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mardi 15 janvier 2013

Comprendre la réalité grâce à notre Esprit


JÉSUS, L’HOMME QUI A DE L’ESPRIT

Il y a deux choses qui nous frappent lorsque nous venons en contact avec la personne de Jésus de Nazareth: la qualité de son humanité et la profondeur de sa spiritualité. Jésus apparaît comme un homme qui possède une intériorité et une profondeur spirituelle exceptionnelles. C’est sa richesse intérieure qui a frappé et fasciné tous ceux et celles qui l’ont côtoyés et qui ont spontanément vu en lui un modèle, un maître et une source d’inspiration. Les évangélistes ont exprimé cette impression et ce sentiment en disant que Jésus était un homme rempli d’Esprit. Évidemment pour les gens du temps de Jésus, posséder l’esprit était avant tout une caractéristique de la divinité. Dieu était pour eux l’Esprit par excellence. Dieu est celui qui, par l’esprit qu’il donne, anime et fait vivre tout ce qui est vivant. Cela explique pourquoi ceux qui ont connu Jésus, à cause de la  surprenante et magnifique qualité de sa vie intérieure, l’ont tout de suite connecté à Dieu, en proclamant que Dieu se manifestait en lui d’une façon unique et extraordinaire et que l’Esprit de Dieu était en lui.

Mais indépendamment de cette conception religieuse de l’esprit, commune aux juifs de temps de Jésus, il y une chose qui nous impressionne lorsqu’on regarde vivre et agir Jésus: on dirait qu’à cause de l’esprit qu’il possède, le monde, les choses autour de lui deviennent porteuses d’une révélation, d’un message; se transforment en  manifestations, en signes, en paraboles, en  icônes d’une réalité qui est perceptible seulement à ceux et celles qui ont la qualité de son esprit. En regardant Jésus agir, nous nous rendons compte qu’il est possible à l’homme qui a de l’esprit de vivre dans le monde sans s’y enfermer et sans s’y limiter.

Si nous avons de l’esprit, la réalité devient transparente et nous devenons capables de percevoir la dimension cachée des choses, qui nous fait signe et qui nous permet de rentrer dans une compréhension du monde qui va bien au-delà de ce que nous yeux  peuvent voir et  notre intelligence comprendre. L’esprit  nous permet de devenir sensibles à l’âme du visible afin d’y voir l’invisible; de percevoir la magie des choses; d’entendre l’harmonie à travers laquelle la réalité cherche à faire retentir en nous l’insoupçonnable beauté de tout ce qui existe et surtout  les harmoniques (comme le bruit, le rayonnement fossile) qui nous arrivent de la Source de tout Être, de laquelle tout a pris son l’origine et que Jésus appelle «Dieu».

S’il y une chose que l’on apprend lorsqu’on lit les évangiles et qu'on regarde le comportement de Jésus, c’est que l’esprit dans l’homme n’est pas quelque chose qui va de soi, mais un don qui vient d’en haut et qui n’est pas nécessairement attaché à notre nature humaine. On peut être des humains sans être des spirituels. On peut avoir intelligence et raison et être totalement dépourvus d’esprit. L’esprit est une qualité supplémentaire  de notre être qui permet à notre nature de s’humaniser, de lui  donner sensibilité, grandeur et dignité et qui fait de nous des êtres humains accomplis. Car, à la rigueur, on peut être un homme ou une femme sans être vraiment humains. Il y des personnes qui passent à travers leur vie sans jamais s’humaniser; sans jamais sentir ni le besoin, ni l’appel de l’esprit. Pour ces gens le monde est fermé sur son immédiateté; composé seulement de matières premières, de biens de consommation, d’intérêts économiques, de ressources à exploiter, de rendement, d’argent, de besoins matériels et corporels à satisfaire. Pour ces gens une forêt est seulement du  bois à couper; un troupeau de brebis qui broute sur les flancs verts de la montagne, c’est uniquement de la laine et des gigots; des coquelicots en fleurs dans un champ de blé, des mauvaises herbes à éradiquer; notre terre qui flotte  dans l’espace comme une perle bleue, qu’une planète du système solaire… pas de poésie, pas de transparence, pas d’âme, pas de commotion, pas de sentiment d’un mystère plus grand, pas d’échos d’une musique qui peut faire soupçonner une mélodie secrète qui se joue quelque part au-delà des simples apparences. Pour ceux qui n’ont pas d’esprit le monde est opaque, muet, banal, prosaïque, insignifiant …et terriblement  triste.  

 Regardez par contre le monde dans lequel Jésus a vécu! Tout autour de lui parle, révèle, annonce, indique un ailleurs, une Présence, une Beauté, une Force bienveillante et amicale qui est à l’oeuvre partout pour élever, transformer, renouveler, guérir, sauver, créer de l’émerveillement, de la joie, de la liberté, de la confiance, de l’amour, un nouveau mode de vie, une nouvelle forme d’humanité: les fleurs et l’herbe des chants; les oiseaux de l’air; le figuier au printemps; la vigne à l’automne; le laboureur qui laboure la terre en hiver; les ouvriers qui attendent d’être embauchés à l’été;  la femme qui balaie la maison; celle qui pétrit la pâte pour la faire fermenter; la tempête sur le lac; les pécheurs qui jettent les filets; le voisin dérangeant; la femme agaçante qui demande justice; l’administrateur malhonnête qui assure son futur; l’enfant difficile qui quitte la maison paternelle pour gaspiller son argent avec les prostituées … tout, tout aux yeux de Jésus devient signe, parabole, message; tout laisse transparaître une réalité différente; tout s’anime autrement; tout apparaît autrement aux yeux de cet homme rempli de l’esprit… Pour cet homme tout semble advenir pour nous interpeller; tout semble être là pour nous aider à grandir en humanité; tout semble être le résultat d’un Amour caché qui cherche à tout prix à franchir les barrières de notre insensibilité, de notre aveuglement et de notre indifférence pour nous éveiller à une réalité divine qui est perceptible seulement aux yeux de l’esprit.

L’homme de Nazareth nous fascine à cause de son esprit. Et c’est cet esprit qui est à l’origine du mouvement chrétien. Ceux et celles qui sont devenus ses disciples sont ceux et celles qui ont voulu adopter son esprit; qui ont voulu se rapporter à la réalité avec les mêmes dispositions intérieures et la même sensibilité spirituelle  qu’ils ont observé en Jésus; ce sont ceux et celles qui ont décidé de regarder désormais le monde avec les yeux de ce Maître et de se laisser emporter par le courant de cette Source de tout Amour qu’ils ont découvert á l’œuvre au cœur de la réalité. C’est pour cela qu’ils se sentent sauvés.

Nous comprenons alors qu’être chrétien, avoir la foi, n’est pas du tout une question de connaissance de vérités, de savoir, de retenir pour vraies des affirmations dogmatiques, de professer un credo; d’être d’accord avec le Catéchisme de l’Église Catholique de Jean Paul II ; d’adhérer à une  institution, de se soumettre à une autorité ecclésiastique … avoir la foi c’est une attitude intérieure; c’est vibrer en consonance avec l’esprit de l’Homme de Nazareth ; c’est vouloir expérimenter dans la vie les mêmes valeurs qui l’ont fait vivre; c’est ressentir ce qu’il ressentait; c’est vouloir regarder la réalité avec ses mêmes yeux; c’est aimer avec un cœur  semblable au sien; c’est vouloir être le genre d’homme qu’il a été.

Dans la recherche et la consolidation de son pouvoir, l’Institution ecclésiastique a toujours préféré mettre l'essence de  la foi chrétienne  dans la connaissance plutôt que dans l’expérience personnelle d'une vie animée par l'Esprit de Jésus. On comprend aisément cette attitude de l'Institution: elle peut contrôler et déterminer les contenus des ses dogmes et donc des connaissances des fidèles, tandis que l’expérience personnelle de la rencontre avec le Maître Jésus lui échappe inexorablement.


MB



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