(3e dim. Avent B, Jean 1, 6-8, 19-28)
Le
texte de l’évangile de ce dimanche, en présentant la personne de Jean Baptiste,
veut aujourd’hui nous rappeler que, nous aussi, comme le Précurseur, nous ne
sommes pas la lumière, mais les témoins de la lumière. Nous sommes les lampes
qui permettent à la lumière d’être, de se diffuser et d’éclairer.
Nous
ne sommes pas la parole, mais la voix qui donne consistance et forme à la
Parole. Nous sommes le souffle, la vibration sonore qui génère la musique de la
Parole porteuse de sens, de signification et des innombrables modulations et
harmonique de l’Esprit. Une Parole dont le but est de nourrir notre âme et de guider
et d’orienter nos pas vers des chemins d’une possible et nécessaire
transformation et innovation dans notre existence.
Pour
nous, les chrétiens, c’est Jésus la lumière. C’est Jésus la parole. Mais nous
sommes ceux et celles par qui cette lumière se répand ; ceux et celles par qui
cette parole retentit et résonne à nouveau dans notre monde.
Redoutable
responsabilité que la nôtre, en tant que disciples de ce Maître et en tant que
dépositaires privilégiés de son précieux héritage de renouveau universel, de
sagesse et d’humanité ! Nous avons, en effet, le pouvoir de refroidir le feu, d’éteindre
la lumière et de suffoquer la parole de ce prophète, de ce « fils de l’homme » à
qui les évangiles ont attribué la «
prédilection » de Dieu.
Nous
avons le terrible pouvoir de rendre stériles pour nous et nos frères humains,
la qualité exemplaire de sa vie donnée et de sa mort volontairement acceptée ;
ainsi que de rendre inopérant le pouvoir libérateur, transformateur et sauveur
de son message et de son esprit.
Nous
avons le tragique pouvoir de rendre vaine, pour un grand nombre d’humains, l’apparition
dans notre histoire d’un tel chef-d’œuvre de spiritualité, d’intimité divine et
d’humanité. Nous avons le tragique pouvoir de rendre insignifiant un tel
miracle d’amour inconditionné, de compassion, d’abnégation, de don de soi et de
totale liberté.
Nous
avons le triste pouvoir de cacher aux yeux d’une humanité, qui aujourd’hui en a
extrêmement besoin, la découverte, faite par Jésus, de la présence en cet
Univers d’un Mystère d’attractions, de bienveillance, de bonté et d’amour qui
est et qui agit en toutes choses, mais qui est et agit surtout au cœur de
l’homme. Ce Mystère d’amour, présent et à l’œuvre partout, et entrevu et
ressenti d’une façon unique et particulièrement intense par Jésus, a pris dans
son esprit et dans son imaginaire le visage d’un Dieu qui nous est père, mère
et tendre compagnon de route.
Témoins d’une
nouvelle lumière qui est venue s’allumer sur notre pauvre monde qui aujourd’hui
encore, et peut-être plus que jamais, marche dans l’obscurité et l’incertitude
d’un futur incertain et menaçant … Voix
qui doit prononcer clairement et fortement la bonne Parole et annoncer la bonne
nouvelle d’un salut encore et toujours possible aux hommes de bonne volonté …
Voilà ce que l’évangile de ce dimanche nous appelle à être en tant que
disciples qui ont choisi de marcher sur la « Voie » ouverte par Jésus.
Une
grande responsabilité nous incombe donc à nous, ses disciples, : celle d’être
de véritables témoins de l’évangile ; celle, de vivre à fond et d’incarner dans
le quotidien de notre existence les valeurs que ce « divin » Maître nous a
laissé ; celle de faire en sorte que notre vie renouvelée et transformée par sa
Parole resplendisse, comme souhaitait Jésus, comme une lampe qui brille aux
yeux des hommes et qui éclaire tous ceux et celles qui, avec nous, habitent
dans la même maison. (Mt. 5,14-16)
Que
nous le croyons ou pas ; que nous le réalisions ou pas, une chose est
certaine : le salut de notre monde, de notre race et de chacun de nous,
sera seulement dans l’amour gratuit, le soin des autres, la bonté fraternelle, la
justice, la solidarité et la responsabilité réciproques, par lesquels nous
serons capables de requalifier et de rebâtir les relations avec nos frères
humains et avec la nature autour de nous, C’était au moins la conviction
profonde de Jésus de Nazareth !
BM – Montréal 9 déc.
2020
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