Rechercher dans ce blog

vendredi 14 octobre 2016

CES ATHÉES IMBIBÉS DE FOI …



(Luc 17,5-10)


            Nous vivons dans un monde sécularisé, laïc, technologique, scientifique, athée. L’hypothèse « Dieu » n’est plus nécessaire pour expliquer l’existence de la réalité, car les sciences ont trouvé presque toutes les réponses à nos questionnements sur les phénomènes qui nous entourent. Autrefois la religion était nécessaire à l’explication de la réalité … plus maintenant! Dieu était le « Deus ex machina » auquel on avait recours et que l’on faisait intervenir pour expliquer les innombrables « mystères » qui nous entouraient. La religion (avec ses théories et ses doctrines) et donc la foi en Dieu permettait à l’intelligence humaine de trouver une certaine satisfaction, un certain apaisement, parce qu’en elle l’homme trouvait une explication aux phénomènes naturels et une réponse autant à sa quête existentielle qu’à sa quête intellectuelle.

            Dans notre monde moderne, par contre, la foi en Dieu n’est plus nécessaire pour expliquer la réalité. Si autrefois il était difficile de vivre sans une foi, aujourd’hui il est difficile de vivre avec une foi qui apparemment ne sert plus à grand-chose. D’où la crise de la foi qu’expérimente notre société occidentale. La foi est devenue superflue. La foi semble le vestige d’un monde passé. Ceux et celles qui ont encore la foi sont regardés comme des individus « bizarres », dépassés, du Moyen-âge, d’un autre monde, qui ne sont plus « dans le coup ». Les contenus de la foi religieuse en général et de la foi chrétienne en particulier, sont considérés comme dérisoires et insignifiants. Les athées éclairés de nos temps modernes les assimilent volontiers, avec une ironie moqueuse,  à des contes, à des mythes, à des révélations venant d’un au-delà inexistant, à des histoires farfelues et rocambolesque inventées à une époque où l’humanité vivait à l’enfance de son évolution, dans une totale obscurité intellectuelle, sous l’emprise de l’ignorance, de la peur et de la superstition.

            Nos incroyants modernes, eux, sont, les fils des Lumières; ils appartiennent à la génération du Big-Bang, de l‘Internet, de l’informatique, des satellites artificiels, de la Station spatiale, des voyages interplanétaires, des quarks, du boson de Higgs, de la particule de Dieu, de l’équation magique qui fournira sous peu, en une seule formule mathématique, l’explication du tout… Eux, sont les gens qui savent où ils s’en vont et ils pensent n’avoir plus besoin de la béquille de la foi…

            Mais en est-il vraiment ainsi? Pouvons-nous vraiment vivre sans une foi? Croire en quelque chose qui nous vient d’ailleurs, à une réalité qui nous dépasse, est-ce vraiment signe d’obscurantisme et de stupidité? Mettre notre confiance et notre bonheur en un Être que nous croyons plus grand que nous et dans lequel nous pensons trouver l’accomplissement de nos aspirations et de nos désirs les plus profonds, est-ce vraiment signe de naïveté ? Ceux qui se proclament athées, ceux qui disent ne pas avoir besoin de croire en Dieu, sont-ils vraiment sans foi? Pas vraiment! Parce que nous, les humains, nous sommes ainsi faits que nous ne pouvons vivre sans une foi, sans croire en quelque chose. Si nous ne croyons pas au Dieu d’une religion, nous nous fabriquons nos propres dieux, nos propres rites et nos propres religions.


            Nous croyons en la capacité de l‘argent de nous rendre heureux. C’est une foi! Nous avons foi en l’honnêteté fondamentale de nos institutions démocratiques et de notre système de gouvernement. Nous avons foi et nous faisons confiance aux compétences de nos médecins et de notre système de santé…Nous avons foi en les personnes que nous aimons, nous faisons confiance aux gens qui nous entourent, car sans cette foi et cette confiance, la vie nous serait impossible.

            Et ceux qui ont écarté comme révolue et anachronique la foi au Dieu de la religion et de la révélation, sont-ils vraiment capable de vivre sans un dieu dans le concret de leur existence? Ils disent ne pas croire en Dieu, mais par contre ils se fabriquent leurs propres idoles, ils se décorent d’amulettes auxquelles ils rendre un culte fervent, passionné et fidèle. Ils ne peuvent pas vivre sans leur télévision, sans leur I Phone, leur Blackberry, leur ordinateur, leur console de jeux vidéo, leur bière; ils rendent un culte inconditionnel à leur ligue de football, de soccer, de hockey; ils deviennent hystériques dans un match de hockeys; au cours d’un spectacle d’un chanteur pop; ils sont obsédés par le culte du corps, de la minceur, de la beauté, de la séduction…. Ils sont superstitieux; ils croient à l’influence des astres, à la bonne ou à la mauvaise étoile, au destin; ils consultent leur horoscope; ils vont voir les cartomanciennes et les voyantes; ils tirent aux Tarots; ils sont fascinés par les médiums qui communiquent avec les morts; ils croient dur comme fer au pouvoir bénéfique et salutaire des pierres ou des parfums; il croient au pouvoir libérateur et pacifiant de la méditation transcendantale, dans le yoga et le bouddhisme; ils trouvent stupide de prier Dieu, mais ils s’adonnent à la récitation de mantras pour obtenir l’éveil de l’âme consciente; ils se fient au future dévoilé par les lignes de la main…

            Ils considèrent ridicules les rites et les gestes des religions, mais par contre, dans leur vie ordinaire, ces soi-disant incroyants éclairés s’entourent de toutes sortes de manies et de comportements. Tout cela ne constitue-t-il pas une forme de religion, avec son culte, ses rites et ses dieux?

            La demande que, dans l’évangile d’aujourd’hui, les disciples adressent à Jésus est donc, pour nous d’une pertinence et d’une actualité extraordinaire. «Aide nous à augmenter notre foi! » signifie : «Aide-nous à ne pas nous limiter et à ne pas nous renfermer dans les croyances et les idoles que nous nous formons et nous construisons continuellement dans nos vies….. Aide-nous à dépasser cela! Amplifie, rehausse la tendance que nous avons à croire à n’importe qui et en n’importe quoi, afin que nous devenions capables de donner de la valeur et de faire confiance, nous aussi, aux forces de salut dans lesquelles tu crois et auxquelles, nous aussi, tes disciples, nous voulons abandonner notre vie.

            La foi chrétienne sera et restera toujours en acte de confiance et d’abandon, outre le résultat d’une grâce et d’une rencontre personnelle avec Jésus de Nazareth. Elle est toujours la conséquence d’une amitié, d’un émerveillement, d’un attachement, d’un Amour que nous avons délibérément et volontairement choisi comme notre modèle, notre guide, notre maître, et, pourquoi pas, comme notre seigneur et dans les mains duquel nous avons abandonné, en toute confiance, l’orientation et la réussite finale de notre existence.


MB

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire