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dimanche 2 décembre 2012

Attendre nous aide à vivre...


VIVRE  C'EST ATTENDRE

Le message chrétien oblige ses adeptes à réfléchir de temps en temps sur certaines postures intérieures qui sont essentielles à une existence humaine. Chaque année, avant Noel, au cours d'une période de quatre semaines appelée  «Avent»,  les chrétiens sont  invités  à se mettre dans une attitude  d’attente.  «Avent» est  précisément un mot qui signifie que quelque chose est en train d’arriver et que donc nous devons nous  préparer à y  faire face. Dans ce mot il y a aussi un  élément  de surprise. Ce qui donne de la saveur à notre vie, c’est justement le facteur surprise; c’est l’imprévisibilité des événements qui nous permet de vivre en état d’alerte et d’expérimenter la vitalité de notre existence. Si notre vie se déroulait exactement  selon un schéma planifié et prévu à l’avance, elle serait sans surprise, sans stupeur, sans nouveauté et donc d’une monotonie exaspérante. Heureusement qu’il n’en est jamais ainsi! La vie se charge de nous surprendre continuellement : «l’homme propose, mais Dieu dispose», dit le proverbe.
Ce que nous décidons, cela  ne nous surprend pas, mais ce que Dieu décide pour nous, c’est cela qui nous surprend, car nous ne savons pas à l’avance sur quelles routes il va engager notre vie. Cette période liturgique de l’Avent est là justement  pour nous dire, à nous, les chrétiens: « Faites attention ! Dieu est imprévisible; il a ses plans qui souvent ne coïncident  pas avec les vôtres. Dieu est bouleversant. Soyez donc  toujours prêts à changer les vôtres pour vous adapter aux siens, car ce sont  ses plans qui comptent et non pas les vôtres; soyez des êtres ouverts, disponibles aux changements ; ne vous enlisez pas, ne vous enracinez pas, ne vous figez pas dans vos idées, vos convictions, vos attachements, vos attitudes, vos habitudes. Seulement si vous attendez encore quelque chose de vous, de la vie, vous aurez une chance d’avancer, de progresser, de changer,  de croître. Ceux qui n‘attendent plus rien, ces gens là ont aussi cessé de vivre. Il n’y a de la vie que dans le changement, l’évolution, car c’est la seule façon qui nous permet de progresser. Il y a des gens qui, dans la vie ne veulent pas de surprises, ils ne veulent que des certitudes. Ces gens là  vivent à la surface d’eux-mêmes, jamais en profondeur. Car ceux qui cherchent à donner de l’intensité et de la profondeur à leur existence sont appelés à se projeter  en-avant et à vivre  de l’avant. Au début de  l’année liturgique, l’Église a donc raison de nous rappeler  que Dieu nous a fait pour aller en Avant, vers ce qui doit advenir.

L’autre élément de ce temps c’est l’attente. Toute chose a un temps d’attente, de germination, d’incubation, de fermentation. Rien ne naît, ne surgit  avant son temps. Pour faire un enfant il faut neuf mois. Pour que le printemps arrive, il faut laisser passer le froid et l’hiver. Pour que le bourgeon sorte de la terre et devienne une fleur ou un arbre, il faut attendre, leur donner du temps …beaucoup de temps ….Dans notre vie, c’est la même chose !…C’est  le temps que nous passons à nous travailler et à labourer le terrain dans lequel nous sommes plantés, qui nous transforme, qui nous fait  pousser, qui nous fait grandir, qui nous fait mûrir. Il y a des gens qui ne savent pas attendre et qui veulent tout et tout de suite. Ces gens là aussi manquent de profondeur et seront emportés par la première tempête. L’attente c’est ténacité, détermination, persévérance; c’est espérer même si  rien ne semble paraître à l’horizon; même si on ne voit pas le résultat de nos actions; c’est croire que le meilleur  est toujours à venir, qu’il est  en avant et qu’un  jour l’amour, la  réussite, le  bonheur, le  salut nous attraperont. L’attente c’est le temps que nous donnons, que nous nous donnons,  pour que les efforts, les  forces, les capacités, les talents, les aspirations qui nous animent et que nous  déployons puissent advenir dans notre vie… et se convertir en événements  salutaires. Le possible  devient souvent réalité pour ceux qui savent  attendre

Mais on ne vit en état d’attente que si on est capable de vivre en état d’alerte. L’alerte nous permet de saisir l’opportunité de la réussite, la grâce de la rencontre, les semences du bonheur qui finissent toujours par croiser notre vie. Il y a un verbe qui revient souvent en ce temps liturgique de l’Avent : «Veillez! … Soyez sur vos gardes ». Dans notre société il y a des gardes, des gardiens, des systèmes de surveillance ou  d’alarme partout... Nous sommes continuellement sur nos gardes en ce qui concerne notre vie matérielle, mais nous sommes souvent des zombis, des êtres endormis  lorsqu’il s’agit de notre vie spirituelle, de la vitalité de notre âme et d’interpréter les signes de cette divine  présence qui envahi tout. Souvent nous ne nous rendons pas compte que l’agitation, l’affolement, la frénésie de nos rythmes de vie, avec toutes les contraintes induites par la satisfaction de nos innombrables  besoins… nous étourdissent, nous abrutissent et nous rendent indifférents et insensibles aux murmures et aux sollicitations de l’esprit qui veut ennoblir et élever notre âme  .. nous y perdons littéralement  notre âme… nous nous laissons voler notre âme …. Veiller c’est aussi ne pas permettre que la rapacité, la  brutalité de la vie  nous prive de notre  âme; ne pas permettre que  nous devenions les esclaves de nos besoins et de nos ambitions  matérielles  au prix de notre âme; c’est  être capable d’imprimer à notre vie le virage nécessaire  pour qu’elle puisse s’orienter  autrement.

Et c’est  surtout à nous, les chrétiens et les disciples du Seigneur, que cette invitation à veiller est adressée  aujourd’hui avec insistance. Nous, les chrétiens, devons être particulièrement attentifs à ce qui occupe notre âme; nous devons veiller à  façonner et à  mouler en nous une âme de disciples de Jésus; nous devons donc  surveiller quel esprit l’habite, quel amour la fait frémir, vers quelles valeurs elle est orientée; quels sont les intérêts, les désirs, les passions  qui la font vivre …
Pour nous les chrétiens, Dieu est  là, il  est présent, il parle, il se manifeste partout mais surtout dans la  personne de Jésus, dans son enseignement, dans son action, dans son esprit …est-ce que ton âme l’aperçoit?  S’en nourrit-elle?  Veilles-tu à ce que  se réalise aussi dans ta vie une certaine manifestation de Dieu ? Désires-tu que ton âme soit capable devibrer en harmonie avec le monde de Dieu? Ou est-elle  sensible seulement  au tintamarre du monde des hommes? Quelle sorte de Dieu habite ton âme ?  Quelle sont les divinités qui adviennent  dans ta vie? Quel Dieu attends-tu? Qu’est-ce qui occupe ton cœur? Quels sont  tes attentes?

MB

(1e dim. Avent  B 2011)

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