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mercredi 23 octobre 2013

RÉFLEXIONS SUR LA PRIÈRE ET LA FOI


(Luc 18, 1-8)

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus parle de la prière. Et il veut sans doute nous faire comprendre ce que signifie pour lui prier. Le texte de l'évangile semble nous dire que la prière n'est pas une tâche facile et que ceux qui veulent se lancer dans cette expérience, risquent de faire face à beaucoup de déceptions s’ils  n’ont pas une idée exacte de ce que signifie prier. La personne qui prie est un chercheur de Dieu; est  quelqu’un qui cherche à entrer en contact avec Dieu dans un monde où Dieu semble totalement absent. Celui qui prie est quelqu’un qui tente d'accéder à la source de la bonté, de la pureté, de l’innocence, de l'amour, de la compassion, dans un monde qui parait bâti à l’enseigne de la médiocrité, de la vulgarité, de la méchanceté, de l'égoïsme, de la haine, de  la violence. Celui  qui prie est comme un prisonnier qui cherche à atteindre la lumière pour échapper à  l’obscurité de son cachot. Celui qui prie est comme un asthmatique qui a besoin de respirer un air plus pur pour ne pas suffoquer dans la pollution qui l’entoure.

            Mais Jésus ici semble nous avertir que le priant sera inévitablement confronté au découragement et à la déception, surtout s’il transforme sa prière en une constante requête d’aide et de faveurs. En effet Dieu semble inaccessible, muet, absent. Dieu ne donne jamais le moindre signe de sa présence. C’est pour cela que celui qui, dans la prière, s’adresse à Dieu, doit le faire avec beaucoup de foi, c’est-à-dire avec obstination, avec insistance. Il ne doit pas se décourager s’il n’obtient  pas de réponse. Il doit croire qu'à la fin Dieu finira par donner signe de vie, si on lui demande ce qui est vraiment nécessaire à la construction d'un monde meilleur et au vrai bonheur de la personne qui prie. La veuve de la parabole sait qu'il ne lui sera pas aisé de franchir le mur de l'indifférence et de la méchanceté de ce juge duquel, cependant, elle attend la bonne action qui la rétablira dans son droit  et qui lui redonnera la paix et à la sérénité. Et c'est son insistance et sa persévérance à croire en la bonté de cet homme, en dépit de toutes les apparences, qui a fini par lui procurer l'accomplissement de sa prière.

Jésus semble donc vouloir nous dire qu'il est normal d'avoir parfois l'impression que Dieu ne nous écoute pas; qu’il prend son temps; qu’il se laisse désirer. Jésus veux que nous comprenions que Dieu est le tout autre et que, par conséquent, il n’est pas à notre portée. Jésus veut habituer son disciple à vivre, pour ainsi dire, sans Dieu, en croyant qu’il est là, mais en sachant aussi qu’Il nous laisse à nous-mêmes, comme des adultes capables de se débrouiller tous seuls et  auxquels il suffit de savoir que, quelque part, un Être qui les aime a placé  au plus profond de chacun d’eux un potentiel (humain et spirituel) largement suffisant pour faire face aux aléas de l’existence; et qu’ils n’ont donc aucune raison d’agir comme des enfant gâtés qui paniquent à chaque secousse et qui crient vers Dieu chaque fois qu’ils se trouvent dans le pétrin. Jésus veut que le disciple soit conscient que son destin consiste à marcher en adulte dans la vie, sans  trop compter sur Dieu pour régler ses problèmes; qu’il ne doit pas s’étonner si, la plupart du temps, Dieu parait absent, sourd à ses appels, indifférent à ses  besoins et à ses prières. Jésus veut que le disciple sache qu’il est normal de se sentir seul et abandonné. Cette solitude Jésus l’a expérimentée toute sa vie et même au moment où il aurait eu le plus besoin de sentir la proximité de son Dieu, il a été obligé de constater, dans un cri de douleur, que Dieu l’avait abandonné.

Dieu est Dieu, nous dit Jésus. Dieu est infiniment libre et indépendant. On ne peut pas prétendre pouvoir le manipuler ou l’utiliser à notre guise; le plier à notre volonté et en fonction de nos besoins. Cela est vrai autant pour les individus que pour les institutions. Aucune religion ni aucune autorité religieuse ne peut prétendre détenir le pouvoir de forcer Dieu à faire ce qu'elle veut  ou de l’obliger à se soumettre aux besoins et aux exigences de ses doctrines, de son culte et de ses rites. Combien de fois, comme église ou comme hommes d’Église, avons-nous osé demander à Dieu: «J'ai besoin que tu interviennes, j'ai besoin que tu fasses ce miracle, j'ai besoin qu’ici tu accordes ta grâce, j'ai besoin de ton action toute-puissante pour rendre crédible mes doctrines, mon organisation… parce que je suis le pape, parce que je suis un évêque, un prêtre et que j'ai le pouvoir d'exiger; parce que je suis le célébrant ordonné et que j’ai prononcé les paroles de la consécration; parce que je suis le confesseur et que j'ai donné l'absolution; parce que nous, les chrétiens, avons reçus les sacrements dans lesquels  tu es obligé, toi Dieu, de nous donner ta grâce, ton pardon, ton esprit, ta présence, ton salut éternel….».

Jésus nous enseigne que si Dieu semble être absent aux événements de notre vie et indifférent à notre sort, en réalité, les choses ne se passent pas ainsi. En fait, si notre foi en Dieu est authentique; si elle est comme la foi de Jésus, faite d’abandon et de confiance dans la sollicitude, la bonté et la tendresse de Dieu qu'il s’obstine à nous présenter comme un Père attentif et aimant, alors nous comprenons aussi que l’absence de Dieu et son apparente indifférence à notre égard ne sont finalement rien d’autre que la forme d'un amour extrêmement respectueux de notre dignité, de notre grandeur et de notre liberté. Nous comprendrons que l'accès à la salle de la présence de Dieu doit être ouvert avec la clef de la fidélité, de la persévérance et de la confiance. Car la foi est aussi cela: croire contre toute apparence, contre toute évidence, contre toute attente ; croire même lorsque rien ne semble plus être possible …

Grâce à la parabole d'aujourd'hui, Jésus nous dit: « Même dans l'obscurité, continue de regarder en avant. Tu verras qu’à la fin, la lumière apparaitra. Ne désespère jamais. Dieu qui est au début de ton existence,  sera aussi le Dieu de ta fin. Même si tu as toujours marché dans le noir; même si tu as le sentiment d’avoir toujours prié dans le vide et d’avoir parcouru en solitaire le voyage de la vie; même si tu as l’impression qu’aucun Dieu était là pour soutenir tes pas,… tu peux être assuré que lorsque tu arriveras au terme de ta vie, tu ne te précipiteras pas dans le vide, mais dans les bras d'un Être d'amour qui t’a accompagné à ton insu tout au long du chemin».


MB


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