Si
nous sommes ici ce matin, rassemblés dans cette église, c’est parce que nous
sommes des chrétiens, membres de la famille de Jésus et brebis de son bercail
et que nous considérons Jésus de Nazareth comme notre berger, notre maître et
notre « Seigneur ». Les quelques versets de l’évangile de Jean que la
liturgie de ce dimanche propose à notre attention décrivent en trois verbes très
importants le mouvement de base de notre démarche de disciples à la suite de
Jésus et résument l’essentiel de notre condition de chrétiens. Nous sommes les
brebis qui « écoutent », « connaissent » et « suivent » leur bon Pasteur. C’est sur ces trois verbes que je
voudrais vous inviter à poser aujourd’hui votre attention et votre réflexion.
« Mes brebis écoutent ma voix… »
Le
texte nous dit que ne réussissent à faire partie de la famille de Jésus que ceux
et celles qui sont capables d’écouter. La capacité d’écoute est une
qualité très rare chez les humains et très peu nombreuses sont les personnes qui
la possèdent, c’est pourtant celle qui nous construit en tant que personnes.
Or,
nous savons qu’écouter est plus qu’entendre. On peut en effet entendre la voix
ou les paroles d’une personne, sans vraiment l’écouter, comme c’est souvent le
cas dans nos relations sociales. La capacité de l’écoute suppose un lâcher
prise de nos certitudes établies, une sortie de nous-mêmes, de nos fermetures
et nos repliements, un abandon de nos suffisances, pour nous ouvrir, pour adopter
l’attitude de l’accueil, de l’attention et de l’intérêt envers les autres et
pour ce que les autres peuvent nous dire, nous communiquer, nous apporter,
nous enseigner ; posture dans laquelle interviennent notre bon sens et notre
intelligence, mais surtout et principalement notre cordialité, notre sensibilité,
notre affectivité, notre empathie et donc notre cœur.
L’écoute
comporte donc avant tout l’attitude de la disponibilité à recevoir du nouveau
et du différent; la prise de conscience que nous ne savons et ne connaissons
pas déjà tout, que nos vérités et nos raisons sont toujours incomplètes,
partielles; que donc nous avons toujours besoin de nous « recycler »,
de nous questionner, de chercher, d’interpeller, d’écouter et d’apprendre des
autres, car nous ne suffisons jamais tous seuls à atteindre une meilleure compréhension
de la réalité et une plus complète réalisation de notre humanité et de notre bonheur.
Celui qui reste blindé dans sa suffisance, dans ses acquis, dans ces certitudes,
dans ses convictions et dans ses préjugés, restera toujours une brebis égarée.
« Mes brebis je les connais et elles me
connaissent … »
Et
évangile nous dit que l’écoute nécessite le soupir du cœur. En effet, nous
n’écoutons vraiment que ce qui nous intéresse ; que ce que nous percevons comme
venant répondre aux besoins, aux désirs, aux aspirations profondes de notre
esprit et de notre cœur.
Nous
écoutons parce que nous sentons et nous découvrons des affinités, des résonances,
des attirances entre notre âme et l’âme de la personne qui nous parle; entre
notre âme et l’âme contenue dans les paroles que nous entendons. C’est pour
cela que nous n'écoutons vraiment que les personnes que nous apprécions, que
nous estimons, qui nous sont sympathiques ; celles avec lesquelles nous nous
sentons en syntonie, en accord et en confiance ; celles finalement que nous
aimons. C’est pour cela que le bon berger de l’évangile dira que ses brebis l’écoutent parce qu’elles le
connaissent, elles connaissent sa voix, comme lui connaît chacune d’elles .
Je
vous fais remarquer que le verbe « connaître
» utilisé dans l’évangile de Jean n‘indique pas une connaissance cérébrale,
intellectuelle, mais il s’agit d’une « connaissance » au sens biblique du
terme. C’est le verbe dont la Bible se sert pour exprimer l’intimité du couple réalisée
par leur étreinte sexuelle. Il s’agit donc ici d’une connaissance sensible,
presque « sensuelle », qui comporte une proximité, une intimité et une
profondeur dans laquelle les personnes se rencontrent dans la fascination et
l’extase d’une relation affective, amoureuse, de communion et d’unité qui les
fusionnent en un seul être et en un seul corps à tout jamais.
C’est
donc la bonne nouvelle de cette qualité et de cette profondeur d’unité, de
communion et de fusion qui s’établit entre les brebis et leur Berger, entre le Maître
et ses disciples, que ce texte de l’évangile de Jean cherche à annoncer aux
chrétiens de son temps et aux chrétiens de tous les temps.
« Mes brebis me suivent… »
Pour
le disciple, le fait de suivre Jésus est alors la conséquence nécessaire du
bouleversement et de l’intensité de l’expérience intérieure déclenchée en lui par
la rencontre amoureuse et la communion avec son Maître Jésus lors de l’écoute
de sa parole.
Une
parole qui a trouvé une résonance parfaite dans l’esprit et le cœur du
disciple, parce qu’elle lui convient en tout et lui convient parfaitement ;
parce qu’elle vibre en accord avec ses besoins, ses désirs, ses aspirations,
ses rêves les plus chers.
Voilà
pourquoi nous sommes devenus disciples d’un tel Maître. Voilà pourquoi chaque
dimanche nous devenons les brebis qui se regroupent dans son bercail (notre église
paroissiale). Nous exprimons par là notre besoin et notre désir d’être toujours
à l’écoute de ce Maître qui a saisi notre cœur et qui continue de nous nourrir
du pain de sa parole et de nous abreuver à l’eau pure et fraîche de son Esprit.
En
sa compagnie et sous sa conduite, nous avons la certitude et la pleine
confiance de pouvoir devenir de meilleures personnes, capables de construire un
monde plus juste, plus heureux et plus humain.
Bruno Mori – Montréal, 8 mai 2019
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