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dimanche 2 décembre 2012

Fils de l'homme

 FILS DE L’HOMME …SI FILS DE DIEU  ….
( Luc 21, 25-36)


Ce passage de l’évangile de Luc n’est certainement pas de ceux qui nous rassurent face à l’avenir. La Bible utilise ce genre littéraire appelé «apocalyptique» (du verbe grec apocaluptô qui signifie « lever le voile» et qu’il ne faut pas prendre littéralement), pour décrire des temps de détresse, comme guerres, occupation étrangère, persécution. Ils évoquent les persécuteurs sous les traits de monstres terrifiants, comme le scénario catastrophique qui les accompagnent. Parce qu'ils sont écrits en temps de détresse, ces écrits ont comme but de réconforter les croyants et de leur transmettre des raisons pour continuer à tenir bon et à garder courage et espérance. En effet, ils «lèvent le voile », ils «révèlent » la face cachée de l'histoire. Ils annoncent le plan de Dieu qui se trouve toujours à l’arrière fond de tout ce qui arrive, la victoire finale du bien contre le mal et ils nous disent que «Dieu aura le dernier mot». Ils invitent ainsi les croyants à adopter une attitude non pas d'attente passive, mais de participation active et vigilante. Le quotidien doit être vécu à la lumière de l’espérance.

Fondamentalement, voici le message que ces textes veulent  nous transmette. Le monde va de changements en changements, de bouleversements en bouleversements, dans un processus de transformation et d’évolution continuelles qui dure  depuis  des milliards d’années; processus où la mort est nécessaire à la vie et où la vie court inévitablement vers la mort; où la fin d’une ère, d’une époque, d’un monde, n’est que le prélude qui annonce le jaillissement de nouvelles convergences, de nouvelles relations, d’une nouvelle harmonie cosmique, fondée sur des formes de vie plus adaptées, plus variées, plus complexes, plus perfectionnées, plus spiritualisées. Finalement, tous ces bouleversements semblent avoir une direction; ils semblent annoncer l’apparition d’un perfectionnement ultime de la création qui, selon les textes sacrés, se réalisera avec la venue d’un « fils de l’homme»: «alors on verra  le fils de l’homme  venir …»

Les chrétiens qui ont lu ces textes ont identifié ce «fils de l’homme» à Jésus de Nazareth. Mais pourquoi? Parce que, à leurs yeux, en Jésus s’est réalisé l’idéal de l’homme parfait. Jésus était pour eux l’incarnation de l’homme dans son intégrité; de l’homme tel qu’il devrait être s’il n’avait pas été corrompu par le mal; de l’homme tel qu’il est voulu par Dieu; de l’homme rétabli dans son état d’innocence et d’authenticité originales; de l’homme libre et libéré des conditionnements qui l’égarent souvent loin de sa nature véritable. Jésus est apparu à ceux qui l’ont connu et qui ont cru en lui comme une merveille d’humanité; comme la réalisation parfaite du  prototype «humain». Pour savoir  ce que c’est un être humain vrai, sain, certifié conforme, tel qu’il été voulu et pensé par Dieu, il faut regarder Jésus; il faut se refaire à l’humanité de Homme de Nazareth. Pour les chrétiens de l’évangile de Jean, c’est le procureur romain Ponce Pilate qui, sans le savoir, a le mieux cerné la vrai nature de Jésus, lorsqu’il l’a présenté à la foule, en disant «Voilà l’homme!».
À cause de sa parfaite et étonnante humanité, de sa fantastique dimension humaine, de sa saisissante qualité d’homme, Jésus a été considéré par ses disciples comme la personne humaine qui correspond le mieux à l’idée que Dieu se fait de l’homme; comme la meilleure réalisation de son Esprit, comme une merveille divine, un don du ciel, une grâce d’En-Haut faite à notre pauvre monde et, finalement, un homme en qui la proximité, la communion, l’intimité et la ressemblance  avec Dieu ont été à tel point frappantes que ses disciples, dès le début, n’ont pas hésité à voir en lui un être de prédilection de la part de Dieu et le « fils de Dieu» par excellence. Finalement, on peut dire que c’est parce que Jésus est un parfait  fils d’homme, qu’il est aussi  un parfait «fils de Dieu». Il n’est fils de Dieu que parce qu’il est véritablement un fils de l’homme.

Cela signifie que c’est la qualité de notre humanité qui détermine la qualité de notre filiation divine et que, inversement, pour être véritablement humains, nous devons vivre une relation filiale avec Dieu. Cela signifie que l’homme véritable doit avant tout naître comme fils de Dieu  pour devenir fils de l’homme et que c’est seulement à travers cette filiation divine que nous construisons notre véritable humanité et que nous nous réalisons en tant qu’êtres humains. Jésus nous apprends que pour vivre en êtres humains, il nous faut consentir à devenir  enfants de Dieu, c’est-à-dire à naître à la confiance en cette Source d’Amour qu’il présente comme un Père et qui nous marque de l’empreinte de son Esprit.

C’est cela qui constitue la grande révélation, la grande «apocalypse» de l’enseignement de Jésus que nous trouvons dans les évangiles: il n’est pas donné à l’homme d‘atteindre un humanisme véritable, de se réaliser pleinement en tant que personne «humaine» en dehors d’une relation «filiale» avec Dieu, faite de confiance et d’amour. Jésus nos apprend que c’est en devenant des fils de Dieu, que l’on devient des vrais fils de l’homme.

Alors nous comprenons la vérité des dernières lignes de l’évangile de ce jour qui nous disent :«Restez  éveillés  et priez,  c’est-à-dire:  entrez en relation avec Dieu dans la confiance et l’amour et ainsi vous serez jugés  dignes de paraître devant tout le monde comme des «fils d’homme»  qui savent se tenir  debout »


BM


 (1er dimanche de l’Avent  C )








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