tous ceux et celles qui sont épris de lumière et qui sont représentés ici par ces personnages énigmatiques qui voyagent attirés par le mouvement d’une étoile. Ces gens qui viennent de l’orient, d’un pays étranger, sont appelés «mages» pour signifier qu’ils ne  sont pas des personnes ordinaires; ils ne sont pas comme tout le monde; ils ne sont  pas des juifs, ils n’appartiennent pas au peuple élu….et pourtant, et voilà le message extraordinaire que le récit  évangélique veut transmettre, et pourtant ces infidèles, ces païens viennent du pays du soleil; ils sont des apprivoiseurs d’étoiles; des chercheurs de lumière; ils ont  vu  l’Astre de Dieu ….et les voilà en chemin à sa poursuite. Une poursuite qui les amènera loin, dans un endroit étranger, dangereux, hostile, où ils risquent leur sécurité et même leurs vies…

C’est le risque à courir lorsqu’on est à la recherche de lumière, ou de quelque chose ou de quelqu’un qui peut «sauver» notre vie. Rien n’est assuré dans cette quête de vérité. L’élan intérieur, l’enthousiasme, la ferveur, l’étoile qui  nous a toujours guidé vers Jérusalem, vers le pays où nous espérions rencontrer le Messie, peuvent disparaître un jour et nous pouvons nous trouver à nouveau dans l’obscurité et exposés aux menaces et aux dangers d’un Hérode. Cependant, si nous persistons dans la recherche du Messie qui doit naître pour nous et en en nous, de cet enfant innocent et de ce fils de Dieu que nous sommes finalement  tous au plus profond de nous même, alors, certainement, nous assure ce récit, l’étoile réapparaîtra qui nous conduira à faire la rencontre d’un «Sauveur».

Par contre, les juifs de Jérusalem, avec Hérode, les scribes et les pharisiens représentent  ceux qui ne sentent pas le besoins de se mettre en marche. Ceux qui  se sentent très bien là où ils sont. Ceux qui pensent posséder la lumière. Ils ont la compétence, le savoir faire, la science et la connaissance des Écritures. Ils sont capables de les lire et de les  d’interpréter. Eux, ils savent  déjà tout ; ils savent  déjà où se trouve  le messie; ils  n’ont pas besoin de le chercher.  Et c’est pour cela, nous  dit ce texte de l’évangile, qu’ils ne le trouveront jamais. Puisqu’ils ont eu trop confiance en eux même, en leur savoir, en leurs certitudes, en leurs croyances religieuses; puisqu’ils n’ont jamais su regarder plus loin que leur nombril, ils ne verront jamais aucune étoile. Puisqu’ils n’ont jamais été capables de s’émerveiller et de s’interroger en regardant le ciel, ils ne pourront  pas  reconnaître les signes de la naissance et de la présence tout proche de Dieu dans  leur vie et dans le monde. Et pourtant il était là…. à Bethleem… à  quelques pas de Jérusalem… et ils ne l’ont jamais  rencontré!!!  Alors que les mages, les païens se sont ouverts à la nouvelle Lumière, ont accepté  de se faire éclairer par la foi en l’incarnation de Dieu, eux, les membres du peuple élu, les héritiers des promesses divines, sont restés figés dans  le refus et l’obscurité. 

Cette parabole des mages a été écrite pour faire l’apologie de l’universalisme chrétien. C’est la fin de particularisme, de l’élitisme. Désormais il n’y a plus de peuple élu; tous les peuples de la terres sont élus par Dieu pour entrer dans son royaume; tous sont appelés à se prosterner devant lui; tous sont appelé à découvrir l’enfant de Dieu que chaque personne est dans les profondeurs de son être. Toutefois, la découverte  de cet enfant ne peut se faire que si nous sommes capables de nous  délester de nos carcans et de vivre une existence caractérisée par  une certaine forme de manque, d’insatisfaction, de détachement, de simplicité, de pauvreté, de lâcher prise,  afin de récupérer notre liberté et de nous rendre sensibles (attentifs)  aux appels qui viennent de l’intérieur de notre cœur. Ces appels, lancés par l’enfant  qui est en nous, répercutent toujours la voix de Dieu et  sont le signe le plus évident et le plus merveilleux de sa présence.

MB, 2012

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