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jeudi 20 décembre 2012

JÉSUS EST-IL LE SAUVEUR ?



Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre?

(Mt 11, 2-11)


Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous attendre un autre? C’est le message que Jean-Baptiste du fond de sa prison fit parvenir à Jésus. On peut imaginer Jean-Baptiste, renfermé par Hérode dans l’obscurité d’une prison humide dans l’attente d’être exécuté à mort et recevant des nouvelles de son cousin, le Rabbi Jésus, qui prêche à de grandes foules et qui fait des miracles. Jean a dû  penser que c’était certainement lui le Messie, le libérateur attendu, il est donc humain et compréhensible que le Baptiste espère qu’un jour ou l’autre ce Messie libérateur se révèle pour ce qu’il est, qu’il sorte de l’ombre et de l’anonymat et qu’il prenne enfin les armes pour venir le libérer. Mais au fil du temps, Jean est déçu. Le messie ne bouge pas, ne se produit pas, ne se manifeste pas. Le comportement de Jésus est décevant ; sa façon d’agir est à l'opposé de celle d'un messie politique, militaire et guerrier  que tous attendaient. Jésus était contre la violence. Jésus est un doux, un pacifique et un homme de Dieu, un prophète qui prêche l'amour universel entre les hommes, l’amour envers les ennemis, la douceur, le pardon, le respect des autorités constituées. Il ne se soucie pas de la situation politique de ses contemporains, mais de la qualité de leur relation avec Dieu. Jean  commence à douter du plus grand des prophètes, il pense qu'il s’est  trompé sur son compte. Dans l'Évangile d'aujourd'hui Jean  apparaît comme un homme profondément déçu dans ses attentes. Comme les disciples d'Emmaüs, ils  avaient espérés ... mais rien ne s'est passé. Donc, la question angoissante: Est-ce que je me suis trompé dans mes pressentiments? Est-ce que j’ai eu tort de mettre en cet homme mes espoirs en le présentant  comme le Messie de Dieu ? Et si ce n’était  pas lui? Et si tout cela n’était qu’une illusion ?

Levez la main ceux qui n'ont jamais eu ce genre de doutes. Personnellement, comme chrétien et comme prêtre je me suis souvent demandé: « N’ai-je pas fait une bêtise à miser toute ma vie sur la personne de Jésus de Nazareth? À renoncer pour lui et pour sa cause à une vie normale, à une femme, à une famille, à des enfants? Ne me suis-je pas illusionné? Pour plaire à Dieu, est-il vraiment nécessaire de se soumettre à une vie de sacrifice, de privation et de solitude? Chacun de vous s’est sans doute posé des questions similaires : Pourquoi Jésus? Pourquoi pas Bouddha ou Mahomet ou Vishnu, ou Jéhovah ou tout simplement l’indifférence, la négation de toute religion, l’athéisme…? Que m’apporte de plus ma foi en Jésus? Et ce Jésus en qui je crois, est-il vraiment si important, si vital comme semble le prêcher sur tous les tons le prêtre à la messe du dimanche? Son message est-il vraiment  si nouveau, si innovateur, si différent? Est-il vrai que son message a le pouvoir de transformer ma vie et de rendre ce monde un endroit  plus sûr, plus juste, plus pacifique? Est-il vraiment le  Sauveur, le Fils de Dieu? Est-il vraiment ressuscité des morts ? Est-il vraiment pour moi le chemin, la vérité et la vie ? Puis-je vraiment me fier à lui et lui confier l’orientation de toute mon existence? Ai-je raison de le prendre comme mon maître et mon modèle?  Ne suis pas un fou à le considérer comme mon Sauveur?

Soyons francs: il faut une bonne dose de foi et d’inconscience pour affirmer que Jésus est le Sauveur et Rédempteur du monde et que le monde est sauvé et que le royaume de Dieu, prêché et promis par Jésus, est en train de se réaliser …. Mais où est-il ce monde sauvé? Où sont-ils ces gens rachetés et libérés? Regardons autour de nous, après deux mille ans de christianisme, avez-vous l'impression de vivre dans un monde sauvé? Après plus de deux mille ans de christianisme, avez-vous l'impression que quelque chose ait changée et que le monde et la société d'aujourd'hui soient en fait en meilleure condition que ceux de hier?

Parfois je me demande à quoi a pu bien servir la présence du Fils de Dieu parmi nous, son message d'amour et de la libération, la présence d'une communauté de disciples, si  le monde est toujours le même; si, par bien des aspects, le monde semble un lieu plus dangereux et insécure qu’avant; si les hommes continuent à se haïr et à se faire la guerre; si les progrès scientifiques que les hommes ont acquis sont utilisés pour saccager, bouleverser et contaminer mortellement  la planète ou  pour mettre au point des armes capables d'anéantir en quelques minutes  toute forme de vie sur la terre ? Si les nouvelles générations cherchent  ailleurs les valeurs qui peuvent les satisfaire et les sauver, parce que le message chrétien leur est devenu indigeste à cause d’une mauvaise présentation et d’une mauvaise interprétation faites par l’institution religieuse officielle ou parce qu'ils trouvent que la force novatrice du message de Jésus a été diluée, cachée, étouffée sous une masse énorme  de règlements,  de doctrines, de dogmes, de directives morales et de lois canonique … jusqu’à lui faire perdre toute son originalité et sa charge révolutionnaire.

Si cela est vrai, alors vous comprenez l'actualité dramatique de la question du Baptiste à Jésus: «Es-tu le Messie, le Sauveur, ou devrions-nous en attendre un autre?"
Je pense que la réponse à cette question est celle que Jésus a donné à Pierre un jour, lorsque le Maître  confronté à l'incompréhension et à l'hostilité d'un grand nombre autour de lui, demanda à ses amis les plus proches si eux-aussi voulaient le quitter. Pierre eut alors cette réponse émouvante : «Seigneur, a qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle! C’est seulement grâce à toi, à ta présence, à ta parole que nous avons découvert le sens de nos vies et que nous continuons à espérer dans la possibilité d’un monde meilleur. Nous ne trouverons rien de mieux ailleurs. Si le monde est encore malade, ce n’est pas parce que ta parole ne soit pas valable ou parce que ta présence parmi nous soit  inutile, mais parce nous sommes très obstinés dans nos mauvaises habitudes, trop aveuglés  par notre ego. C’est parce que notre cœur est dur, lent à changer, insensible aux valeurs spirituelles et donc très peu disposé à s’ouvrir à ta parole et à se laisser envahir par ton Esprit qui contient pourtant le secret de la transformation et du salut de notre monde.


BM

(3 dim. Avent A, 2010)
 


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