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dimanche 10 janvier 2021

Tu es mon fils, mon bien-aimé ...

  (Fête du Baptême du Seigneur, Mc. 1, 7-11)

 

« Tu es mon fils bien-aimé, en toi je trouve ma joie. » C’est ainsi que le récit de cette théophanie présente la mission et la véritable identité de Jésus. J’aime beaucoup ce terme de « bien-aimé » par lequel la voix divine annonce à tous qu’en cet homme elle a versé toute la qualité et la force de son amour et que cet amour lui procure bien-être et joie. C’est très touchant et humain ce Dieu qui trouve son bonheur, non pas dans sa toute-puissance et sa majesté, mais dans l’amour tendre qu’il ressent pour ce fils de l’homme qui, pour lui, est également son fils bien-aimé, comme le sont tous les autres fils et filles d’hommes et de femmes qui peuplent la face de la terre.

Nous finissons la période de Noël et nous commençons l'année civile avec cette vérité déroutante : Dieu m'aime et il m'aime bien. Nous avons été formés à penser à un Dieu lointain, dans son ciel, et le voici tout proche en train de verser le meilleur de lui-même en cet homme. Nous avions été habitués à concevoir Dieu comme un être abstrait et mystérieux, et voilà qu’il prend un visage d’homme, cherchant à faire battre un cœur de chair au rythme du cœur de Dieu.

Nous considérions Dieu comme le grand souverain que l’on supplie et à qui on demande miracles, grâces et faveurs, et voici qu’il se manifeste dans la faiblesse et la fragilité d’un enfant et d’un fils d’homme qui demande et qui a besoin.

Nous attendions un messie, un envoyé de Dieu accueilli triomphalement par les savants, les grands et les puissants de ce monde, et voilà, au contraire, qu’il est reçu, reconnu seulement par les faibles, les humbles, les pauvres, les paumés, les exclus, les habitants de la périphérie de la société et de la vie.

Nous attendions un Dieu auquel il fallait prouver et montrer que nous sommes sages, bons et vertueux, et voilà que l’on découvre un Dieu qui nous aime le premier, librement, sans conditions, tels que nous sommes, simplement parce que nous sommes là et sans avoir jamais rien fait pour le mériter.

            Nous avons tous été éduqués à mériter d'être aimés ; à faire des choses qui nous rendent dignes de l'affection des autres. Dès notre plus jeune âge, nous avons été formés à être de bons enfants, de bons élèves, de bons amis, de bons époux, de bons parents, de bons travailleurs, de bons employés ... Le monde récompense les gens qui réussissent, qui sont capables… Alors s’insinue en nous la conviction que Dieu nous aime, certes, mais à certaines conditions. Ainsi nous passons toute notre vie à quémander appréciation, approbation, autorisation, reconnaissance. Je passe ma vie à courir après l'idée que les autres se font de moi ; à vouloir être comme les autres veulent que je sois. Au lieu d'essayer d'être moi-même ; d’être et de devenir ce que moi je veux être et devenir. Je passe mon temps à justifier (vis-à-vis de moi-même et des autres) mon existence et ma raison d’être.

Dans l’évangile de ce dimanche, au contraire, Dieu me dit que je suis son bien aimé, que son amour pour moi est entier, total, inconditionnel. C’est un amour qui est là depuis toujours et qui durera toujours. Car c’est un amour qui ne dépend pas de ce que je suis, de ce que je fais, ou de ce que je deviens. Mais de ce que Dieu est. Et Dieu n’est qu’amour, et il ne peut qu’aimer, car Dieu est l’amour. Dieu ne m'aime pas parce que je suis sage, bon et vertueux, mais en m'aimant, il me rend bon et vertueux.

 Il est difficile de « bien aimer », l'amour est grandiose et ambigu, il peut construire et détruire, il ne s'agit pas d'adorer quelqu'un, mais de l'aimer "bien", en le rendant autonome, adulte, vrai, attentif, délicat et responsable

En devenant des chrétiens par notre Baptême, nous aussi nous avons totalement ouvert notre vie et notre cœur au flot de cet amour nouveau de Dieu, qui à travers Jésus, coule aussi en nous. Nous passons notre vie à réussir, à rêver, à vouloir être quelqu'un, à devenir important, grand, célèbre, ... mais nous ne pourrons jamais être plus que des enfants bien-aimés de Dieu. Cela devrait nous suffire, car c’est l’essentiel d’une vie. Et cela nous le sommes déjà ! Cette fête, aujourd'hui, est la fête de ce qui est caché en nous et qu'il faut redécouvrir.

Je conclurai moi aussi avec l’exhortation que St Hilaire, évêque de Poitiers, avait l’habitude d’adresser à ses fidèles à la fin de ses homélies : « Mes chers chrétiens, devenez ce que vous êtes !»

 

BM

Montréal 7 janvier 2021

 

 

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