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lundi 7 décembre 2020

Ce virus qui nous prépare à Noël

        (2e dimanche de l’Avent, B – Marc 1,1-8)

 

            La voix sévère et admonitrice de Jean le Baptiste que le temps liturgique de l’Avent nous fait entendre avant Noël, acquiert cette année pour nous une résonance et une pertinence uniques. En ce temps de pandémie nous comprenons que cette voix qui nous interpelle et nous invite à « redresser nos chemins », ne doit plus et ne peut plus crier dans le désert. Cette fois nous réalisons mieux que jamais, que le prophète a raison de nous crier aujourd’hui la nécessité d’un changement total de conduite et d’une inversion complète de direction, étant donné que la route sur laquelle nous marchons actuellement est en train de nous conduire à notre perte.

Pour la première fois, notre génération est confrontée à la contradiction de vivre et de célébrer la fête de Noël, mémoire de la présence d’un Mystère divin d’amour gratuit, de tendresse, de renouveau universel, de joie, de paix et de vie nouvelle, au cœur d’une réalité humaine complètement bouleversée par l’incertitude, l’anxiété, la peur et la menace constante d’une mort possible.

Le cœur est difficilement à la fête lorsque notre futur est gris, notre espérance exsangue et notre existence fragilisée.

            Autrefois le Baptiste empruntait à la Bible (Isaïe), considérée être une révélation de Dieu, les paroles pour pousser les hommes à la conversion. Aujourd’hui, c’est le cri de la Nature, considérée la première et originale révélation du Mystère Ultime de Dieu, qui, par l’entremise du Covid-19, s’adresse à l’humanité pour lui faire prendre conscience, d’une manière brutale, mais très convaincante, de la nécessite de changer de conduite, si elle veut échapper à sa disparition.

            La Nature semble avoir également confié à ce virus premièrement la tâche de crier et de faire comprendre aux humains qu’il est désormais insensé de penser que l’on puisse encore tracer des lignes des séparations entre les peuples, ériger des murs, poser des barbelés et renforcer les frontières entre les Pays. Deuxièmement la tâche de leur faire réaliser que tous naviguent sur le même bateau et qu’ils habitent dans la même « maison commune »[1] ; et que chacun est une partie intégrante d’un immense réseau d’inter-relations, inter-connections et inter-dépendances continuelles et essentielles. Et que donc seulement l’union, la collaboration, la coresponsabilité et la solidarité, le soin réciproque attentif et fraternel et les efforts rassemblés de tous seront capables de les sauver.

            À Noël, ce virus semble activer d’une façon plus forte en nous la conscience de notre commune origine et de notre commune appartenance à cette planète et donc de notre fondamentale unité et fraternité. Conscience enfouie dans les cavernes de notre inconscient collectif par les dérapages et les aberrations de notre civilisation capitaliste, individualiste et egocentrique, mais qui à Noël, par une sorte de magie, semble faire à nouveau surface sous la forme d’un désir, d’un soupir et d’un élan spontané de bonté, d’altruisme et de générosité envers tous nos frères humains, mais spécialement envers ceux qui sont plus petits, plus vulnérables et plus démunis.

            C’est cette conscience que la fête de Noël fait soudainement apparaître en chacun de nous, à travers ce besoin presque viscéral de nous sentir entourés et enveloppés par la proximité et l’amour des personnes que nous sont chères.

            En ce Noël 2020, le Covid-19 devient, pour ainsi dire, une sorte de nouveau Jean Baptiste envoyé par la Nature pour nous annoncer que nous vivons non pas tant une époque de changements, mais plutôt un changement d’époque qui comporte un changement radical et absolument nécessaire de l’homme moderne : changer son esprit, ses attitudes, ses valeurs, ses priorités, son style de vie. Et c’est la raison pour laquelle il a plus que jamais besoin, comme le prêchait le Baptiste, de recevoir un baptême de conversion capable de faire surgir en lui un autre genre d’« Esprit », plus « saint » et plus  humain.

            Seulement en croyant en la bonté fondamentale de l’être humain, capable de se laisser conduire par la présence d’un tel Esprit de paix, de sagesse et d’amour, que la fête de Noël annonce comme étant disponible aux hommes de bonne volonté, nous pouvons garder vivante notre confiance en la possibilité d’un futur et d’un monde meilleur.

 

BM 6 décembre 2020



[1] Comme disait le pape François dans son encyclique Laudato si’ )

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