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mercredi 20 octobre 2021

 

Le pouvoir de l’autorité

(29e dim. ord. B  -  Mc 10,35-45)

 

           Jésus a toujours catégoriquement condamné le pouvoir, mais jamais l’autorité que lui-même possédait en un dégrée extraordinaire, au point que ceux qui voyaient l’assurance avec laquelle il parlait et il enseignait se demandaient, avec émerveillement, d’où lui venait une telle autorité.

           Alors que le pouvoir se manifeste comme capacité d’imposer de l’extérieur sa volonté à d’autres individus par le recours à la contrainte, morale, psychologique ou physique, l’autorité se manifeste comme capacité de s’imposer aux autres de l’intérieur, non pas en utilisant la constriction, mais la persuasion et la conviction.

             Ainsi, utilise-t-il le pouvoir le père  qui pour se fait obéir ou  respecter par son fils  utilise la menace, violence verbale,  le châtiment  corporel; le macho abruti qui a recours au viol et  aux coups  pour montrer sa supériorité sur la femme ; le jeune libidineux qui, pour coucher vite avec  sa petite amie, menace de l’abandonner ; le petit truand, dans la cour d’école, qui terrorise et  taxe ses copains plus faibles pour leur soutirer de l’argent ou des objets; les autorités religieuses  lorsqu’ elles cherchent à imposer  l’acceptation de leurs dogmes et leurs doctrines  par inquisition, les tortures, les bûchers,  les excommunications, la menace de la damnation éternelle dans les flammes de l’enfer; les nations  qui cherchent à dominer d’autres pays en déployant la  puissance et  la sophistications de leur arsenal militaire.

             Ce tipe de pouvoir est, certes, la forme la plus facile de dominer et de résoudre cavalièrement les problèmes. Mais elle est aussi la forme la plus primitive et la plus stupide et donc la moins humaine et la moins civilisée qui existe de gouverner. N’importe quel imbécile, avec une mitraillette sous le bras, est capable de se sentir puissant et de croire qu’il a du pouvoir. Voilà pourquoi les hommes qui n’ont que ce pouvoir et qui cherchent à  s’imposer que par force brute  du pouvoir,  finissent inévitablement par devenir des ignobles et funestes figures de criminels qui souillent pour toujours l’histoire de l’humanité.

             Déjà en 1887, le catholique Lord Acton, dans une lettre à son archevêque l’informait que le pouvoir tend à corrompre, et le pouvoir absolu corrompt absolument. Les grands hommes sont presque toujours des hommes méchants[i]. Quatre siècle avant J.C., le grand dramaturge Sophocle affirmait que l’on ne peut connaître la vraie nature et le vrai caractère d’un individu qu’en regardant comment il gère le pouvoir.

             C’est donc avec raison que dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus met en garde ses disciples contre la tentation et les pièges du pouvoir. Cependant, s’il leur défend l’utilisation de ce type de pouvoir, il leur souhaite vivement d’acquérir de l’autorité. Jésus avait compris que le pouvoir, avec ses composantes de violence et de brutalité, est toujours le résultat de l’ignorance, du fanatisme et de l’idiotie de l’homme. Il avait compris aussi que les individus et les institutions qui ont recours ce type de pouvoir tout extérieur de la contrainte ou de la force physiques, sont habituellement ceux et celles qui font reculer l’humanisation de notre monde.  

              Jésus cherche alors à nous faire comprendre que le seul vrai pouvoir qui met les gens à nos pieds, non pas par obligation ou par peur, mais poussés par l’admiration, la joie, la confiance et l’amour, est celui intérieur qui a été acquis par l’autorité, c’est-à-dire, par la qualité de la personne. Ainsi n’importe quel malade est heureux de se soumettre et de confier sa vie à un bon médecin ou à un bon chirurgien. Ces spécialistes de la santé n’ont pas besoin de recourir à la force ou à l’imposition pour avoir du pouvoir sur leurs patients. L’autorité qui leur vient de leurs qualités humaines, de leurs connaissances et de leurs   compétences professionnelles est largement suffisante pour que les patients suivent avec joie, empressement et gratitude leurs directives et leurs ordres.

             Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus a donc raison de nous mettre en garde contre les dangers du pouvoir. Il a compris que le pouvoir qui vient de l’imposition forcée est le néfaste produit d’une insatisfaction, d’un vide et d’un mal intérieur à la personne qui cherche, par ce moyen facile, à se valoriser. Alors que le pouvoir qui vient de l’autorité est toujours constitué par un courant bénéfique et salutaire dans lequel les personnes plongent avec joie et  par lequel elles se laissent volontiers transporter.

           Alors, il ne faut pas s’étonner que Jésus veuille indiquer à ses disciples par quelles attitudes ils trouveront leur efficacité et leur véritable grandeur. « Celui qui veut devenir grand, qu’il se fasse serviteur. Celui que veut être premier sera l’esclave de tous. 

             Mes chers amis, voilà, les paramètres de conduite sur lesquels, en tant que chrétiens, nous devrions construire toutes nos relations humaines. Demandons aujourd’hui au Seigneur de nous y aider. 

 Bruno Mori  -  Octobre 2021

 


[i] "Power tends to corrupt and absolute power corrupts absolutely. Great men are almost always bad men, even when they exercise influence and not authority:…. There is no worse heresy than that the office sanctifies the holder of it…",(Lord Acton, John Emerich Edward Dalberg,  Letter to Archbishop Mandell Creighton, April. 5, 1887)

 

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