(Jean 10, 11-18)
Dans
les évangiles tous les textes sont là pour nous faire réfléchir; mais il y a en
a qui ont le pouvoir de nous saisir d’avantage et même de nous mettre à l’envers.
Celui que nous venons de lire est un. Le texte cherche à nous parler à travers
un ensemble d’images tirées de la vie des bergers palestiniens du temps de
Jésus. Tout compte fait, l’enseignement que ce passage veut transmettre est assez
simple. Il nous dit que Dieu est comme un berger. Il agit, il réagit comme un pasteur
agit et réagit en présence de ses brebis. Jésus veut nous apprendre par là que ce
que Dieu ressent à notre égard est comparable à ce qu’un bon pasteur ressent pour
ses brebis. Pour un berger qui n’a que ses brebis et qui ne vit que pour elles
et d’elles, ses brebis représentent toute sa subsistance et même toute son
existence. Ses brebis lui sont nécessaires, indispensables. Un berger, si vous
lui enlevez ses brebis, ne serait plus grand-chose: il n’aurait plus rien et, souvent,
il ne serait plus rien. Ses brebis sont tout ce qu’il est et ce qu’il a ;
elles sont, pour ainsi dire, toute sa vie C‘est pour cela qu’il en prend soin,
qu’il les aime, qu’ils les connaît toutes, individuellement, par leur nom,
qu’il ne finit pas de les compter pour s’assurer qu’elles sont bien toutes là…
pour être certain qu’il n’y en ait aucune qui s’égare en chemin et que toutes
entrent dans la sécurité du bercail.
Et
bien, nous dit Jésus, pour Dieu, vous êtes comme ses brebis; vous êtes ce qu’il
a de plus cher, de plus précieux; vous êtes toute sa vie; pour Dieu, vous aussi
vous êtes nécessaires, indispensables… Par ces images, Jésus cherche donc à
nous transmette une autre façon de
concevoir et de penser Dieu. Et cette autre façon de concevoir Dieu à première
vue, nous déconcerte. En effet, c’est quelque chose de se faire dire que nous
sommes nécessaire à Dieu; que Dieu a besoin de nous, que Dieu sans nous n’est
rien !!!… Une affirmation de ce genre nous choque ! Voyons! Qu’est que tu dis là,
Jésus de Nazareth ? On nous a toujours prêché le contraire ! On a toujours
entendu le contraire !
Et
pourtant, c’est bien cela que Jésus cherche à nous dire à travers l’image du
berger. C’est vrai - nous dit-il - que vous avez besoin de Dieu !!!… Mais
figurez-vous que Dieu aussi a besoin de vous. Réfléchissez ! Que serait-il sans
vous? Un père sans enfants; une miséricorde sans pardon; une gratuité sans grâce,
une générosité sans possibilité de donner; une bonté sans chance de faire du
bien; un océan d’amour qui ne pourrait se répandre sur personne; un cœur débordant
de tendresse, mais sans personne pour aimer; une immensité que resterait fermée
dans sa solitude immense, parce que personne ne l’habiterait; une voix sans
personne pour l’écouter ; une parole qui resterait sans réponse; une
intelligence infinie sans aucune compréhension; une beauté sans aucun
admirateur; une présence et une plénitude d’être qui seraient à tout jamais
inconnues et donc pratiquement inexistantes, car aucune autre intelligence serait
là pour s’en rendre compte, les nommer et s’extasier devant elles dans un
ravissement d’émerveillement, d’adoration et de reconnaissance. Et s’il est
vrai de dire que s’il n’y avait pas de brebis, il n’y aurait pas de pasteur;
dans un certain sens il est vrai aussi de dire que s’il n’y avait pas d’homme
(d’intelligence créée), il n’y aurait pas de Dieu, car il n’y aurait personne
dans l’univers pour se rendre compte de sa présence et de son existence.
Dieu
a besoin de vous, semble nous dire Jésus. Dieu vous aime comme ses enfants les
plus chers. Vous donnez vie à Dieu en ce monde; et Dieu, à son tour, vous
permet de vivre en humain en ce monde. En vous rassurant de son amour et de sa
présence, il fait en sorte que vous viviez dans cette confiance qui vous libère
des toutes les peurs qui empoisonnent votre vie et qui souvent vous rendent
inhumains.
Voilà le message central de ce
passage d’évangile.
Il
y a, cependant, dans ce texte un autre point sur lequel je voudrais attirer votre
attention. Jésus insiste sur le fait que pour entrer dans le bercail, non
seulement il faut passer par la porte, mais que c’est lui la porte. Jésus
semble avancer ici une prétention inouïe. Il semble insinuer que c’est seulement
par lui, c'est-à-dire dire par l’intermédiaire de sa présence dans l’histoire
et dans la vie de chacun, que nous réussissons à trouver les moyens dont nous
avons besoin pour réussir notre existence, ainsi que l’accompagnement et l’aide
nécessaire pour la ramener à la sécurité du bercail.
C’est
un fait que nous sommes tous obsédés par la recherche de notre sécurité. Nous sommes
tous des brebis à la recherche d’un bercail où nous pouvons nous sentir rassurés
et protégé. C'est sans doute une réaction au fait que nous vivions notre
existence dans un état d’insécurité profonde. Nous sentons en effet que nous
sommes fondamentalement des êtres fragiles, vulnérables, menacés. Alors, nous cuirasser,
nous prémunir, nous protéger des dangers et des imprévus; prévoir les mauvais
coups et les mauvaises surprises, devient notre souci principal. C’est pour
cela que nous nous blindons avec toutes sortes d’assurances. Nous assurons
tout : notre maison, notre voiture, notre chien, nos biens, notre travail,
nos voyages, notre santé, notre nez, nos jambes, nos seins, notre vie….
Mais
ce n’est pas tout ! Nous pensons que la clef qui ouvre la porte de la sécurité
et du bonheur nous l’avons dans notre poche et qu’il suffit de la sortir pour l’utiliser
!!! Nous les connaissons les portes qui introduisent dans le bonheur terrestre !
Elles s’appellent la beauté, la belle apparence, la bonne forme physique, la
silhouette svelte et séduisante, l’argent, le pouvoir, le succès, la renommée,
ne jamais manquer de rien, se permettre toutes les expériences …vivre la vie à
plein … comme on dit! …
Le
texte de l’évangile semble vouloir nous mettre en garde contre ces autres
messies, ces autres prophètes, ces autres pasteurs qui cherchent à nous séduire
et nous convaincre de passer par toutes ces portes. Méfiez-vous! -nous avertit
l’évangile d’aujourd’hui- de ces passages faciles vers la réussite et le
bonheur ! Il se pourrait que ce soient des attrapes…. Ça peut mener nulle part !
Ça peut vous faire mal ! Ça peut vous décevoir !!! Ces faux prophètes et ces faux
pasteurs ne cherchent pas votre bien-être, mais seulement leurs intérêts. Ils
sont des êtres rusés et malins qui profitent de vos faiblesses, de votre bonne
foi, de votre ignorance pour s’enrichir à vos dépens. Ils ne viennent pas en
mon nom ; ils ne sont pas animés par mon Esprit,… alors ne les croyez pas ! Restez
loin d’eux, car ils ne sont que de profiteurs, des bandits et de voleurs !
La seule porte
fiable, c’est moi, nous avertit Jésus dans l’évangile d’aujourd’hui. C’est par
moi, en faisant confiance à ma parole et à mon Esprit, que vous trouverez votre
sécurité et votre bonheur. C’est seulement à travers la foi en la présence de
Dieu dans votre vie et dans la confiance en son amour inconditionnel, que vous
vous sentirez véritablement en sécurité sous la protection de sa tendresse et
de son amour.
BM
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