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dimanche 2 septembre 2012

LE DIEU AUQUEL JE NE CROIS PLUS


UNE  NOUVELLE PERCEPTION DE DIEU  


Dimanche dernier, nous avons réfléchi sur l'Esprit de Dieu que Jésus nous a laissé. Et c'est précisément à la lumière de l'Esprit de Jésus que nous avons, nous pouvons maintenant réfléchir sur le mystère de Dieu.

Il faut reconnaitre que notre idée de Dieu est encore celle qui nous vient d’un état primitif et tribal de l’humanité; du temps préhistorique où la horde ou la tribu de nos ancêtres se sentait menacée par une nature sauvage et dangereuse et par des voisins hostiles et se voyaient donc dans la nécessité  de se  fabriquer  des divinités protectrices auxquelles  confier leur propre survie et leur propre sécurité. Ces divinité étaient  faites à  l’image des hommes; mais étaient imaginées comme ayant des pouvoirs surhumains et extraordinaires qui servaient justement à assurer la protection  des insignifiants et des faibles humains. Étant conçues à l’image des humains, ces divinités primitives étaient souvent capricieuses, ambitieuses, caractérielles, irascibles, cruelles. Pour obtenir leurs grâces, leurs  faveurs et leur  protection  il était   nécessaire de les apprivoiser, de les amadouer, de les apaiser, de les calmer, de les charmer  par des dons, des offrandes, des sacrifices, des rites propitiatoires, des prostrations, des supplications, des prières ; pratiques cultuelles qui servaient aussi à valoriser leur supériorité et à leur exprimer  notre nullité, notre misère.

Ce Dieu tribal, produit de la peur, de l’angoisse, de la finitude, de l’insécurité d’une humanité primitive, angoissé et ignorante, est le Dieu qui continue de persister dans notre imaginaire collectif, dans nos mythes, dans nos religions et dans notre esprit. Sur ce point nous n’avons pas beaucoup évolué. Mais ce Dieu ne peut plus tenir devant l’avancée de la rationalité et de la critique moderne. Ce Dieu est destiné à mourir et  doit mourir. C’est avec raison que l’on parle aujourd’hui de la mort de Dieu. La persistance de cette conception archaïque, tribale et anthropomorphique de Dieu  est en grande partie responsable de l’athéisme moderne. Le fait que cette conception de Dieu soit celle  officiellement retenue et proposée par le magistère de l’Église catholique doit nous faire  réfléchir.

En effet, c’est cette conception Dieu qui est à l’origine de plusieurs affirmations fondamentales du dogme catholique, comme l’incarnation de Dieu dans un corps d’homme. Comme la doctrine de la rédemption par la souffrance et  le sang. C’est le Dieu  primitif qui a besoin de vengeance et d’expiation, de la mise à mort du coupable  pour calmer sa rage, assouvir son courroux, oublier  l’insulte causé contre lui par la méchanceté  et la faute des humains.
C’est encore cette idée de Dieu  qui est capable de le concevoir comme un despote autoritaire et jaloux de sa grandeur, de son pouvoir et de sa primauté et qui châtie les insoumis, les insubordonnés, les transgresseurs de ses lois et de sa volonté et qui les terrorise avec la perspective du feu et des tourments éternels.

C’est ce Dieu qui cherche à obtenir la soumission des ses adorateurs  avec la menace  d’un jugement sévère et impitoyable  à la fin de la vie et à la fin des temps. C’est le Dieu que chacun de nous est invité à se rendre propice par une vie moralement correcte (surtout du point de vue de comportement amoureux et sexuel), par la docilité, la soumission et l’obéissance aux autorités religieuses constitués. C’est le Dieu tout puissant et dispensateurs de grâces et de bienfaits à ses protégés auquel on peut recourir, si on a les cartes en règles, pour  lui débiter la liste de nos demandes, surtout  lorsque les choses ne vont pas trop bien pour nous. C’est le Dieu contre lequel nous nous fâchons lorsque nous avons  l’impression qu’il soit distrait à nos supplications  et qu’il fasse la sourde oreille à nos prières parce qu’il ne livre pas en temps voulu ou souhaité la marchandise demandée.

Ce Dieu là est une idole  que nous nous sommes fabriqué sur mesure. Il est à notre image et ressemblance. C’est  donc un Dieu qui est là pour nous accommoder. Il est là pour nous. Il est  à notre disposition et à notre service. Il n’a donc rien d’un Dieu; il est notre serviteur. Il est un fétiche, un porte-bonheur  auquel on demande d’utiliser la toute-puissance avec laquelle on l’a habillé pour assurer notre bien-être et notre bonheur. C’est pour cela qu’à ce Dieu on demande continuellement de faire des miracles, de renverser s’il le faut, toutes les lois naturelles, pourvu que ses adorateurs, ou plutôt ses manipulateurs,  puissent en tirer profit.

C’est pour cela que dans la religion catholique, Dieu est supposé intervenir d’une façon miraculeuse un peu partout et que l’action prodigieuse ou  miraculeuse de ce Dieu est même considérée une chose toute à fait normale et naturelle. Dieu  intervient d’abord en s’incarnant  miraculeusement dans le ventre d’une femme vierge. Ensuite, caché en Jésus, Dieu devient faiseur de quantités de miracles qui marquent toute la période de l’existence  terrestre de l’homme-Dieu. Dans la vie de l’Église, Dieu, au service des hommes,  continue  à  opérer  des miracles à un rythme  régulier  et, je dirais, presque obligatoire, sur commande : dans les sacrements (baptême, absolution, transsubstantiation, ordre),  canonisations des saints, infaillibilité papale, vocations sacerdotales, perpétuité et permanence de l’Église catholique, apparitions mariales…

Encore aujourd’hui donc, les religions pensent que, par le truchement de formules incantatoires, la magie des rites, la somptuosité des liturgies, l’autorité des personnes sacrées,  il est possible d’impressionner la divinité, de l’influencer, de la manipuler et de l’oblige  à se plier aux règles, aux normes, aux directives, aux  attentes, aux besoins de la structure religieuse.

De son coté, Jésus de Nazareth que nous dit-il de Dieu ?  Jésus  nous révèle quelque chose d’absolument nouveau et inattendu : il nous dit que Dieu est Père. En cela il est débiteur de la mentalité de son temps. S’il avait vécu dans notre temps, il aurait pu aussi bien nous dire que Dieu est Mère. Ce qui est nouveau et ce qu’il veut nous faire comprendre en utilisant cette symbolique de la paternité ou de la maternité, c’est que Dieu est une  puissance, une énergie bénévole, bénéfique, une force  d’amour  qui est source d’être  et de vie, comme l’est un père et une mère. Tout ce qui existe est pour Jésus  le fruit, la manifestation  de cette paternité et de cette maternité divine. Tout ce qui existe est donc généré de cette paternité, est donc enfant, fils, produit, émanation, jaillissement  de cette Source. Pour Jésus  la paternité-maternité de Dieu  n’est  pas un attribut de sa divinité, c'est-à-dire quelque chose qu’il est par surcroit, mais Dieu est  père-mère de par sa nature. Donc de par sa nature il met dans l’existence, il crée, il donne la vie. De par sa nature Dieu est  explosion de vie, principe d’être. De par sa nature, Dieu est  puissance, énergie qui se répand, qui se donne, qui se manifeste et, en faisant cela il crée l’univers et il donne l’être. Et n’est-ce pas cela la caractéristique  typique de l’amour? Le père et la mère ne vivent-ils pas aussi dans le fruit de leur amour?  Les êtres qui naissent de cet amour ne sont-ils pas aussi une manifestation, une image de leurs parents? Ne portent-ils pas en eux la trace et la ressemblance de cet amour qui les a mis dans l’existence?  Le père et la mère seraient-ils tels s’ils n’avaient pas mis des enfants au monde? Pour Jésus, Dieu est Dieu parce qu’il est en même temps paternité, maternité, filiation, génération, source d’être, énergie d’amour, souffle, force de vie, esprit qui se répand, qui se manifeste et qui se donne. Être géniteur, père, mère, fils, énergie créatrice, énergie crée, souffle vital, vie insufflée, esprit….tout cela ne sont que des aspects, des facettes, des manifestations d’une unique Puissance qui est à l’œuvre pour donner consistance à l’univers et qui nous pénètre et nous envahit de toute part.

Évidemment la nature intime, l’essence profonde, l’en-soi de cette Puissance bénévole nous sont totalement inconnus et à jamais inconnaissables. Nous en déduisons l’existence que par les traces qu’elle laisse et par ses manifestions visibles et sensibles dans l’univers qui nous entoure. Sur cette Énergie et cette Puissance, nous n’avons aucun pouvoir, nous la partageons, nous en vivons, mais nous ne la possédons pas. C’est elle qui nous possède. Elle est en nous, elle agit en nous, elle nous constitue, mais elle ne vient pas de nous.   

 MB


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