La signification de la foi en la résurrection de Jésus
On peut faire toutes sortes d’hypothèses pour chercher à expliquer le mystère de la résurrection du
Seigneur, cependant une chose est historiquement certaine: après la mort de Jésus quelque chose d’extraordinaire s’est passé
dans le cœur et dans l’esprit de ses disciples. Les disciples ont vécu une
expérience humaine et spirituelle unique et puissante. Ils ont été saisis et bouleversés
par une certitude étrange: Dieu était intervenu pour ratifier la vie, l’action
et l’enseignement de Jésus; Dieu avait pris Jésus avec Lui; Jésus était vivant
avec Dieu et en Dieu. Donc, son projet, son rêve (d’un monde conduit par les valeurs de Dieu),
n’étaient pas morts avec lui, mais ils
continuaient après sa mort. Et cela d’une façon d'autant plus puissante et
efficace que sa cause avait eu l’appui
de Dieu lui-même.
C’est fondamentalement
ce fait qui a contrarié au plus haut degré les autorités religieuses juives de
ce temps. Elles pensaient en avoir terminé une fois pour toutes avec le cas Jésus
de Nazareth, et avoir mis une pierre sur le mouvement spirituel issu de sa
prédication. Ce qui les a totalement déstabilisées et renversées, ce n’est pas tellement
le fait, réel ou pas, d’une supposée résurrection physique de celui qu’elles
avaient éliminé, mais le fait que son enseignement,
son message, son esprit reprennent vie de plus belle, même après sa
mort. Pour eux, Dieu ne pouvait pas avoir agi en faveur de ce délinquant
crucifié.
La foi des disciples en la résurrection de Jésus, n’était pas tellement l’affirmation d’un
fait physique et historique, ni l’affirmation d’une vérité théorique abstraite,
comme pourrait être la croyance en une vie après la mort, mais cette foi était plutôt constituée par la conviction que la Cause de Jésus avait reçu l’approbation
de Dieu et que c’était donc une Cause qu’il fallait à tout prix perpétuer, pour
laquelle il valait la peine de se battre et de mourir et que c’est pour cela
que Dieu, à travers Jésus, les avait choisis.
Croire en la résurrection
de Jésus signifiait donc pour ses disciples croire que sa parole, son projet,
son utopie, pour ainsi dire, entraient dans le plan de Dieu et que leur mise en œuvre (réalisation) marquait
un nouveau tournant dans l’histoire humaine et constituaient donc maintenant le but fondamental de leur
vie.
Le
christianisme est né de cette foi et de cette conviction. Si notre foi reproduit
la foi de Jésus (sa vision de la vie, son idée de Dieu et de l’homme, ses valeurs,
ses options religieuses, sociales et politiques, ses dispositions faces aux pauvres, aux fautifs, aux non-conformes,
son attitude face au pouvoir, etc.), elle
sera aussi difficile et conflictuelle que la sienne et que celle des premiers témoins de l’évangiles. Elle
engagera notre vie dans un combat sans répit contre les puissances de ce monde.
Mais c’est seulement à ce prix que sa cause pourra se frayer un chemin et semer
des graines de résurrection et de vie nouvelle dans notre humanité.
Par contre, si nous réduisons la résurrection à
une simple croyance en une survie au-delà de la mort, ou, dans le cas de Jésus,
en un fait physique et historique miraculeux survenu il y a deux mille ans en
Palestine, alors une résurrection de ce genre est vide de tout contenu pour ce
qui concerne la cause de Jésus. Elle n’a de sens et d’importance pour personne.
Elle ne mobilise personne pour continuer l’œuvre et la Cause du Maître de Nazareth.
Elle n’irrite, ni ne préoccupe aucune
autorité, ni aucun pouvoir de ce monde. Elle se réduit en un miracle accompli
par la toute puissance divine, qui suscite tout au plus notre stupéfaction,
mais qui ne change en rien ni notre vie, ni l’histoire des hommes.
Ce qui est
important donc ce n’est pas tellement de
croire en Jésus, mais de croire comme
Jésus. Ce n’est pas d’avoir foi en lui, mais d’avoir sa même foi. Si nous
sommes animés et transportés par sa foi, nous nous apercevrons que le monde d’en haut et le monde d’en bas ne sont pas deux mondes opposés et séparés, mais deux réalités qui fusionnent l’une dans
l’autre. À nous autres, les croyants en
Jésus, incombe la tâche de les découvrir,
de les rapprocher, de faire naître et apparaître le monde d’en haut dans le
monde d’ici-bas, pour qu’il soit ensemencé par les valeurs de Dieu, de la même
façon que ces valeurs ont imprégné l’âme et l’esprit de Jésus et transfiguré
toute son existence. «Cherche les choses d’en haut», comme le demandait saint
Paul aux chrétiens de son temps, c’est vouloir réaliser en notre monde la cause de Celui que nous, les
chrétiens, refusons de considérer comme
effacé pour toujours de la terre des
vivants.
MB
(Inspiré d’une réflexion en espagnol du Servicio Bíblico Latinoamericano)
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