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lundi 16 juillet 2012

JE ME SUIS RÉCONCILIÉ AVEC DIEU


"Je vais vous préparer une place"

 Du chapitre treize au chapitre seize de l'évangile selon Jean, l'auteur attribue à Jésus, quelques jours avant son exécution, un long entretien avec ses amis les plus proches. Ce colloque, appelé aussi le testament spirituel de Jésus, est d’une beauté et d’une profondeur extraordinaire. Jésus épanche son cœur, laisse libre cours à ses sentiments et il nous permet d’avoir un aperçu de son âme et de la profondeur de son intimité avec Dieu, son père, et avec ses amis. Au début du chapitre quatorze, Jésus partage avec ses disciples le pressentiment qu’il a de sa fin imminente et cherche à les réconforter. Il les assure qu’il ne les abandonnera pas, mais qu’il ira leur préparer une place dans la maison de son Père. Nous trouvons dans ces paroles du Maître la plus claire formulation de sa foi en une vie après la mort. Jésus a la ferme conviction que sa mort n’est pas la fin de tout, mais le commencement de tout. Et que son passage à travers l’épreuve de la mort ne fera que le propulser dans une vie éternelle avec Dieu et que ce passage est la destinée de tous ceux et celles qui meurent.  "Chacun de vous a déjà une place réservée dans la maison de mon Père," dit-il affectueusement à ses disciples.

Ce texte de l’évangile de Jean est un de mes préférés. Je lui dois beaucoup. Disons qu’il a contribué à me réconcilier avec Dieu. Dans ma vie il fut un temps où j’ai eu beaucoup peur de Dieu et donc de la mort. Non pas peur de la mort en tant que telle, mais de ce qui venait après. Dans ma jeunesse j’ai reçu une éducation religieuse stricte et très moralisante. On m’avait présenté Dieu comme un être qui ne plaisantait pas avec les principes de la morale catholique: exigeant, rigide, inflexible; qui n’aimait pas les ouvertures d’esprit trop modernes et qui ne se gênait pas à punir ceux qui s’éloignaient du droit chemin défini et tracé par une multitude de dogmes, de normes et d’interdits. Je m’étais rendu compte qu’il ne fallait pas grande chose pour mériter d’aller brûler dans le feu du purgatoire ou éternellement dans les supplices de l’enfer : une imprécation, un gros mot considéré blasphème, de la viande mangée un vendredi saint, une messe du dimanche sautée, une communion faite sans être en "état de grâce", un bref plaisir en solitaire ou un rapport conjugal protégé…. et ça y est… tu étais un candidat assuré aux peines éternelles …

Heureusement qu’un jour j’ai connu Jésus de Nazareth... C’est lui qui m’a libéré de mes peurs et de mes angoisses…. Après avoir fait la rencontre de sa personne et de sa son enseignement, Dieu m’est apparu sous une toute autre lumière…. Jésus m’a fait comprendre la vrai nature de Dieu, si Dieu y est! Un être d’amour et de tendresse (combien différent du monstre sadique de mon catéchisme!); un père et une mère qui veux seulement et toujours le bonheur de ses enfants. Un Dieu qui préfère souffrir plutôt que faire souffrir; qui choisit de donner sa vie, plutôt que de prendre ou détruire celle des autres. Depuis ma découverte de Jésus, je n’ai plus aucun doute maintenant sur la nature de ma condition après ma mort. Je suis convaincu que si Dieu existe, ce Dieu n’est qu’amour qui cherche à se communiquer et qui viendra me remplir de lui-même lorsque, en passant à travers le creuset de la mort, je ferai fondre la carapace de mon corps, mon esprit sera totalement ouvert et disponible à la douceur de son étreinte. «Je m’en vais vous préparer une place, je reviendrai vous prendre avec moi; parce que là où je suis vous y serez aussi » … Ces paroles de Jésus me rassurent quelque peu  sur mon sort éternel. Je me sens maintenant plus serein et en paix devant le mystère de la mort.

Jésus m’a appris que mourir ce n'est pas finir, c'est continuer autrement. Un être humain qui s'éteint, ce n'est pas un mortel qui finit, c'est un immortel qui commence. La tombe est un berceau. Et le dernier soir de notre vie temporelle est le premier matin de notre éternité. "Ô mort si fraîche, disait Bernanos, ô seul matin!". Car la mort, ce n'est pas une chute dans le noir, c'est une montée dans la lumière. Quand on a la vie, ce ne peut être que pour toujours.
Mourir, au fond, c'est peut-être aussi beau que naître. Est-ce que le soleil couchant n'est pas aussi beau que le soleil levant? Un bateau qui arrive à bon port, n'est-ce pas un heureux événement? Et si naître n'est qu'une manière douloureuse d'accéder au bonheur de la vie, pourquoi mourir ne serait-il pas qu'une façon douloureuse de devenir heureux? (Doris Lussier, La mort vivante)
Ce qui me préoccupe maintenant ce n’est pas ce qui se passera après mon départ, mais comment je vivrai ma mort. Dans la peine ? Dans l’angoisse? Dans la révolte? Dans le regret? Ou bien dans l’abandon et dans la paix ? Je ne sais pas avec quelles pensées et quels sentiments je quitterai ce monde. Mais s’il est vrai que l’on meurt comme on a vécu, alors je pense que je vais mourir dans la confiance. Mais je sais aussi que j‘aurais beaucoup de peine à quitter les personnes que j’ai aimées, et que je m’en voudrais de ne laisser aucune trace de mon passage. Je voudrais les quitter en sachant que j’ai contribué à les rendre meilleures. J’aimerais pouvoir affirmer que le mal que j’ai fait au cours de ma vie a toujours été plus le résultat de ma faiblesse que le fruit de ma méchanceté. J’aimerais pouvoir affirmer que, dans ma vie, le poids de l’amour l’a toujours emporté sur celui de la haine; que l’attrait du don et de la bonté a toujours été plus fort que celui de l’égoïsme et de l’insensibilité. J’aimerais pouvoir dire que, malgré mes fautes, mes chutes et mes faiblesses, j’ai toujours cherché à me relever et que je ne me suis jamais complu dans le vice et la vulgarité. Que dans ma vie j’ai toujours donné plus de place à la magnanimité du pardon qu’à la mesquinerie du ressentiment et de la vengeance. Et que je me suis plus préoccupé d’être que d’avoir.
Mais surtout j’aimerais pouvoir dire d’avoir vécu en personne libre: libéré, grâce à l’évangile de Jésus, de toute forme d’asservissement humain, social et institutionnel, guidé uniquement par la lumière de sa parole et de son Esprit. J’aimerais que ceux et celles qui m‘ont vu passer à travers leur vie, puissent dire après ma mort: "Il était  bon . Nous étions bien en sa compagnie. Il nous a rendus meilleurs. Il a su aimer …Il nous a bien parlé de Jésus; il est sans doute avec son  Dieu… "

 MB 

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