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dimanche 9 août 2015

« Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ! »


(Jn 6, 24-35)


Jésus au chapitre six de l’évangile de Jean utilise l’image du pain pour nous faire comprendre qu’il y a deux sortes de nourritures qui produisent deux styles et deux qualités de vie différentes: il y des aliments périssables, qui ont une date d’échéance et qui donc, après un certain temps, sont dangereux pour notre santé; et il y a des aliments non-périssables, de longue durée. Les premiers - nous dit Jésus- ne sont pas fiables. Les deuxièmes (pensons aux produits en conserve, aux produits secs, aux pâtes alimentaires..), ne seront peut-être pas aussi appétissants et aussi agréables au goût que les premiers, mais ils sont souvent là pour assurer le quotidien de notre vie. Il y a donc une sorte de nourriture qui nous rassure et qui est toujours disponible dans notre dépense lorsque nous sommes en difficulté. Nous pouvons compter sur elle !

Avec cette comparaison de la nourriture Jésus veut nous faire comprendre que, dans notre vie humaine et spirituelle, il y a aussi une nourriture qui est sûre et une nourriture qui ne l’est pas et que nous devons donc surveiller très attentivement comment nous nous nourrissons. C’est à cela que le Maître fait allusion lorsqu’il parle d’une nourriture pour une «vie périssable», c’est-à-dire qui ne nous garantit rien de solide et de valable et d’une nourriture pour une «vie éternelle», c’est-à-dire qui nous promet la réussite d’une vie authentique et durable. Il nous rappelle donc que l’homme est ici sur terre pas seulement pour produire et consommer des biens et ainsi survivre quelque temps; mais qu’il est là afin d’arriver à une plénitude et une qualité durable de vie et que nous vivons non pas pour avoir des choses, mais pour être quelqu’un.

            Si nous tendons l’oreille, voilà ce que Jésus cherche peut-être à nous dire à travers ce texte d’évangile. «Vous ne pouvez pas et vous ne devez pas vous contenter de pain matériel. Vous avez besoin aussi d’une autre nourriture. Vous devez développer d’autres appétits, d’autres goûts, d’autres désirs, d’autres intérêts. Vous ne devez pas vous laisser alourdir et vous encombrer par les choses que vous accumulez ou que vous possédez. Ne devenez pas les esclaves de votre compte bancaire et de votre avidité. Vous ne devez pas sacrifier votre liberté pour obéir aux fausses sollicitations d’une société qui cherche à créer en vous des illusions, qui vous pousse à consommer d’une façon impulsive et frénétique en faisant croire que vous y trouverez votre bonheur. Ne laissez pas votre bateau s’envaser, s’ensabler et s’enliser dans la grève, faute de courage pour le conduire au large. Osez regarder plus loin que votre port d’attache! Osez le vent du large! Osez mettre le cap vers d’autres horizons, d’outres ports, d’autres rivages! Vous n’êtes pas faits seulement pour consommer, pour dépenser des énergies, pour accumuler des choses; pour emmagasiner des calories et chercher ensuite à les perdre… Vous n’êtes pas faits pour vous égarer dans la drogue, vous noyer dans la bière, perdre du temps dans la poursuite des derniers gadgets de la technique, des dernières trouvailles de la mode; pour passer les trois quarts de votre temps libre vautrés devant la TV à y subir un lavage de cerveau exécuté par une publicité aussi perfide et subtile que bête et idiote; à vous laisser abrutir par des films farcis de violence gratuite; à vous prostituer devant des programmes et des spectacles qui sont une insulte à votre intelligence et qui sont souvent l’œuvre de réalisateurs bornés et sans talent, qui pensent que tout le monde est comme eux et que le publique des spectateurs  est composé en majorité des débiles mentaux…».

            Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus cherche à nous ouvrir les yeux. Il fait appel à la conscience de notre dignité et à notre intelligence. Il nous dit: «Chers amis, vous n’êtes pas n’importe qui. Vous n’êtes pas nés pour un petit pain! Vous n’êtes pas venus au monde seulement pour vous remplir le ventre ou le portefeuille. Votre destin est plus noble que « métro, boulot, dodo». Vous êtes de la race de Dieu. Vous êtes à son image. Vous êtes sa manifestation en ce monde; vous en possédez les gènes; son Esprit est en vous! Vous êtes donc grands, vous avez une immense valeur. Alimentez vous donc à  la nourriture des dieux! Ne travaillez pas seulement pour vous procurer une nourriture qui se perd. Donnez-vous de la peine pour trouver un aliment qui se garde longtemps, qui nourrit non seulement  votre corps, mais aussi votre esprit. Et ce qui nourrit votre esprit vient des profondeurs les plus secrètes de votre être; là où se trouve le siège de la présence de Dieu. Ce qui nourrit votre esprit est un don de Dieu: un don qu'il vous donne pour vous élever, pour vous ennoblir, pour vous faire grandir à la dimension de votre immense dignité ...»

            L’évangile de ce dimanche devient alors une invitation à travailler pour nous procurer le pain qui nourrit notre esprit: la poésie, la littérature, la musique, les arts, l’étude, la lecture, la curiosité intellectuelle, la réflexion, la méditation, le silence, l’émerveillement, l’attention à la nature, aux choses, aux animaux, aux autres, la sensibilité, la gentillesse, la douceur, la tendresse, l’amour, le pardon, etc.

Pour nous, les disciples du Maître de Nazareth, notre nourriture c’est Lui: c’est l’attachement que nous ressentons pour sa personne; c’est l’émerveillement que sa parole suscite en nos cœurs et qui nous fait tressaillir intérieurement; c’est la fascination que sa personnalité exerce sur notre existence; c’est l‘ouverture de notre esprit à son Esprit, c’est-à-dire à ses valeurs, à sa foi, à sa perception de Dieu et de l’homme… oui cela est notre pain! C’est de ce pain que nous devrions nous alimenter! C’est ce pain qui est capable de nous soutenir vraiment! Ce pain est son Esprit en nous, son Dieu d’amour découvert dans les profondeurs de notre être, son immense liberté, sa vision de la réalité… toutes ces valeurs qui nous viennent de Lui, qui creusent une trace profonde dans notre cœur et qui orientent les choix fondamentaux de notre existence.

Voilà  donc l’autre genre pain que nous devons mettre sur notre table! Voilà la vraie nourriture donc nous avons besoin pour faire grandir en nous notre humanité! Sans ce pain nous ne sortirons jamais de notre animalité. Nous resterons au niveau du sol et nous n’atteindrons jamais les hauteurs auxquelles nous sommes appelés en tant que créatures faites à l’image de Dieu.
           
 Et voilà pourquoi dans l’évangile de Jean (chapitre 6), Jésus se pose devant nous comme le pain que nous devons manger. Ceux qui se nourrissent de lui (de ce qu’il est, de ce qu’il fait, de ce qu’il dit, de ce qu’il pense…) feront l’expérience de ce qu’est une vie heureuse, lumineuse et réussie aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu.

BM

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