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lundi 6 août 2012

NOUS SOMMES TOUS CLOUÉS À UNE CROIX

MÉDITATION SUR LA CROIX  DU VENDREDI SAINT

La croix du vendredi saint c’est la concrétisation de la haine, de la violence et de la méchanceté humaine. La croix est tout ce qui limite la vie, qui fait souffrir, qui rend difficile l’existence à cause de la mauvaise volonté des hommes. Jésus  n’a jamais cherché la croix; il a, par contre, continuellement cherché à réaliser et à vivre les attitudes, les dispositions intérieures, les sentiments afin qu’il n’y ait ni des croix ni des souffrances pour soi et pour les autres. Il a proclamé et vécu l’amour et les conditions pour qu’il puisse y avoir toujours plus d’amour en ce monde. Ceux et celles qui aiment et qui vivent  pour les autres dans une attitude de disponibilité et de service, ne seront  jamais des croix pour leur prochain à cause de leur égoïsme et de la piètre qualité de leur vie.

Pour Jésus la croix fut la conséquence d’un comportement libérateur et innovateur qui s’est dépensé pour lutter contre toute formes d’inégalités, d’injustice; qui s’est compromis pour défendre la dignité et la valeur des personnes; qui s’est attiré la hargne et l’hostilité des autorités à cause de son courage et de sa détermination à critiquer,  à fustiger l’hypocrisie, la vanité, la cupidité des individus et des institutions autant civiles que religieuses qui, sous le couvert  de Dieu et de la religion,  opprimaient  et exploitaient  les plus faibles et les plus démunis de la société. Il a continué à  aimer malgré la haine. Il a accepté la Croix parce qu’il a voulu rester fidèle à la mission qu’il pensait avoir reçue de Dieu; pour être cohérent avec lui-même, ses convictions, et le message qu’il avait annoncé.  Il est donc vrai de dire que Jésus a été crucifié pour Dieu et pour les  hommes.

Tous ceux et celles qui, à la suite de Jésus de Nazareth et sur son exemple, voudront s’engager sur le même chemin de libération et de contestation des structures injustes et aliénantes  pour que soit possible un monde avec un peu plus d’amour, de partage, de paix et de fraternité, feront  eux aussi, inévitablement, l’expérience de la croix .

Lorsque nous luttons contre la rigidité des institutions, la fossilisation des traditions, l’intransigeance des dogmes et des lois, l’attachement  au statu quo et le refus  de toute ouverture et de  tout changement,  nous rencontrons nécessairement la croix

Porter la croix comme Jésus l’a portée signifie se faire solidaires avec tous ceux qui sont en croix  dans le monde entier: c’est-à-dire,  avec ceux et celles qui souffrent à cause de la violence, qui sont pauvres, qui vivent dans des conditions inhumaines; qui sont bafoués dans leur dignité et leurs droits… les défendre, porter  leur cause, lutter pour leur libération, nous oblige à porter la croix  La croix de Jésus et sa mort ont été la conséquence de sa passion pour les petits, les démunis et les abandonnés de ce monde .

La croix constitue le lot obligatoire de tous ceux et celles qui cherchent à être des authentiques disciples du prophète de Nazareth. Suivre Jésus et porter la croix c’est la même chose. Les deux attitudes sont inséparables, au point  que celui qui refuse de la porter, c'est-à-dire, de se compromettre en faveur des  plus démunis de ses frères  ne peut  pas être considéré son disciple.

Jésus a été éliminé comme un criminel dérangeant parcequ’il a été rebelle, révolté, critique, contestataire; parce qu’il ne s’est pas conformé; parce qu’il n’a pas accepté les injustices, les inégalités, la logique du pouvoir, l’exploitation et l’oppression des plus faibles de la part des plus forts; parce qu’il a proposé une nouvelle vision du monde; une nouvelle façon d’être; un nouveau  style de vie; une nouvelle conception de Dieu et de l’homme. Il a été supprimé parce qu’il a prêché des rapports basés non pas sur la stratégie de la confrontation et la politique du pouvoir, mais sur la disponibilité au service et au don de soi; sur  l’attitude de l’amour, de l’accueil, de l’écoute, de la compréhension, du pardon; sur la recherche de la fraternité, de la tolérance, du respect, étant donné que nous sommes tous, pour différents que nous soyons, enfants chéris du même  Dieu.

Jésus n’est pas mort pour plaire à Dieu, mais pour plaire aux hommes: parce qu’il a voulu relever le niveau d’humanité du monde, créer un monde  plus juste et plus humain,  afin que les hommes puissent s’y plaire davantage.

La croix est donc, d’un coté, le symbole du refus de la violation des droits sacrés de Dieu et de l’homme; un produit de la méchanceté et de la haine; et, de l’autre, quelque chose que les personnes qui luttent pour supprimer l’injustice, la souffrance et le mal ,  doivent  porter comme une condition indispensable pour que la croix disparaisse définitivement de la face de la terre.  De sorte que  nous sommes tous attachés à cette croix,  soit pour la porter soit pour la vaincre.

Le Vendredi Saint nous rappelle alors notre destin d’êtres humains et de chrétiens. Humains, dans la mesure où nous évitons de bâtir et d’imposer des croix;  chrétiens, dans la mesure où nous luttons pour que toute forme de croix et d’aliénation disparaissent  à tout jamais de ce monde   sur les pas  du Prophète de Nazareth..

Jésus qui a passé  par tout cela, a transfiguré la souffrance et sa mort en un acte de liberté et d’amour qui se donne et, par là même, en un mouvement de confiance et  d’abandon à Dieu;  ce Dieu qu’il avait toujours considéré comme la source et  le secret de tout amour.

C’est  pour cela que cette vie donnée s’est transformée aussitôt  en vie reçue en plénitude; et que cette descente dans l’enfer de la déchéance s’est  transformée en un triomphe de résurrection. Autant le vendredi saint que Pâques nous apprennent que souffrir et mourir  par amour c’est vivre; et que, finalement,  pour  vivre définitivement et pleinement, il faut  être disposé à perdre sa vie.


BM 



(Cette  réflexion a été inspirée d'une texte paru en espagnol en 2012 sur le site du Servicio Biblico Latinoamericano)



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