Rechercher dans ce blog

mercredi 26 novembre 2014

DANS LE FRÈRE NOUS TROUVONS LA PRÉSENCE DE DIEU



Mt.25,31-46

Dans ce récit de la venue du Seigneur à la fin des temps que l’on trouve au chapitre vingt cinq de l’évangile de Matthieu, il est question d’un tri entre les bons et les moins bons. Cette parabole cherche à nous rendre conscients du fait que l’amour pour Dieu, qui nous est prêché de toutes parts, n’est pas quelque chose d’évident pour l’homme. Cet amour est là où nous ne le cherchons pas ; et il n’est pas là où nous voudrions le trouver. Cet amour pour Dieu peut même être, très souvent, un leurre ou un alibi qui nous dispense d’aimer les seuls êtres que nous soyons vraiment capables d’aimer : nos frères humains. Tout amour envers Dieu qui ne se concrétise pas comme amour humain envers nos frères, est un mythe qui risque de nous égarer sur les chemins de l’utopie et de l’illusion.

Les religions nous disent d’aimer Dieu. Le pouvons-nous vraiment d’une façon humaine? Un sentiment amoureux envers Dieu est-il possible chez des humains dont les mécanismes de l’amour sont déclenchés seulement par l’intermédiaire de leurs sens? Comment aimer Dieu d’un amour humain, car humains nous sommes, si l’objet de cet amour est une Entité ineffable, une Énergie inimaginable, insaisissable, invisible, inconnue, muette, absente, dont l’existence même est discutable?

Jésus de Nazareth nous dit cependant qu’il est possible d’aimer Dieu, mais essentiellement à travers l’amour que nous portons à notre prochain. Il y a des gens qui sont si préoccupés de plaire à Dieu; de savoir si leur vie, leurs comportements sont conformes ou pas à sa volonté et à ses commandements, tellement soucieux de bien faire leurs devoirs et d’être des enfants disciplinés et sages, qu’ils ne voient plus les personnes autour d’eux. L’importance ou la place qu’ils accordent à Dieu et à la religion, les détourne de leurs frères et les rend insensibles et aveugles à leurs besoins.

C’est assez facile d’avoir le désir de plaire à Dieu. Ce qui est difficile c’est d’avoir le désir et la préoccupation de plaire à notre prochain. La chose la plus difficile, en réalité, ce n’est pas d’aimer le bon Dieu du ciel, mais d’aimer l’homme concret, rustre et souvent crapuleux de la terre.

Ce récit évangélique cherche à nous faire comprendre que nous devons aimer les autres non pas pour Dieu, mais pour eux-mêmes. Je dois t’aimer, toi que je rencontre, toi qui es sur mon chemin; parce que ta présence en ce monde est importante; parce que tu as besoin de moi; parce que ton sort m’intéresse; parce que ta souffrance me bouleverse; parce que je veux contribuer à ton bonheur. Jésus nous dit que la seule façon humaine d’aimer Dieu consiste à aimer notre prochain en qui Dieu vit et se manifeste. «Comment peux-tu dire d’aimer Dieu que tu ne vois pas, si tu n’es pas capable d’aimer le frère que tu vois ?».

Dans ce texte du jugement dernier, la différence entre ceux qui sont rangés à droite et ceux qui sont rangés à gauche est constituée par l’empathie que les uns ont eue et que les autres n’ont pas eue. L’empathie est la capacité de sentir avec, de pâtir ensemble, d’avoir de la compassion, d’entrer à l’intérieur de l’autre et de ressentir ce que l’autre vit dans son cœur. La différence entre ces deux groupes de personnes consiste dans le fait que les uns se laissent affecter, interpeller, toucher par ceux qui les entourent, tandis que les autres élèvent des barrières, se protègent, assument une attitude de défense, de méfiance, et donc d’indifférence et de rejet. Ceux de droite entrent dans la vie de l’autre et y participent, ceux de gauches restent à l’extérieur et imperméables à ce que les autres vivent et donc indifférents et insensibles.

Sentir de l’empathie (compassion) est alors se laisser impliquer, se laisser entraîner dans le destin de l’autre et par le destin de l’autre. Et on ne peut pas pénétrer dans la vie de l’autre sans en être affecté, transformé. L’empathie et la compassion nous changent. Car si nous nous faisons toucher par les autres, si les autres pénètrent dans notre cœur, nous devenons forcement des nouvelles personnes, remodelées à l’image des autres, enrichies de toutes les richesses que les autres apportent. Nous acquérons un supplément de cœur, d’âme et d’esprit. Une vie ainsi ouverte aux autres nous met en communion avec le monde entier. Plus rien ne nous est étranger. Nous devenons familiers et amis de tout ce qui existe autour de nous, car notre cœur pulse au rythme du cœur de Dieu. Nous nous «divinisons», car nous avons en nous les mêmes sentiments qui sont en Dieu. En conséquence de cela, nous pouvons nous sentir en communion avec tout ce qui existe dans l’Univers ; unis aux arbres, aux fleurs, aux oiseaux, aux rivières et à la mer, aux enfants et aux personnes âgées, à ceux qui sont dans la douleur et à ceux qui sont dans la joie; à l'arc en ciel et aux galaxies. La vie devient une émotion très intense et d’une merveilleuse richesse intérieure. Nous nous construisons comme personnes qui possèdent une qualité supérieure d’humanité. Dans l’amour nous nous humanisons; sans l’amour nous nous déshumanisons… et nous manquons le but de notre présence en ce monde.

Mère Teresa était un jour en train de soigner un moribond couvert de plaies purulentes sur un trottoir de Calcutta. Un journaliste qui la voyait faire lui demanda: «Pourquoi faites-vous cela ?» Il s'attendait à ce que Mère Teresa lui réponde «Pour Dieu», mais elle lui répondit: «Parce que j’ai de la compassion pour cette personne».  «Par amour pour Dieu?», reprit l’autre. "Non, par amour pour cet homme et parce que sa souffrance touche mon cœur ». Et le journaliste d'ajouter « Moi je ne le ferais même pas si l’on m’offrait un million de dollars» - « Moi non plus» répondit» mère Teresa. «Même si Dieu lui-même me demandait de le faire», reprit le journaliste, «moi non plus» rétorqua Teresa. Et si Dieu n'existait pas?", demanda-t-il une autre fois à Mère Teresa. «Je n'aime pas pour Dieu. J’ai toujours agi par amour pour ceux et celles que j’ai rencontrés dans ma vie"».
Je ne sais pas si celui que dit aimer Dieu l’aime vraiment, mais cet évangile veut certainement nous enseigner que l’amour que nous ressentons pour notre semblable est la seule façon humaine que nous avons, que nous le sachions ou pas, d’aimer Dieu.

MB


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire