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lundi 20 mai 2013

Cet Esprit qui fermente l’Univers



On dirait que l’évangéliste Luc a saisi l’occasion de la festivité juive de la pentecôte pour en faire le point de départ d’une réflexion sur une nouvelle compréhension de la présence de Dieu dans notre monde. Dieu ne doit plus être conçu comme un être là haut, au ciel,  au-dessus et au-delà, comme extérieur  à notre monde. La présence de Dieu est désormais caractérisée par l’intériorité ; elle se passe, elle se réalise à l’intérieur. Dieu est ce qui est à l’intérieur.  Dieu est présent de l’intérieur. Il est le fond, la profondeur des êtres. Il est ce par quoi les choses sont ce qu’elles sont et pas autre chose. Cette présence de Dieu est énergie, force, pulsion, élan qui est jaillissement d’être et source d’amour et de vie dans l’univers. Cette présence de Dieu est particulièrement palpable dans l’être humain où elle se manifeste comme conscience, intelligence et capacité d’amour. Cette présence de Dieu dans la création est caractérisée dans la Bible, comme le « rouâh»  c'est-à-dire comme «souffle» ou «esprit» de Dieu,  dans  nos langues modernes. Dans le livre de la Genèse, le Souffle de Dieu est à l’origine de la création. Il plane sur les eaux  primordiales comme pour  les féconder. Il est là comme principe et force de vie qui donne naissance à tout ce qui existe. Toujours dans le récit mythique de la Genèse, c’est son souffle que Dieu injecte  dans l’homme, tiré de la glaise, pour en faire non seulement une être vivant,  mais un être humain, c’est-à dire une créature dans laquelle la ressemblance   avec Dieu est particulièrement manifeste. C’est  surtout dans l’humain que  Dieu a  «versé» le souffle de son esprit ; c’est donc dans l’être humain que Dieu , dès le début, s’est particulièrement  manifesté et incarné.

L’évangéliste  Luc après nous avoir raconté, avec profusion de détails, l’incarnation de l’Esprit Dieu  dans la personne de Jésus de Nazareth, dans le récit de la Pentecôte il veut nous présenter l’incarnation de l’esprit  de Dieu dans la communauté de ses disciples. Il veut par là nous faire comprendre que comme il y eu un première venue du Seigneur, nous assistons maintenant à la réalisation de sa deuxième venue. Cette  deuxième venue  ne doit pas être attendue pour la fin des temps, nous dit ici Luc, mais c’est maintenant que cela se passe. C’est  maintenant  que Jésus vient encore et toujours. L’esprit de Dieu qui a été à l’oeuvre de façon unique et exemplaire en Jésus et que Jésus  nous a  transmis, ce même esprit est maintenant celui qui continue en nous et à travers nous son œuvre; c’est par son esprit en nous que Jésus  prolonge dans le temps son incarnation et sa venue.
 Cet esprit de Dieu continue l’œuvre de la création, mais cette fois-ci pour donner vie à une création nouvelle, à un monde nouveau et à un homme nouveau; non plus tiré de la boue comme l’homme de l’ancien testament lors de la création, mais tiré des entrailles de la compassion, de la lumière et de l’amour de Dieu, tels qu’ils se sont  manifestés et accomplis dans la personne du Seigneur Jésus.
 Ce monde nouveau est façonné par ce peuple de croyants (les chrétiens) appelés à vivre désormais à l’enseigne de l’amour qui a été versé dans leurs cœurs par l’Esprit de Dieu reçu de Jésus et à reconstituer l’unité, la fraternité et l’harmonie des humains dans un monde déchiré et divisé comme à Babel par les  ravages de l’égoïsme, de l’ambition , la soif de puissance et la hantise du pouvoir.

La fête de la Pentecôte cherche donc à attirer notre attention sur la communauté chrétienne comme assemblée de gens appelés à incarner l’esprit ; comme lieu  aussi de la présence de l’action et donc de la  venue permanente du Seigneur dans notre monde et dans notre  vie; venue que les évangiles qualifient  comme sa «deuxième» venue  dans l’esprit.

 Cette fête cherche aussi à nous faire réfléchir sur cette énergie divine qui est au fond de tout être, dans laquelle  l’univers tout entier baigne comme dans une source qui est à l'origine de toute vie, de tout être, de toute intelligence et de tout amour. Énergie de présence divine qui se manifeste d’une façon unique et singulière dans les humains que nous sommes. Si tous les humains sont les porteurs de l’esprit qui vient de Dieu et si cet esprit est donné à tous, voilà qu’il n’est plus une exclusivité d’une religion, d’un peuple ou d’une croyance. La Pentecôte est alors la fête de l’universalisme, de l’esprit et de l’unité des peuples. Cette fête nous pousse à abandonne nos tribalismes, nos dogmatismes, nos préjugés raciaux et sectaires, nos intolérances et à ouvrir notre esprit et notre cœur à l’acceptation des diversités et des différences, convaincus que partout  où les hommes vivent une  authentique humanité, là  aussi est à l’œuvre Dieu et son esprit.

MB

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