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vendredi 29 mars 2013

Lavez-vous les pieds les uns les autres


LA GRANDEUR DE L’HOMME DANS LE SERVICE À L’HOMME
(Réflexion du Jeudi Saint)

Jésus, avant de quitter ce monde, a voulu faire comprendre à ses disciples, par un geste symbolique, quel est le sens  de sa mission et dans quelle direction ils doivent désormais orienter le cours de leur vie: le service, dans l’amour et la fraternité. L’évangéliste Jean attribue tellement d’importance à cette attitude qu’il oublie, pour ainsi dire, de nous transmettre le récit du pain et du vin partagés comme signe de sa présence permanente parmi nous. Car il sait que ce signe, même s’il est posé en sa mémoire et pour obéir à son désir, n’a aucune valeur, s’il n’est pas l’expression de notre volonté d’accueil et de service par laquelle nous continuons à rendre présent dans le monde son esprit. C’est cet esprit qui, à travers l’action de ses disciples, continue d’accueillir, de servir, de soulager, de secourir, de guérir, de libérer, de donner la vie et de sauver tous ceux et celles qui  plient ou s’écroulent sous les épreuves et les croix de la vie.

Pour Jean, le lavement des pieds est le geste qui rend possible la vérité de l’Eucharistie comme signe de ce corps unique que nous devons former en tant que disciples de Jésus-Christ. Pour que dans l’Eucharistie nous puissions en toute vérité nous approcher et nous nourrir du Corps du Christ, nous devons déjà former un seul corps en lui. Avant de poser le geste de la communion au corps du Seigneur, nous devons déjà être en communion les uns les autres. Le geste de notre communion au Corps du Seigneur serait un geste faux s’il n’est pas l’expression de notre communion fraternelle et de notre disponibilité à nous laver les pieds  les uns les  autres.

Ce geste du lavement des pieds est alors le sacrement, c’est-à dire le signe concret et  visible de ce qui constitue le trait  le plus caractéristique de la personne de Jésus, venu non pas pour être servi mais pour servir et donner sa vie  pour les autres.

Lorsque Jésus ne sera plus là, ses disciples devront se souvenir, en pensant à ce dernier geste du Maître, qu’eux aussi doivent être là comme ceux qui servent; et  que, tant qu’ils ne seront pas capables de réaliser cette attitude de service, ils ne pourront  pas vraiment  avoir  part avec lui. Ils devront se souvenir que, par ce geste, Jésus a aboli toute différence entre les humains, toute prétention de domination, toute revendication de supériorité, toute hiérarchie basée sur le pouvoir, toute distance entre les hommes déterminée ou justifiée  par le rang, l’ordre, le prestige, la position sociale ou religieuse. Personne n’a donc le droit de se hisser à un niveau supérieur, du moment que le Fils de Dieu lui-même, qui était le plus haut que tous, s’est abaissé pour se faire l’esclave de tous et qu’il s’est agenouillé devant nous pour nous laver les pieds.

Par ce geste accompli avant de déposer sa vie entre les mains de Dieu, Jésus a voulu faire comprendre à ses disciples où se trouve la véritable grandeur de l’homme : vous n’êtes pas grands, importants par ce que vous gagnez; par ce que vous possédez ; par le pouvoir que vous avez de vous faire obéir, de vous faire servir, de soumettre, opprimer, exploiter les autres… il n’y a aucune grandeur  dans cela!…. Au contraire  tout cela  finira un jour  par vous détruire et  vous disqualifier  en tant que personnes; …car cela finira un jour par vous rendre arrogants, insensibles, égoïstes, cruels, inhumains, en vous dépossédant de votre humanité, qui constitue votre seule et véritable grandeur.

 La  vraie grandeur de l’homme se trouve dans la direction opposée. Qui  veut sauver sa vie, doit la perdre, dans une disposition  de don de soi  et de partage  sans calcul et  être capable de se mettre à genoux, s’il le faut,  pour  mériter l’amour des autres.

            En nous transmettant cet épisode du lavement de pieds, l’évangéliste Jean a voulu nous faire comprendre que toute la vie du Maître de Nazareth a été un témoignage constant de l’inversion des valeurs qu’il a opérée et qu’il faut accepter et pratiquer pour pouvoir entrer comme disciples dans le mouvement spirituel qu’il inauguré. Si chaque année nous célébrons le lavement des pieds fait par Jésus, ce n’est pas simplement pour rappeler un épisode émouvant de sa vie, mais pour reconnaître dans ce geste l’expression sacramentelle de la seule façon possible d’être chrétien et d’être humain.

   MB

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