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jeudi 27 décembre 2018

LA JOIE DE MARIE ET D’ÉLISABETH

(4e dim avent C - Luc 1, 39-45

Dimanche dernier nous nous sommes souvenus que la raison de la joie chrétienne vient du fait que nous croyons que le monde est imprégné de la présence et de l’action de Dieu; nous sommes convaincus, en tant que chrétiens disciples du Maître de Nazareth, que Dieu est avec nous; qu’il fait partie de notre monde; qu’il s'est incarnée dans nos vies; que nous sommes aimés et accueillis sans condition par lui. Comment être angoissé, effrayé ou triste lorsqu’on a la certitude que Dieu est avec nous, présent dans nos vies ?

Nous sommes à la veille de Noël! Beaucoup d’entre nous viennent peut-être de finir les corvées des courses dans les magasins, des dépenses pour les cadeaux, pour le dîner de Noël. En faisant nos emplettes, nous avons peut-être réfléchi sur les raisons de cet emballement festif proposé par notre société. Selon la publicité que nous voyons dans les magasins, dans la rue, dans les journaux et à la télévision, que devons-nous faire pour passer un joyeux Noël ? Nous devons dépenser, acheter, avoir. La société de consommation dans laquelle nous vivons semble nous dire: « Plus vous aurez de cadeaux, plus vous aurez de choses à manger, plus le dîner de Noël sera abondant, plus votre maison sera éclairée et décorée, plus l'arbre de Noël sera imposant et rempli de cadeaux ... plus vous serez satisfaits et heureux. »

Aucune mention au mystère d'un Dieu qui s'approche de l'homme, qui vient, qui est présent. À sa place et partout, la figure idiote de ce père Noël grotesque et insipide, inventée exprès par l’industrie de la consommation pour faire oublier le Noël chrétien. Ce Noël païen, cependant, est loin de produire joie et fête véritables. Il ne réussit jamais à toucher vraiment notre cœur et à nous faire du bien. Au contraire, cette débauche de consommation produit tout le contraire: elle produit désillusion, insatisfaction, fatigue, malaise, indigestions et solitude. C’est un Noël bien souvent plein d’ennui, de tristesse, …, et d’injustices.

En effet, combien sont ceux qui peuvent se permettre d'avoir toute cette abondance que la société de consommation moderne présente comme nécessaire au bonheur de Noël? Si Noël est beau, seulement parce que je le vis dans l’abondance et la profusion ... quel sens a alors Noël pour les pauvres, pour les refugiés, pour les sans-toit, pour les personnes seules, pour les personnes malades dans un lit d'hôpital? Il n'y aura pas de Noël pour eux?

Comme vous pouvez le constater, le Noël proposé par la société de consommation n'est qu'une fête inventée par les riches et pour les riches. C'est un Noël discriminant, un Noël injuste, un Noël qui exclut de la fête et de la joie les plus malchanceux et donc ceux qui ont le plus besoin de joie et de bonheur. Face à un Noël païen, les pauvres ne peuvent que se sentir triste et malheureux.

Voici alors l'évangile d'aujourd'hui ! Un beau récit qui nous permet de découvrir le vrai sens de Noël. La rencontre de Marie avec sa cousine Élisabeth, enceinte de Jean, est un cri de jubilation, d’émerveillement et de reconnaissance. Même l'enfant dans le sein d'Elizabeth s'agite et danse de joie. Élisabeth, une femme âgée qui voit son rêve de maternité inopinément et miraculeusement réalisé, complimente sa petite cousine Marie qui elle aussi a été visitée par Dieu. Mais pourquoi ces femmes sont-elles dans cet état d'euphorie et d’exultation ? Parce qu'elles portent dans leurs entrailles la preuve et la certitude que quelque chose d'extraordinaire est en train de se passer dans leur monde. Parce qu'elles croient que le monde ne sera désormais plus le même. Parce qu'elles croient que Dieu veut se rendre présent; que Dieu est ici. Et les deux femmes chantent, dansent et pleurent de joie dans la cour ensoleillée de la vieille maison d'Elizabeth.

Et qui sont-elles ces deux femmes folles de joie? Ce sont deux paysannes simples, pauvres, inconnues, sans éducation; deux femmes qui ne se démarquent en rien des autres femmes. Ce sont deux femmes normales qui n'ont pas besoin de vivre dans la richesse et le luxe pour être heureuses. Elles ne sont heureuses que parce que, dans leur foi, elles ont la certitude que quelque chose de divin est né en elles et dans le monde. Elles se réjouissent parce qu'elles sentent que Dieu est présent dans leur vie d'une manière unique et définitive. Elles se réjouissent car elles découvert le vrai sens de Noël, du Dieu avec nous!

Oui, cela est une bonne nouvelle ! Marie et Élisabeth nous disent: «Voici: tu peux être heureux même si tu es pauvre et malchanceux; tu peux réaliser ta vie même si tu n’as rien,  même si tu vis dans un pays aride et sans poésie; tu peux  être plus riches qu’un roi si tu crois que Dieu vient remplir ton cœur. »

Si je vous disais : «vous êtes des gens chanceux parce que vous avez une profession qui vous valorise ; un travail qui vous réalise et qui vous donne de l'argent; une maison de rêve, une femme merveilleuse, des enfants polis, intelligents et sensibles; un salon avec un arbre gigantesque plein de lumières et de cadeaux; une bonne ambiance de fête…», que vous dirais-je d'extraordinaire? Quelle bonne nouvelle serait-ce? Quelle bonne nouvelle un Dieu qui donnerait biens et bonheur à ceux qui sont déjà satisfaits et heureux? Non! La «bonne nouvelle» de Noël est l’annonce du contraire !
Noël annonce que le vrai bonheur est surtout accessible aux pauvres, car ils sont plus disponibles, plus libres et plus accueillants. Noël annonce que le bonheur n'est pas dans le biens matériels que l'on peut accumuler, mais dans le cœur ouvert et simple de ceux qui veulent s'emparer de ce que Dieu donne de soi-même, pour que nos vies puissent être transfigurées par les effets de sa présence.

Bruno Mori

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