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dimanche 16 juin 2013

LA FEMME QUI A BEAUCOUP AIMÉ


(Luc 7, 36-50)

J'aime  beaucoup ce texte de l’évangile d’aujourd’hui.  Et je l'aime pour différentes raisons. Tout d'abord parce qu'il nous montre un Jésus entouré de femmes et à l'aise avec les femmes. Il les veut  près de lui dans ses voyages; il les veut  autour de lui au cours de sa mission. Les femmes qui le suivent comme des admiratrices, des amies, des collaboratrices, des aides. Elles le suivent ou plutôt entourent Jésus d’amour, de tendresse, de dévotion, d’abnégation, de reconnaissance. L'Évangile nous a même laissé les noms de certaines de ces femmes de l’entourage de Jésus : Marie Magdala, Jeanne, Suzanne et beaucoup d'autres qui l’assistaient  de leurs biens. C'est vraiment fantastique et en même temps révolutionnaire de voir  Jésus qui ne se laisse pas influencer par les attitudes, les tabous et les préjugés de  la société et de  la culture de son temps. Société et culture qui ne donnaient aucune importance aux femmes: les femmes ne pouvaient paraître en public, elles  n'avaient pas de droits, mais seulement des devoirs; elles n’étaient même pas considérées comme des personnes, mais comme des objets, des animaux de travail, comme la propriété de leurs maris, un peu comme il arrive aujourd’hui encore dans certains pays de culture et de religion musulmane.

En ce sens, Jésus est un révolutionnaire, un sauveur, un prophète aux idées nouvelles et libératrices et qui se situe à des années-lumière des idées du monde dans lequel il vivait. C'est Jésus de Nazareth qui a commencé, pour ainsi dire, le mouvement de libération et d'émancipation des femmes. Il a été le premier à proclamer que les hommes et la femme sont égaux devant Dieu et pour Dieu. C'est celui qui le premier a affirmé que devant Dieu les différences de sexe 
n’ont aucune importance, parce que autant la femme que  l’homme sont enfants de Dieu à part entière, avec la  même dignité, la même valeur, la même importance et  la même grandeur. C'est Jésus qui le premier a traité les femmes avec respect, déférence, courtoisie, attention, s'arrêtant pour leur parler, lorsqu’il les rencontrait sur la route ; en se montrant plein de   compréhension  sympathie, compassion, tendresse et amour, surtout quand ils les voyait abandonnées, persécutées, accusées, battues, malades, souffrantes, ne craignant  pas de briser avec le tabous et les préjugés de son époque.

Jésus n'a jamais restés indifférent à la souffrance et aux larmes d'une femme. La douleur des femmes l’atteignait  directement au cœur au point de le faire pleurer. Les femmes ont été pendant si longtemps  humiliés, opprimées, écrasées, exploitées, qu’on aurait dit que Jésus voulait mettre fin une fois pour toutes à leurs souffrances,  en enseignant à ses disciples à apprécier et à découvrir les merveilleuses richesses que ces créatures portent dans  leur cœur. 

Si Jésus est notre Sauveur et notre libérateur, il l’est d’une façon toute spéciale pour les femmes. Et si vous vous demandez pourquoi, dans notre monde occidental, la situation des femmes est si différente de celle qui existe dans beaucoup de Pays du Moyen Orient ou d’Asie… si vous vous demandez pourquoi, ici en Occident, les femmes vivent dans la liberté, dans le respect et la reconnaissance de leurs droits, de leurs capacités, de leur dignité et  de leur  égalité avec les hommes …si   vous vous demandez pourquoi, ici, il n 'y a officiellement pas de discrimination fondée sur la différences des sexes, et bien ... la  réponse est simple: parce que l'Occident, ayant adopté  la culture chrétienne, a  fait passer dans sa façon de penser et d’agir  les enseignements de Jésus de Nazareth sur les femmes. Et cet enseignement, après deux mille ans, a réussi à infiltrer, à influencer la législation de tous les gouvernements occidentaux.

J’aime beaucoup cet épisode de l’évangile
parce que je vois Jésus dorloté, bichonné, câliné par l’attention tendre et amoureuse de cette femme de mauvaise réputation. Mais Jésus s’en fiche éperdument de ce que cette femme est ou a pu être dans le passé. Il s’en fiche de ce que les autres peuvent bien penser d’elle. Ce que Jésus regarde, ce qui importe maintenant pour lui, est l'immense capacité d'amour que cette femme possède. Jésus ne regarde pas ses erreurs, ses irrégularités, sa vie peut-être très peu "exemplaire ". Chez cette  femme il ne voit que l’élan impétueux d’un  amour qui l’enveloppe de toute part ; il ne voit que la tendresse débordante dont cette créature semble être capable. Et c'est cela qui  le frappe et qui le fascine. Quelle différence d’attitude et de comportement entre cette femme et le pharisien!  Et il est facile de voir vers qui va la préférence de Jésus!

C’est le pharisien qui a invité Jésus. Ce pharisien est un  homme juste, droit , irréprochable. C’est un  homme de principes, qui observe méticuleusement toutes les prescriptions de la Loi. Il a le sens du devoir. Il est convaincu que l’on ne badine pas avec l’existence. La vie est quelque chose de sérieux et on ne peut pas se permettre de gaspiller son temps à batifoler, à folâtrer, à adopter des comportements superficiels ou inutiles comme jouer, s’amuser, plaisanter, rire, flirter, faire l'amour. En effet, tout ce qui de près ou de loin  lui rappelle le plaisir, l'amour ou le sexe, l’indispose et le fige dans une attitude de rejet et de réprobation.  Personnellement  jamais  il ne se permet un geste d'affection, un mot doux, un sourire de complicité, parce qu'il pense que la tendresse, la douceur et l'amour sont les symptômes de faiblesse chez un homme comme lui. En fin de compte ce pharisien est un homme «constipé», amer, obsessionnel,  fermé, égoïste, et une personne qui ne connait pas qu’est-ce que c’est que la joie de vivre.
 
Jésus semble dire: «Simon, que ta vie est triste. Tu penses  être un homme de valeur, intègre, irréprochable, mais tu fais pitié lorsque je compare ta vie à celle de cette femme. Et tu sais pourquoi? Parce que te ne sais pas aimer …et elle a de l’amour à revendre !  Vois-tu cette  femme? Je suis entré dans ta maison et tu ne m'as pas donné un peu d'eau pour laver mes pieds: mais elle a lavé mes pieds de ses larmes et les essuya  avec ses cheveux. Tu ne m’as pas donné l’accolade de bienvenue, elle, depuis que je suis entré, n'a pas cessé d'embrasser mes pieds. Tu n’as pas parfumé ma tête, elle a parfumé même mes pieds.

 Jésus  tente ici d'ouvrir une brèche dans le mur que le pharisien Simon a élevé entre lui et les autres, dans son obsession de protéger et de renforcer sa respectabilité. Jésus essaye d'atteindre le cœur du malheureux et peut-être de lui faire découvrir que dans la vie d’une personne il y a aussi les sentiments, les pulsions, les passions, les raisons du cœur et non seulement la nécessité du devoir, les obligations de la loi et les préceptes de la religion.

Jésus veut faire comprendre  au  pharisien  et à tous ceux qui lui ressemblent, que devant Dieu et pour Dieu,  valent plus les personnes qui, dans leur vie, se laissent guider par les élans de leurs cœurs, que celles qui obéissent  uniquement  aux préceptes froids de leur raison (souvent angoissées et  obsédées par les impératifs du devoir, de la probité et de la moralité). Jésus essaie de nous faire 
comprendre que c’est finalement l'amour qui donne valeur à la vie d'une personne et qui la rend agréable aux yeux de Dieu et des hommes.

Jésus cherche à faire comprendre à son ami Simon et à nous tous, que dans la vie il vaut mieux se tromper pour avoir trop aimé, plutôt que de se tromper pour ne pas avoir assez aimé. Jésus veut nous faire comprendre que dans la vie d’une personne mieux vaut un amour fautif, illicite, interdit, qu'une vie sans amour du tout.

Jésus veut nous faire comprendre que le monde ne sera jamais mauvais parce qu’il y a trop d'amour, ou  parce qu'il y a peut-être trop des gens qui s'aiment d’une façon peu correcte, peu orthodoxe, et peu catholique …mais que le monde ira mal, très mal s’il n'y a pas assez d’amour.


Car,
ce qui rend le monde meilleur, ce qui rend la vie plus agréable, ce qui rend les gens plus heureux, ce n’est pas tellement l’observance matérielle de la loi; ce n’est pas tant la fidélité au devoir accompli ou le respect scrupuleux de la morale et de la religion, mais l'amour que les êtres humains réussissent à se donner les un les autres. Même s'il s'agit d'un amour imparfait. Car l'amour, même imparfait, même irrégulier, même illicite ne produira jamais la haine et ne fera jamais la guerre. Tandis que la haine et la guerre peuvent  très bien être le résultat de l’observance scrupuleuse de la loi, du devoir et de la religion. Jésus a ici une phrase qui devrait nous faire réfléchir. Attirant l'attention sur la femme à ses pieds, il dit à Simon : « à cette femme Dieu pardonne toutes ses bêtises et ses erreurs,  parce que dans sa vie elle a beaucoup aimé"

Gravons bien profondément en nous ces paroles de Jésus et gardons les bien présentes à notre esprit lorsque nous sommes tentés de critiquer, de juger, de condamner, d'exclure les prostituées, les homosexuels, les personnes divorcées, ceux et celles qui vivent ensemble sans être mariés, ceux et celles qui gardent des relations secrètes avec des gens mariés, etc.! Si, dans ces situations que nous considérons fautives, condamnables, non-régulières, peu orthodoxe et certainement pas catholiques il y a de l'amour, s’il circule de l’amour… si, dans ces situations limites les gens sont plus heureux, plus épanouis et vivent une meilleure qualité de vie ... qui sommes-nous pour juger et condamner … si  Jésus nous dit que Dieu lui-même excuse, accepte et pardonne toujours tous ceux qui aiment? Apprenons de Jésus la tolérance, la magnanimité, la compréhension, le regard de compassion … devant les faiblesses de nos frères.

MB

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