L’ENFANT DE DIEU QUI DOIT NAÎTRE ….
À Noël nous avons
tendance à devenir tous un peu sentimentaux, nostalgiques, rêveurs, poètes.
Nous cherchons à vivre pendant quelques jours dans un monde différent; nous
essayons de créer autour de nous un monde enchanté, magique, féérique, chargé de lumière,
de couleurs, de décors; nous camouflons, l’instant d’un rêve, la grisaille de notre monotonie quotidienne avec des fleurs, des boules, des sapins, des cloches, de la musique,
des chants, des cadeaux; nous créons un monde plus beau où il y a de la joie, de la fête; un monde où les
gestes de la gratuité, de l’amitié, de l’amour, du don, de la tendresse semblent devenus des attitudes normales pour tous et
faire partie du paysage. On dirait que l’on veut expérimenter un monde différent
de celui dans lequel nous vivons habituellement ; on veut réaliser pour un
moment un rêve, une utopie, un désir; donner consistance à un soupir intérieur,
à une aspiration toujours inassouvie et
pourtant toujours présente dans notre
cœur: la création d’un paradis perdu, un monde où tous sont heureux et duquel a
disparu la haine, la rivalité, la méchanceté, la pauvreté, la solitude et la
souffrance. Un monde restauré dans une bonté intégrale, dans lequel les hommes
ont retrouvé leur innocence, leur pureté, leur bonté; dans lequel ils peuvent, pour un moment, entrevoir leur vrai visage
et sentir comme est magnifique leur humanité lorsqu’elle se laisse conduire par
un cœur d’enfant.
On dirait qu’en ce temps de Noël tout le monde
vibre à l’unisson avec les sentiments exprimés par le poète hébreux
appelé d’Isaïe lorsque il y 2600 ans il écrivait: «le peuple qui marchait
dans les ténèbres a vu se lever une
grande lumière, sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre, une lumière a resplendi... et
tout le monde est dans l’allégresse comme
on se réjouit en faisant la moisson, comme on exulte en partageant les richesses des vaincus … car un enfant est
né en nous ….».
Ce qui signifie
que nous portons en nous depuis la nuit des temps cette aspiration vers un monde nouveau; que nous sommes depuis toujours
habités par le désir de nous améliorer, de nous transformer en des êtres de
bonté, de lumière, en dissipant en nous les zones d’ombre, en nous libérant du mal qui nous défigure, en récupérant le meilleur qui est en nous et
qui est toujours là, caché au cœur de notre être et qui ne demande qu’à naître, qu’à se manifester, qu’à se développer pour
instaurer un éternel Noël dans notre monde.
Les textes bibliques que nous lisons en cette
période de Noël nous annoncent que ce monde nouveau, auquel nous aspirons et pour
la construction duquel nous existons et pour l’avènement duquel nous avons reçu
de Dieu notre humanité, est strictement dépendant de la naissance de l’Enfant. Les textes sacrés présentent cet Enfant duquel dépend
le salut de notre monde comme un fils de l’homme qui est en même temps un Fils
de Dieu, venu s’insérer au cœur de notre
humanité.
Ce fils de
Dieu que notre foi chrétienne voit avant tout incarné dans l’enfant de Marie de
Nazareth, est le symbole, l’image, le prototype, la manifestation de ce chaque humain, de ce que chacun de nous
est, en vérité, aux yeux de Dieu, lorsque, nous débarrassant du mal qui nous pervertit, nous réussissons à retrouver
quelque chose de notre perfection originale, de notre vraie nature, c’est-à-dire lorsque nous réussissons à retrouver l’enfant
de Dieu que nous sommes au plus profond de nous-mêmes.
Le mystère de
la fête de Noël constitue en réalité pour nous, les chrétiens, une révélation existentielle inouïe. La magie qu’il crée, l’émerveillement et l’enchantement qu’il suscite, l’amour, la générosité, la
joie et la paix qu’il fait naître dans le cœur des hommes, tout cela sont des
indices, des signes, des avant-goûts qui font pressentir que quelque chose de
meilleur est possible pour notre humanité; ce sont des pistes qui nous indiquent que dans ce
monde sont à l’œuvre des forces bénéfiques extraordinaires dont le but est de
transformer notre réalité humaine malade, désaxée, défaillante, égarée en quelque chose de plus sain, équilibré,
fiable, aimable et de plus plaisant pour tous.
Et
tous les récits qui se sont formés autour de l’Enfant de Bethléem et que nous
trouvons regroupés dans les évangiles décrivent le monde nouveau, rénové, extraordinaire,
miraculeux qui pourrait exister sur notre terre, si tous les humains laissaient naître et transparaître l’enfant de Dieu qu’ils sont fondamentalement en
eux-mêmes et qui constitue la vérité la plus profonde de leur humanité. C’est un
monde merveilleux qui surgirait alors et qui ressemble étonnamment au monde
magique de nos Noëls. C’est un monde où les anges apparaissent, parlent, chantent,
où les étoiles indiquent la route aux humains, ou les bébés descendent du ciel
pour entrer dans le ventre de leurs mamans; où Dieu se transforme en colombe
pour communiquer avec les hommes; où les aveugles sont capables de voir, les paralysés
de marcher, les muets de parler et les sourds d’entendre; où les enfants malades
sont rendus pétillants de santé à leurs mères; où les morts sortent vivants de
leur tombeaux; où l’homme peut commander aux vents et aux tempêtes pour les
apaiser ; où il peut marcher sur les eaux
profondes de la mer sans couler et où le pain peut être distribué en abondance
à ceux qui ont faim, sans jamais s’épuiser.
Ces récits sensationnels
que les évangiles nous proposent n’ont pas tellement pour but de nous émerveiller, mais plutôt de nous
annoncer la possibilité d’une monde meilleur, la naissance d’un nouvel ordre de
choses, d’une nouvelle forme de vie, d’une nouvelle société, d’un total
renouvellement, d’une complète guérison, d’un
salut et d’un bonheur véritables donnés à notre humanité, grâce à la présence
de cet enfant de Dieu déposée au cœur de chacun de nous. Si, comme Jésus a fait
au cours de sa vie, nous laissons que l’enfant ou le fils de Dieu que nous sommes
sorte au grand jours, vienne à la lumière, motive, inspire nos choix, inspire nos
actions et oriente nos aspirations, il sera toujours Noël sur notre terre; il y
aura toujours de l’amour dans l’air et des anges pour nous accompagner, du
pain pour tous en abondance sur la table, et tout le monde marchera droit, la tête haute, conscient de sa dignité, fier d’appartenir à la race de
fils de Dieu, éclairé par son Esprit, heureux de vivre dans un monde sauvé, ennemi
du mal et bâti sur l’amour, l’admiration, le respect,
la simplicité, la justice et la paix.
Serons-nous des bâtisseurs de Noël sur terre? Serons-nous à la hauteur du don que nous
avons reçu? C’est la grâce que nous devrons nous souhaiter les uns les autres
en ce temps de Noël. Joyeux Noël !!!
MB
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