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lundi 6 août 2012

LES "DÉMONS" SONT-ILS ENCORE PARMI NOUS ?


IL CHASSE  NOS DÉMONS

Jésus est  présenté dans les évangiles comme un homme  très sensible à la souffrance humaine qu'il cherche par tous les moyens à soulager. Dans ces anciens documents chrétiens, Jésus est vu comme un grand thaumaturge auquel on attribue une intense activité de guérisseur.  Jésus  guérit  les maladies et les infirmités qui affectent le corps, mais il guérit aussi les maladies et les infirmités qui touchent au psychisme de la personne et qui affectent le bon fonctionnement de son esprit. Étant donné la totale méconnaissance des maladies psychiatriques et psychosomatiques au temps de Jésus, on disait de lui qu’il libérait les gens du «mauvais  esprit » ou de « l’esprit impur » qui les possédait. La maladie psychique était causée par un mauvais esprit, auquel on attribua  ensuite une existence réelle et concrète, en l’identifiant à l’«ange déchu », au « démon », au « diable » du mythe des origines, rapporté par la Bible hébraïque.

Au temps de Jésus on pensait  que les esprits mauvais (ou démons) étaient  à l’origine de la maladie et de la souffrance autant somatique que spirituelle et psychique. Au Moyen Age encore, on les rendait responsables de toutes les catastrophes et on les craignait comme l’incarnation du mal. Mais le démon n'a pas toujours eu une connotation négative. Le daimon grec était une créature divine, un esprit  fiable et digne de confiance, un «dieu », inspirateur de la destinée d’un homme ou d’une collectivité. Cette vision ancienne du démon  a donc bien évoluée. Les religions en général et le christianisme en particulier ont retenu surtout l’interprétation négative de cette entité mythique et le « démon »  est devenu alors l’anti-Dieu, la personnification du mal ou de l’esprit mauvais qui agit en nous et qui cherche à nous perdre. La littérature moderne et une certaine terminologie  qui nous vient de sciences humaine ,comme la psychologie ou la psychanalyse, en récupérant le sens profond de ce mot (démon-diable) dans les évangiles, nous ont familiarisé  avec «nos démons intérieurs», une expression par laquelle on  veut  caractériser  tout ce qui, en nous, nous divise et s’oppose  à l’harmonisation de notre  personnalité et donc à notre bonheur véritable. 
Pour étrange que cela puisse paraître, la religion chrétienne, a repris  ce mythe ancien et l’a introduit  dans le bagage de ses croyances, en lui attribuant, en plus, une existence réelle.
Sans vouloir donner raisons aux croyances primitives des gens du temps de Jésus, il reste cependant incontestable que celles-ci exprimaient  une situation universelle qui est fondamentalement vraie et réelle: les êtres humains sont souvent affectés par des pulsions maléfiques, des tendances nuisibles et des forces néfastes; par des virus qui les grugent intérieurement et qui décomposent l’harmonie intérieure à l’ombre de laquelle la personne devrait pouvoir grandir et s’épanouir. Il reste vrai que nos démons intérieurs sont nos pathologies psychiques, nos angoisses, nos dépressions, nos traumatismes, nos sentiments de haine de soi ou des autres, nos multiples dépendances (alcool, tabac, plaisir, travail, succès, pouvoir, aspect physique...etc.).
Nos démons, c’est tout ce qui réduit notre liberté intérieure; ce qui fait obstacle à notre croissance humaine et spirituelle; ce qui nous empêche d’être pleinement en accord avec nous-mêmes, avec nos élans et nos aspirations les plus vraies. Démon est aussi  tout ce qui, en nous, se révolte lorsque nous sommes confrontés aux obligations de la morale, aux impératifs des commandements, aux conditionnements de la «bonne éducation» ou de la tradition, aux contraintes des lois, aux injonctions des dogmes, aux exigences de la religion.
Démon est tout cet aspect négatif et souvent inconscient du fonctionnement humain que la psychanalyse moderne (C.G.Jung) qualifie de zones d’ombres dans notre vie; cette partie secrète de notre personnalité que nous souhaitons cacher aux autres; ces aspects négatifs de nous-mêmes que nous ne  réussissons pas à intégrer dans le système complexe de notre existence et de nos relations et qui deviennent source non seulement de conflits, de remords, d’angoisses, de découragement, de tristesse, mais aussi de confrontation et de lutte épuisante contre  nous-mêmes, mobilisant une grande partie de nos énergies et rendant difficile notre auto-estime et  la réalisation de notre bonheur.
 Nos démons sont souvent le résultat de peurs générées par des messages inhibiteurs qui viennent de très loin: de notre enfance souvent, de notre éducation presque toujours, et qui s’opposent à notre développement et à notre croissance humaine. Par exemple : « tu ne devrais pas être là »; « tu ne mérites pas d’exister »; « tu n’es pas le bienvenu»; « tu es un incapable »; «tu ne seras jamais assez bien, assez bon, assez compétant  »; «tu ne seras jamais à la hauteur »; « étant ce que tu es, personne ne va t’aimer» ou «les seules valeurs qui comptent  c’est l’argent, l’efficacité, le pouvoir »; « tu vaux par ce que tu possèdes  ….» .
 Les « démons » sont donc toute  cette énergie en nous qu’il faut apprendre à accepter, à gérer, à réorienter et, souvent,  à guérir.
Pour faire face à nos démons nous pouvons, certes, recourir à l’approche clinique de la médecine ou de la psychanalyse. Mais celle-ci n’a souvent d’effet réel que si elle est accompagnée de l’approche  religieuse de la foi qui  génère la confiance. Nous  avons besoin de naître à une nouvelle conception de la réalité; nous avons besoin d’entrer dans un monde nouveau; ce monde que Jésus de Nazareth appelle « le monde ou le règne de Dieu». C’est un  monde dans lequel on entre en changeant de mentalité, en changeant d’esprit, en naissant à la confiance. C’est un monde où chacun se sent accueilli, accepté et aimé inconditionnellement : c'est-à-dire, non pas à cause de son argent, de son pouvoir, de son succès, de  ses exploits, de ses accomplissements ou même de la bonne qualité de sa vie; mais, tout simplement, parce qu’il existe, parce qu’il  est là,  parce qu’il est lui-même, avec la somme de ses ombres et de ses lumières, de ses laideurs et de ses beautés.
Jésus chasse nos démons parce qu’il nous fait accéder à la confiance qui nous vient de l’accueil de son Message. À travers lui et l’écoute de sa Parole, nous  entrons dans la connaissance de Dieu. Ce Dieu n’est pas un Dieu là-haut, au ciel, à l’extérieur, mais une Énergie aimante et merveilleuse et indéfinissable et pourtant réelle qui est au-dedans de toutes choses, au-dedans de moi, et  qui constitue la substance la plus vraie et la  plus profonde de mon être et de Laquelle je suis la manifestation la plus merveilleuse en ce monde. Cette connaissance et cette découverte de Dieu en nous transmise par Jésus de Nazareth,  nous ouvre à la confiance et  nous libère finalement de nos peurs et de nos démons, car nous prenons  conscience  que nous vivons dans un monde imprégné par la présence aimante de Dieu.

Nous réalisons alors que ce monde dans lequel nous vivons est soutenu et régi non pas par les forces destructrices du refus, de l’opposition, de la rivalité, de la confrontation,  mais par celles, bien plus constructives, de l’amour  qui se manifeste comme acceptation, tolérance, intégration, complémentarité, équilibre, harmonie, beauté… qui ne sont finalement que les manifestations d’une Puissance Aimante et  Bienveillante qui nous englobe de partout et qui rend possible notre vie, notre  bonheur et l’«harmonie  secrète» qui résonne partout dans  notre univers.

 MB

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