(4 dim. Avent, B 2011, Lc 1, 26-38)
Comme toujours, la parole que nous retrouvons dans les évangiles est là
pour nous, et pour orienter notre vie, pour suggérer les attitudes intérieures que nous devons assumer, nous, les fils de Dieu,
les disciples de Jésus, les chrétiens
que nous sommes.
Même lorsque cette parole nous
parle de visite d’anges, de mères-vierges, d’époux angoissés, d’auberges remplies, de grottes, de
pasteurs et de brebis, d’étoiles qui
voyagent, de mages … c’est encore à nous
qu’elle s’adresse et toujours pour nous indiquer quels chemins nous devons parcourir pour devenir des êtres plus humains et plus conformes aux attentes de
Dieu.
Le centre du récit que nous
venons de lire est constitué par le «oui
» de Marie à l’annonce et à la proposition inouïe et insensée de l’ange. Dans la Bible l’ange
symbolise toujours la présence et les exigences de Dieu face aux
humains. Le message que ce texte nous transmet est le suivant :
Dieu réalise toujours ses plans, même à
travers des situations qui nous paraissent incompréhensibles et absurdes, comme
c’est le cas ici Parce que, finalement, c’est lui le maitre du
temps et de l’histoire. Il sait écrire droit même à travers nos lignes croches. Malgré nos folies et
l’absurdité du monde que nous créons à cause de notre stupidité, Dieu a toujours le contrôle de la situation. Donc, si
cela est vrai, si je crois que son ange vient parfois nous visiter et nous rassurer de sa présence, alors,
malgré toutes les raisons que je peux avoir de m‘abattre, de me tourmenter, de
désespérer, d’avoir peur devant un futur inquiétant, je fais confiance, je dis oui à la vie, à ma vie, je m’engage, je
me donne à la réalisation de ma tâche, de ma mission. Car je sais que l’Esprit du Seigneur est avec moi, en moi,
qu’il me couvre de son ombre pour que je puisse donner naissance, porter à la
lumière le fils de Dieu que je suis au plus profond de moi-même et qui doit contribuer à « sauver» ma famille, mon milieu
de vie et le monde.
Ce texte à été écrit pour nous
les chrétiens et, en s’appuyant sur la figure de Marie, il veut, de toute
évidence nous apprendre la foi en ce
Dieu de Jésus et donc à faire confiance. Faire confiance à Dieu car il est
Père, car il nos aime, car il veut notre
bonheur et la réussite de notre vie. Faire confiance s’est se laisser porter, se laisser emporter par ce feeling, cette sensation … c’est sentir que la réalisation profonde de notre humanité
individuelle et de l’humanité totale est intimement dépendante de
l’insertion en Dieu de notre âme. C’est
cette confiance qui nous réalise et qui sauve, car elle libère de la peur qui
est à l‘origine de toutes les calamités de notre monde.
Ce texte veut nous faire
comprendre que Dieu a besoin de personnes de confiance pour pouvoir entrer et
s’incarner dans notre monde. C’est parce
que nous lui faisons confiance que son
Esprit coule en nous et qu’ainsi, à travers nous, il transforme, il guérit l’état de ce monde. Sans
la confiance rien n‘est possible. La
confiance en Dieu est aussi celle qui
soutient et explique tous les
autres mouvements de confiance que je suis obligé de poser au cours de ma vie.
Tu fais confiance aux branches d’un arbre et à ses fruits, parce que
tu as confiance dans la qualité de son tronc. Comment pourrais-tu faire
confiance aux hommes, si tu n’a pas
confiance en Dieu et si tu penses que
Dieu peut te décevoir?
La confiance en Dieu me met en paix avec Lui et, par conséquent, elle me pacifie aussi avec moi-même et les autres. Dans la
confiance, je m’accepte tel que je suis; je suis content de ce que je suis, parce que je sais que Dieu
aussi m’aime et me prend tel que je suis
dans mon identité unique et exclusive, avec le poids de mes faiblesses et la
richesse de mes qualités. Cela n‘exclut évidemment pas que je sois conscient
de mes limites et toujours tendu vers une conversion et un changement continuel. Je peux alors accepter les événements de la vie, bons et mauvais, sans peur, en les considérant comme des grâces, comme des échelons qui me
font monter plus haut; comme des briques, parfois lourdes, parfois légères,
mais nécessaires à la construction de ma personnalité et de mon destin tel
qu’il s’inscrit depuis toujours dans le plan ou la pensée de Dieu. Si je suis en paix avec Dieu et avec moi-même, je le suis aussi avec les autres et le monde entier.
Lorsque je suis un être pacifié
intérieurement par la confiance, le regard que je pose sur les autres humains est
différent aussi. Je me sens en paix avec l’autre.
L’autre n’est plus le rival, le
concurrent, l’adversaire, l’inconnu dont
je dois me méfier, le potentiel agresseur dont je dois avoir peur et que je dois garder à distance.
L’autre devient, au contraire, le «prochain» que je peux faire objet de mon
attention et de mon amour. C’est cela que la suite du texte évangélique
d’aujourd’hui veut nous dire lorsqu’il
raconte que Marie (qui incarne ici la
confiance), aussitôt qu’elle a pris
conscience d’être porteuse de Dieu,
court en toute hâte, à travers montagnes et collines, au secours de sa
cousine Élisabeth.
Voilà alors que le monde aussi ne m’apparaît plus comme un lieu terrible et hostile, en proie aux puissances ténébreuses du péché
et du mal (comme il a été souvent présenté par une certaine spiritualité) contre lesquelles je dois continuellement lutter pour sauver mon âme. Le monde
m’apparaît plutôt comme un lieu amical dans lequel je peux être heureux; comme
un paradis reconquis et récupéré, comme
une manifestation éblouissante de la puissance, de la beauté, de l’amour de Dieu
envers moi , sa petite créature, que, dans sa tendresse, il veut gâter en la posant dans
un jardin de merveilles.
La confiance insère dans notre monde le dynamisme
du rapprochement, de l’empathie, de la fraternité et la puissance de l’amour. En
faisant de nous des êtres de paix, de compassion, et d’humanité, elle contribue
à améliorer le monde A travers la confiance nous devenons finalement des porteurs de Dieu à ce monde, car à travers
nous les virtualités de la présence
divine sont à l’œuvre pour guérir, transformer et sauver l’humanité. C’est grâce à tous ces êtres qui,
comme Marie, savent faire confiance à Dieu que celui-ci naît
continuellement parmi nous…et que c’est
Noel chaque jour.
MB
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