(5e dim. de pâques B -2021- Jn15,
1-8)
J’ai
toujours aimé l’image de la vigne et des sarments que l'évangéliste Jean
utilise pour faire comprendre aux chrétiens de son temps l'union intime et
vitale qui les unit à l'esprit de leur Seigneur.
Jean
imagine Jésus qui dit à ses disciples : « Je suis comme une vigne et vous êtes
comme des sarments ». C’est une façon imagée (et typiquement orientale) de leur
dire : « Eh, les amis, nous sommes désormais unis pour toujours. Nous
sommes maintenant une seule personne, nous sommes comme un même arbre :
moi le tronc, vous les branches ; moi le cep, vous les sarments ; moi en vous
et vous en moi. Jamais vous ne serez
seuls. Mon esprit sera toujours en vous. Tout ce que je suis et ce que je
possède, je vous l'ai transmis ; il est à vous, il est en vous ».
Jésus
affirme donc ici quelque chose de vraiment extraordinaire : nous, ses
disciples, nous sommes désormais dans le monde comme le prolongement et «l’incarnation»
de sa présence. Nous sommes comme les étincelles du même brasier, comme les
gouttes de la même source, comme le souffle de sa même respiration. L'esprit de Jésus, que nous, les chrétiens,
considérons comme un reflet et comme une forme de présence particulièrement
intense de ce Mystère d’Amour (que nous appelons « Dieu ») qui imbibait Jésus,
est maintenant actif en nous avec une force et une abondance uniques. Cet esprit
de Jésus en nous comme un vin «aimable» et «agréable» au palais; un vin donc que l’on boit volontiers et que l’on met avec
orgueil sur la table du banquet de notre
vie, afin que nos convives en boivent et fassent, ne serait-ce
que pour un court moment, l’expérience d’un
coin de monde où il est possible d’établir
et de vivre des relations créées
uniquement à partir du bouquet
du
vin de notre bonté et de notre amabilité.
Dans
cet évangile, cependant, Jésus nous dit que les branches doivent être taillées,
que de nombreuses ramifications inutiles doivent être éliminées pour que la
vigne de notre existence puisse prospérer et produire du raisin goûteux. Il veut
ainsi nous faire comprendre que les coupures, les privations, les
renonciations, les sacrifices, avec les épreuves et les souffrances qu'ils
entraînent, sont nécessaires et indispensables à la qualité de notre existence,
à la bonté de notre vin et au bien-être de la société et du monde dans lequel
nous vivons.
Cette
pandémie aussi semble être là pour nous prouver cette vérité et pour nous
obliger à prendre conscience que nous avons beaucoup de choses à élaguer de
l'arbre de notre existence. De fait, nous l'avons souvent laissé croître en
vrac ; nous n'avons jamais voulu couper quoi que ce soit. Alors, maintenant, chez
un grand nombre de nos contemporains il ne produit plus grand chose de bon ;
souvent que des fruits ratatinés, vermoulus, aigres et sans goût qui n’attirent
plus personne ou du vin imbuvable et bon seulement pour les sauces ou le
vinaigrier.
Cet
évangile et ce Covid nous rappellent donc la nécessité de mettre les ciseaux à nos
consommations impulsives, à nos besoins souvent imaginaires, à nos exigences
exagérées, à nos habitudes d'individus repus et gâtés qui ne veulent manquer de
rien et qui exigent tout et tout de suite.
Entre
le cep et les sarments de la vigne, la communion est accomplie par la sève qui
monte et se répand partout. Cette sève est celle de l'amour. Jésus nous a
révélé qu’il y a un Mystère d'amour qui existe et qui imprègne toute la Réalité,
qui est présent en chacun de nous, qui doit circuler entre tous les humains,
afin de créer unité, fraternité, solidarité et ainsi rendre meilleur et plus
humain notre monde.
La
vigne de notre vie ne produira du bon vin que si elle sera nourrie par la sève de
cet Amour.
BM - 27 avril 2021
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