CELUI QUI PEUT NOUS PLONGER DANS UN BON ESPRIT
L’Évangile nous raconte le témoignage d'un certain Jean le Baptiseur (ou Jean le Baptiste) qui, voyant venir Jésus,
le présente aux gens qui l'entourent par ces mots:«Voici l’agneau de Dieu venu enlever le "péché" qui se trouve dans le monde!» L'appellatif d'agneau est une référence évidente à l’agneau pascal consommé
par les hébreux à Pâques en mémoire de leur libération de l’esclavage d’Égypte.
Selon la légende biblique, le sang d’un agneau avec lequel les hébreux avaient marqué les portes
de leurs maisons, les sauva de
l’ange exterminateur envoyé par Dieu pour frapper les enfants aînés des
égyptiens. Depuis ce temps, à Pâques, chaque famille juive tue et mange un agneau
en souvenir de cet événement et en signe de reconnaissance pour la libération
obtenue. Dans la pensée et la culture religieuse juive du temps de Jésus, l’agneau,
et surtout le sang de l’agneau, étaient devenus un symbole de libération et de
liberté et préconisaient cette autre libération
que le futur Messie aurait accompli lors
de sa venue imminente.
En pointant Jésus comme
l’agneau de Dieu, Jean le Baptiseur
veut, de toute évidence, présenter Jésus
comme celui qui accomplit et réalise la libération contenue dans la symboliques de l’agneau pascal. Il reconnait en Jésus celui qui libère, c’est à dire, le messie
attendu, celui qui, par sa vie donnée et son sang répandu, sèmera dans notre terre et dans notre humanité les germes d’une liberté possible et
accessible à tous ceux et celles qui auront les portes de leur demeure marquée par le signe de l’agneau. Une claire
allusion au mystère de la foi
chrétienne et du baptême chrétien par lesquels les croyants ont été marqués à tout jamais comme disciples du Seigneur.
Jean le baptiseur indique
Jésus comme l’agneau qui enlève le
péché du monde. Si le mot «péché»
dans notre culture moderne, laïque et sécularisée, sent le vieux, le périmé, l’indigeste, toutefois les phénomènes et les
faits que ce terme démodé indique, sont
bien réels. Ce terme archaïque indique tout
ce qui dans l’homme l’empêche de s’accomplir comme personne, de s’épanouir et
d’être heureux. Il indique alors tout ce qui dans l’homme est cause de mal et de souffrance pour lui et pour
la société. Il indique tout ce qui est source de désordre, d’aliénation,
d’égarement, de division, de peur et de souffrance. Il indique tout ce qui, en l’être humain et
en notre monde, mène vers sa faillite et
sa perte. Le péché est ce qu’Albert
Camus décrit comme ce « nœud de vipère» que chacun de nous entretient
et nourrit à l’intérieur de lui même. Le péché est ce que les Évangiles appellent
«les mauvais esprits» qui hantent et
harassent les personnes et contre lesquels Jésus a lutté tout au long de sa vie. Le péché est ce que la
théologie et la culture religieuse juive
et chrétienne ont personnifié dans les démons,
les diables, les Satan qui gonflent notre
ego, nourrissent nos appétits et notre cupidité, suffoquent en nous la capacité
de la gratuité et du don (de nous-mêmes et de l’amour désintéressé…) et qui bien souvent transforment notre vie en un enfer de solitude, d’égoïsme,
d’indifférence, de haine et de violence. Ce «péché», ces «démons», s’ils ne sont pas dépistés et pourchassé , finissent toujours par nous perdre ou par transformer nos vies en des terribles gâchis.
Et ne pensons
pas, nous qui sommes ici, nous qui sommes de bons chrétiens pratiquants, qui
venons à la Messe
chaque dimanche et qui communions au Corps eucharistique du Seigneur, ne
pensons pas d’être totalement libérés du péché et que nous ne sommes pas hantés
par les démons et les mauvais esprits. Nous
sommes tous porteurs de mauvais esprits. Le NT nous le confirme en toutes
lettres:« Si nous disons : " Nous n'avons pas de péché ", nous nous
abusons, la vérité n'est pas en nous. Si nous disons : " Nous n'avons pas
péché ", nous faisons de Jésus un menteur, et sa parole n'est pas en nous.
(1Jean 1,8-10) et Jésus nous le confirme à son tour: «Que celui qui se croit
sans péché, lance la première pierre». Il suffit de regarder en nous avec un œil humble, honnête et objectif pour découvrir la vérité de ces paroles.
Si vraiment
Jésus est celui qui vient ôter ce «péché», voilà qu’il est nécessairement proclamé ici comme celui qui a
le pouvoir de nous sauver, nous, notre humanité et notre monde, et de nous
sauver dans le sens le plus complet et le plus réel du terme. Les évangiles ne
sont que le récit de cette lutte incessante de Jésus contre ces esprits
mauvais qui nous tourmentent et
qui cherchent à nous détruire.
Jésus possède le
pourvoir de les chasser et de nous en libérer, parce qu’il possède, lui, le bon
esprit, un esprit sain et saint, un esprit qui n’est pas le produit d’un cœur endurci,
égoïste, détérioré, perverti, mais un esprit
qui est le produit de Dieu lui-même. Il possède un Esprit qui lui vient de Dieu,
donc un esprit qui peut être qualifié de « saint » et qui,
passé en nous, constitue le médicament divin qui produit le miracle de notre guérison, de
notre libération et de notre salut.
C’est cela que Jean
le Baptiseur veut signifier lorsqu’il s’exclame à propos de Jésus: « J’ai vu
l’Esprit descendre du ciel… et demeurer sur lui…. Celui qui m’a envoyé
baptiser dans l’eau m’a dit: l’Homme sur qui tu verras l’Esprit descendre du
ciel et demeurer sur lui , c’est celui
qui a le pouvoir de plonger les hommes dans l’ Esprit bon et saint qui pourra les guérir de l’intérieur et les
transformer en des êtres meilleurs.»
Il est évident
que si nous voulons être libéré du «péché» il faudra remplacer nos esprits
mauvais par l’esprit bon et sain de Jésus ; esprit qui pourra être transfusé en nous, si dans une attitude de foi et de confiance, nous serons capables de nous attacher a Lui
et de le choisir toujours et à nouveau comme notre guide, notre model et notre Maître.
Alors seulement nous constaterons qu’il
est aussi et véritablement notre Sauveur.
BM
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