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mardi 14 octobre 2014

L’IMPORTANT OU L’INSIGNIFIANT… ? LE NÉCESSAIRE OU L’INUTILE ….?


(Mt.22,1-14)


Ce conte de Jésus parle d’une invitation à un banquet qu’un roi a préparé pour les noces de son fils. Un banquet de noce, et surtout un banquet de noces royales était dans l’antiquité la chose la plus fastueuse et la plus extraordinaire à laquelle une personne pouvait assister. Refuser une invitation à un banquet de noces royales était la chose la plus insensée que quelqu’un pouvait accomplir. L’évangéliste veut justement nous faire remarquer que c’est bien cela qui s’est produit lorsque les premiers invités, qui représentent ici le peuple juif avec ses responsables civils et religieux, ont décliné l’invitation royale. On entrevoit en arrière du récit, une note d’ironie et de dérision de la part de l’évangéliste pour la stupidité de ces gens qui, à cause de leur aveuglement, se sont exclus d’une telle grâce et d’une telle abondance. Au lieu d’entrer dans la salle des noces et de profiter de l’extraordinaire nouveauté de l’événement, ils ont préféré la banale routine de leur négoces mesquines et de leurs besognes insignifiantes. Et puisque ils ont refusé l’offre que Dieu leur a faite en Jésus, l’invitation sera désormais adressée à d’autres invités. Mais cette fois-ci ce ne sera plus une invitation ciblée, adressé à un petit nombre d’élus ou d’amis triés sur le volet, mais une invitation ouverte à tous sans aucune distinction de classe, de parti ou d’appartenance, parce que ce grand seigneur veut à tout prix que la salle du banquet soit remplie. Car une noce ne se célèbre pas dans une salle vide. On trouve donc ici un rappel à l’universalité du salut et à l’égalité de tous les êtres humains devant Dieu. Dieu est désormais le Dieu de tous. C’est la fin des particularismes, des castes, des classes, des divisions, des différences.

Cette parabole manifeste aussi, de toute évidence, un bouleversement et un reversement d’attitudes et de valeurs, car elle cherche à nous dire que, non seulement Dieu accueille maintenant tout le monde dans sa salle de noce, mais qu’ils emble même avoir un faible pour les non-conformes les marginaux, les hors-lois, les délinquants (cf. Luc, 14, 21-23; «vas t’en vite sur les places et les rues de la ville, et amène ici les pauvres, les estropiés, les aveugles et les boiteux…»). C’est un coup donné à toute institution, à toute organisation, à tout mouvement, à toute religion de «purs», basée sur l’élitisme, sur la prétention de sa propre supériorité, sur la conviction de sa vérité: nous le peuple élu, nous les blancs, nous les ariens, nous les occidentaux, nous les américains, nous l’église catholique qui possède «la splendeur de la vérité » et en dehors de laquelle il n’y a pas de salut pour personne … moi, le chrétien exemplaire qui va à la messe tous les dimanches, moi, l‘irréprochable, moi, la personne honnête et rangée, toujours fidèle à ses engagements, qui ne fait du mal à personne …!

Il y un deuxième point sur lequel cette parable veut attirer notre attention: le respect des priorités dans notre vie. Voyez, les premiers invités se dérobent à l’invitation du roi en prétextant toutes sortes d’excuses. Ils ont tous apparemment quelque chose de plus important et de plus urgent à faire que de participer au banquet royal qui est ici le symbole de la plénitude, de la bonne santé, du bonheur et de l’authentique réussite de l’homme. Le problème et la faute de ces gens consiste à négliger l’important pour l’urgent; à refuser le nécessaire pour l’inutile et le contingent; le durable pour l’éphémère, le futur pour l’immédiat. C’est tout de suite, que je veux mon bien-être matériel. C’est maintenant que je veux m’enrichir, faire du profit, augmenter le capital de mon entreprise, entasser de l’argent, devenir millionnaire et puissant … tant pis si pour cela d’autres ont à souffrir. Tant pis si pour cela je saccage la planète, je rase les forets, j’aplanis les montagnes, je pollue l’air que je respire, j’infecte les sols qui me nourrissent, je contamine les lacs et les rivières; je transforme en poubelles les océans; je détruits l’équilibre des écosystèmes. Tant pis si je deviens le pire fléau que la terre n’ait jamais connu; un cancer qui mine sournoisement mais inexorablement la santé de la planète et avec elle la vie et la survie des espèces vivantes et donc de l’humanité. Je devrais être le gardien et le custode de la vie sur terre, le représentant légal qui devrait défendre les droits des touts les êtres vivants de la Planète, sans aucune prétention de supériorité ou volonté d’exploitation… et je me suis transformé en leur bourreau et leur tortionnaire. C’est là un problème qui nous guette tous, autant sur le plan humain que sur le plan spirituel et religieux. Nous laissons de côté l’essentiel pour le secondaire, l’important pour l’urgent, le salut de tous, pour notre petit succès personnel. Nous fuyons nos responsabilités, esclaves de la compensation immédiate.

Et sur le plan spirituel, que de rendez-vous, que d’invitations ratées !!! Notre temps est presque entièrement passé à soigner et à satisfaire les besoins et les désirs de notre corps; mais qu’en est-il des besoins et des désirs de notre âme? Notre âme a-t-elle encore des aspirations et des besoins? Parfois n’a-t-on pas l’impression que nous avons tué notre âme, que nous vivons sans âme, que nous agissons sans âme ? Poussés comme nous le sommes à vivre au rythme endiablé et déshumanisant des besoins immédiats, du rendement, de l’efficacité matérielle, de la séduction physique, de l’apparence extérieure…, nous perdons notre âme et nous dévitalisons notre existence de cette sève intérieure qui donne goût, qualité, souffle, hauteur à notre existence. Nous devenons des fleurs sans couleurs, des mets sans saveur, des musiciens sans inspiration. Et pourtant n’est-ce pas la qualité de notre âme qui fait la qualité de notre vie? Que sert à l’homme gagner le monde entier s’il y perd son âme ? Disait Jésus.

Nous avons tous ressenti, par moments, les soupirs de notre âme… Ces appels qui surgissent des profondeur de notre être, ces cris du cœur, comme on dit, qui nous invitent à regarder plus haut, à nous sensibiliser aux exigences de l’esprit que nous sommes; qui nous poussent à nous poser des questions sur le sens de notre vie et sur les but de notre présence en ce monde. Ces invitations de l’âme, ces appels intérieurs sont importants. C’est l’âme en nous qui veut retrouver sa liberté, son espace, sa nature, rejoindre la source divine à l’image et à la ressemblance de laquelle elle a été crée. Mais, bien souvent, nous ne savons pas la seconder. Nous n’avons plus le temps pour écouter ses appels, ses cris et ses invitations. Nous avons toujours des choses plus urgentes à faire. Lecture, réflexion, méditation, prière, silence, écoute, gestes de la foi, ouverture à Dieu, pratique religieuse, eucharistie du dimanche … Pas de temps pour cela: j’ai le travail, les enfants, le chien, une vie sociale, mes amis en lignes, mes programmes à la télé; j’ai du sommeil à rattraper, la pelouse à tondre, le repas à préparer… je suis tellement occupé. …  et mon âme se meurt, mais ce n’est pas grave! Mes babioles c’est bien plus important ! Encore une fois nous fuyons l’essentiel pour tomber dans l’insignifiant.

Trouverons-nous un jour le temps d’entrer dans la salle des noces, dans ce lieu où l’on célèbre l’amour, afin que notre âme puisse finalement rencontrer l’objet de ses aspirations et l’espace dont elle a besoin pour s’épanouir et donner ainsi des ailes à notre existence?



MB

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