Rechercher dans ce blog

lundi 7 juin 2021

ÉLAGUER L’ARBRE DE MA VIE

 

  (5e dim. de pâques B -2021- Jn15, 1-8)

 

J’ai toujours aimé l’image de la vigne et des sarments que l'évangéliste Jean utilise pour faire comprendre aux chrétiens de son temps l'union intime et vitale qui les unit à l'esprit de leur Seigneur.

Jean imagine Jésus qui dit à ses disciples : « Je suis comme une vigne et vous êtes comme des sarments ». C’est une façon imagée (et typiquement orientale) de leur dire : « Eh, les amis, nous sommes désormais unis pour toujours. Nous sommes maintenant une seule personne, nous sommes comme un même arbre : moi le tronc, vous les branches ; moi le cep, vous les sarments ; moi en vous et vous en moi.  Jamais vous ne serez seuls. Mon esprit sera toujours en vous. Tout ce que je suis et ce que je possède, je vous l'ai transmis ; il est à vous, il est en vous ».

            Jésus affirme donc ici quelque chose de vraiment extraordinaire : nous, ses disciples, nous sommes désormais dans le monde comme le prolongement et «l’incarnation» de sa présence. Nous sommes comme les étincelles du même brasier, comme les gouttes de la même source, comme le souffle de sa même respiration.  L'esprit de Jésus, que nous, les chrétiens, considérons comme un reflet et comme une forme de présence particulièrement intense de ce Mystère d’Amour (que nous appelons « Dieu ») qui imbibait Jésus, est maintenant actif en nous avec une force et une abondance uniques. Cet esprit de Jésus en nous comme un vin «aimable»  et  «agréable» au palais; un vin  donc que l’on boit volontiers et que l’on  met  avec orgueil sur la table du banquet  de notre vie,  afin que  nos convives en boivent et fassent, ne serait-ce que pour un court moment,  l’expérience d’un coin de monde où il est possible d’établir  et  de vivre des relations créées uniquement  à partir du bouquet du  vin de notre bonté et de notre amabilité. 

            Dans cet évangile, cependant, Jésus nous dit que les branches doivent être taillées, que de nombreuses ramifications inutiles doivent être éliminées pour que la vigne de notre existence puisse prospérer et produire du raisin goûteux. Il veut ainsi nous faire comprendre que les coupures, les privations, les renonciations, les sacrifices, avec les épreuves et les souffrances qu'ils entraînent, sont nécessaires et indispensables à la qualité de notre existence, à la bonté de notre vin et au bien-être de la société et du monde dans lequel nous vivons.

Cette pandémie aussi semble être là pour nous prouver cette vérité et pour nous obliger à prendre conscience que nous avons beaucoup de choses à élaguer de l'arbre de notre existence. De fait, nous l'avons souvent laissé croître en vrac ; nous n'avons jamais voulu couper quoi que ce soit. Alors, maintenant, chez un grand nombre de nos contemporains il ne produit plus grand chose de bon ; souvent que des fruits ratatinés, vermoulus, aigres et sans goût qui n’attirent plus personne ou du vin imbuvable et bon seulement pour les sauces ou le vinaigrier. 

Cet évangile et ce Covid nous rappellent donc la nécessité de mettre les ciseaux à nos consommations impulsives, à nos besoins souvent imaginaires, à nos exigences exagérées, à nos habitudes d'individus repus et gâtés qui ne veulent manquer de rien et qui exigent tout et tout de suite.

Entre le cep et les sarments de la vigne, la communion est accomplie par la sève qui monte et se répand partout. Cette sève est celle de l'amour. Jésus nous a révélé qu’il y a un Mystère d'amour qui existe et qui imprègne toute la Réalité, qui est présent en chacun de nous, qui doit circuler entre tous les humains, afin de créer unité, fraternité, solidarité et ainsi rendre meilleur et plus humain notre monde.

La vigne de notre vie ne produira du bon vin que si elle sera nourrie par la sève de cet Amour.   

 

BM  - 27 avril 2021

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire