Rechercher dans ce blog

lundi 30 juillet 2012

DOIT-ON CROIRE EN LA RÉSURRECTION DE JÉSUS ?

Ce que l’on ne doit pas croire de la résurrection

La foi en la résurrection de Jésus est au cœur de la religion chrétienne. Il est donc  important d’avoir de cet article fondamental de la foi une compréhension adéquate, en accord avec une saine exégèse du donné biblique, mais surtout en accord avec l'esprit critique et scientifique de notre culture moderne et les exigences de notre intelligence.

Il existe une présentation et une compréhension matérielle, fondamentaliste de la foi chrétienne qui sont une insulte et une profanation de la vérité, de la beauté et de la poésie contenues dans certaines affirmations du dogme chrétien, comme la virginité de Marie, la «divinité» de Jésus et sa «résurrection» d’entre les morts. À cause de cela, ces affirmations fondamentales de la foi, si vraies, si riches et si profondes, sont vidées de leur sens et de leur contenu véritables et rendues insignifiantes et absurdes. Ce qui a comme conséquence de pousser les gens de la modernité à rejeter les formulations de la foi chrétienne considérées comme un amalgame indigeste d’affirmations fantaisistes, puériles et totalement ridicules.

Si aujourd’hui, dans notre société occidentale, les baptisés désertent en masse les églises et laissent tomber toute pratique religieuse, c’est, en grande partie, parce qu’ils sont restés attachés à une conception physiciste et «merveilleuse» du contenu de la foi chrétienne que leur intelligence adulte et éduquée ne peut plus accepter.

Je suis conscient qu’aborder d’une façon tant soit peu critique la présentation ou la conception traditionnelle de la foi chrétienne en la résurrection de Jésus risque d’être une tâche délicate et passablement difficile, étant donné la sensibilité à fleur de peau de beaucoup de croyants sur ce point fondamental du christianisme. Et à juste raison ! Car la foi en la résurrection de Jésus de Nazareth est le cœur du christianisme. On est chrétien parce que l’on croit que Dieu a fait sortir Jésus vivant de son tombeau: il l’a ressuscité des morts. Personnellement, pour rester chrétien et croyant, j’ai été obligé d’entreprendre un long travail de réflexion et de décantation sur les énonciations de ma foi catholique, afin de parvenir à une compréhension de la résurrection du Christ qui  pouvait  satisfaire ma raison logique et s’accorder avec les exigences de mon intelligence critique. Car il m’était impossible d’accepter telle quelle l’explication traditionnelle de la résurrection de Jésus donnée par le catéchisme de mon enfance et, plus tard, par la théologie classique de l’église catholique. Explications qui m’apparaissaient, de toute évidence, non seulement infantilisantes, mais résolument invraisemblables et donc intellectuellement irrecevables.

Les religions en général et le catholicisme en particulier, sont très friands de miracles. Il existe une façon puérile et anthropomorphique de concevoir Dieu et sa relation avec le monde des hommes (et avec l’église catholique), qui n’a aucune  difficulté à faire intervenir Dieu pour changer le cours normal des choses ou des événements ou pour ratifier les actions de ses représentants. C’est ce qu’on appelle avoir une conception mythique, archaïque et primitive de la divinité, conception qui est toujours présente et agissante dans l’enseignement officiel du magistère ecclésiastique.

À moins donc de prendre l’habitude de vouloir faire intervenir Dieu et sa toute puissance pour changer, avec des «miracles», la nature des choses ou le déroulement naturel des événements dans le but de confirmer le contenu de nos croyances, normalement, dans le monde dans lequel nous vivons, les morts ne ressortent jamais vivants de leurs tombeaux. La mort est un événement irréversible et irréparable. Invoquer une exception pour la mort de Jésus de Nazareth pour que ses disciples puissent justifier leur croyance en sa résurrection, m’a toujours paru un stratagème malhonnête et peu respectueux et de Dieu et de la foi chrétienne.

Cherchons alors à comprendre d’une façon moins sensorielle, moins matérielle et surtout moins fantasmagorique notre foi en la résurrection du Seigneur. Partons d’une évidence. Parmi les grands principes de l’astrophysique, il y en a un qui dit que notre univers est homogène et isotrope. Cela, en mots très simplifiés, veut dire que les lois physiques qui régissent le cosmos matériel dans lequel nous nous trouvons sont les mêmes partout, dans toutes les directions, tout le temps et en tous les temps. Cela  signifie que les lois sous-jacentes aux phénomènes de notre monde matériel en ce XXIe siècle sont exactement identiques à celles qui réglaient le monde au temps de Jésus, il y a deux mille ans. Par conséquent, il est tout à fait logique de penser que les phénomènes considérés comme impossibles à se réaliser maintenant doivent être considérés comme impossibles à se produire il y deux mille ans. Or, la mort d’un organisme vivant est un phénomène naturel qui comporte la désintégration définitive et irréversible de composantes chimiques qui soutiennent  la complexité de ses processus vitaux. La mort est la fin définitive de l’organisme vivant. De la mort, personne ne revient. C’est une loi du monde physique, une loi universellement valide dans le passé, dans le présent et dans le futur. Cette loi est ancrée dans nos gènes et dans l’esprit de tout être vivant. C’est pour cela que normalement notre raison éprouve de la répugnance à admettre que dans notre monde puissent se vérifier des cas où cette loi naturelle n’est pas respectée et qu’il puisse exister des entorses à son universalité.

Alors, avant de commencer à réfléchir sur le mystère de la Résurrection du Seigneur, une clarification s’impose. Les récits d’apparitions de Jésus ressuscité qui sont relatés dans les évangiles ne doivent pas être considérés comme des faits réels qui auraient vraiment eu lieu à un certain moment de l’histoire humaine et en certains endroits de la Palestine et qui pourraient faire l’objet d’une chronique, d’un reportage journalistique, d’un constat ou d’une enquête policière. La résurrection de Jésus n’est pas un événement du monde physique et historique qui puisse être décrit, enregistré ou photographié. Personne n’a été témoin de cette résurrection et personne ne peut être témoin de cette résurrection.  Les témoignages rapportés par les évangiles sont basés non pas sur des expériences extérieures, sensorielles ou physiques, mais sur des expériences intérieures, spirituelles et personnelles de croyants qui, après la mort de Jésus, le sentent toujours vivant dans leur vie et sont convaincus que cet homme de Dieu vit désormais avec Dieu une vie nouvelle et éternelle.

Si la résurrection de Jésus consistait vraiment en une intervention extraordinaire et fracassante de Dieu qui met en œuvre sa toute puissance pour briser le cours normal des événements naturels et libérer ainsi Jésus de la mort, on pourrait se demander pourquoi ce Dieu qui aime faire des miracles n’a pas utilisé sa toute puissance pour empêcher que «son fils bien-aimé» ne soit pendu à une croix, en répondant ainsi à la remarque cynique de ses détracteurs: «Il a confié en Dieu toute sa vie, voyons si son Dieu vient maintenant le sauver….?!?». Notez que le Dieu qui aurait fait le «miracle» de réanimer le cadavre supplicié et défiguré de Jésus est le même Dieu qui l’a laissé pourtant crever sur la croix. Si c’est vrai que ce Dieu est un Dieu qui est prêt à faire des «miracles» en faveur de son Fils, pourquoi avoir attendu que celui-ci souffre et meure d’une mort atroce pour le sauver ? Quel père, qui aurait à tout moment le pouvoir de sauver son fils, attendrait que ce fils souffre et meure après des heures de tortures épouvantables pour intervenir ?  La conclusion me semble alors évidente: ou ce Dieu est un être ignoble et sadique; ou il n’y a tout simplement jamais eu de miracle pour faire sortir Jésus de son tombeau. Dieu, même dans le cas de Jésus, a tout simplement laissé les événements suivre leur cours normal. Car Dieu n’intervient jamais en faiseur de miracles; c’est le développement naturel et normal des faits et des événements qui est le plus proche de l’agir de Dieu.

Et s’il est vrai que pour l’homme religieux et croyant Dieu est à l’origine de la nature et donc de la loi naturelle, il devrait être clair que, pour le croyant lui-même, cette loi de l’irréversibilité de la mort porte en elle le sceau de Dieu. Le croyant sait que Dieu respecte toujours les règles qu’il a établi dans le fonctionnement du monde qu’il a créé. Le croyant sait que Dieu n’intervient jamais pour défaire ce qu’il a fait. Le croyant refuse d’admettre que Dieu puisse sabaisser au rang d’un magicien ou d’un faiseur de miracles, soit pour épater l’assemblée, soit pour ratifier la justice d’une cause.

Penser alors que Jésus serait vivant seulement parce que Dieu aurait fait le «miracle» de réanimer son cadavre pour le réintroduire à nouveau dans ce monde des vivants, en renversant la pierre de son tombeau, ce n’est pas seulement admettre la fabrication du sensationnel, du fantastique et du merveilleux comme une procédure normale du comportement de Dieu, mais ce serait aussi vider de son contenu profond la foi chrétienne en la continuité de la présence vivante de Jésus, même après sa mort. En effet, même en admettant, par absurde, que Dieu ait fait le «miracle» de redonner vie au cadavre de Jésus, en lintroduisant à nouveau dans le monde concret et historique des vivants, ce prodige, qui se passe dans le monde extérieur,  peut, tout au plus, m’épater, mais reste complètement extérieur à ma vie; il ne m’affecte pas et n’apporte rien à mon existence. Ici, Jésus seul profite de la puissance miraculeuse de Dieu; et dans ce miracle, Jésus est ressuscité pour lui et non pas pour moi. Dans ce miracle, Jésus est vivant pour lui et non pas pour moi. Cette résurrection, finalement, ne me concerne pas. Mais cela va contre l’affirmation la plus fondamentale de la foi chrétienne qui proclame que le Seigneur est vivant pour moi. C’est pour nous qu’il est ressuscité et pour notre salut. Cette résurrection nous concerne tous, car tous nous sommes ressuscités à une nouvelle vie grâce à lui.

MB

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire