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vendredi 25 avril 2014

RÉFLEXIONS SUR LE SENS DE LA MORT DE JÉSUS EN CROIX



L’interprétation théologique de la mort de Jésus en croix comme sacrifice expiatoire pour nos péchés, nous fait oublier les véritables raisons historiques qui ont conduit Jésus devant  les tribunaux religieux et politiques et finalement à son exécution sur la croix. Jésus n’a pas été la personne douce, timide, gentille tendre, calme, aimante, paisible de l’imagination et de la piété populaire. Il fut un prophète à la parole forte,  parfois violente et dure. Il fut un contestateur, un lutteur, un défenseur des faibles et des petits. Il s’est levé contre le pouvoir injuste, l’hypocrisie, l’inégalité des classes, l’avidité, l’idolâtrie de l’argent, l’injustice, l’exploitation des minorités et des pauvres. Il a lutté conte le mal et la souffrance sous toutes ses formes. Il s’en est pris aux autorités religieuses et civiles de son temps parce qu’elles représentaient des structures et des lois  oppressives, inhumaines. Il a cherche par tous les moyens à conscientiser les responsables qu’il était possible d’être des personnes différentes, de penser et d’agir autrement. Qu’il était possible d’envisager un autre style de vie, une autre société, un autre monde, une autre humanité. Qu’en opposition au royaume de César il était possible de construire un «Royaume de Dieu».

C’est la construction de ce Royaume de Dieu sur terre qui a été l’utopie de Jésus et pour laquelle il a sacrifié sa vie. Jésus était un homme épris de Dieu. Il  était convaincu que Dieu lui avait donné mission de poser les fondations d’un monde nouveau, non plus basé sur la recherche du prestige, de la gloire, du pouvoir, mais fondé sur la volonté et le désir de ceux qui commandent de se mettre au service des autres, en se faisant conduire non pas par les pulsions instinctives de l’égoïsme et de l’intérêt personnel,  mais par les dynamiques, bien plus humaines, du don de soi, de la disponibilité et de l’amour. Jésus se considérait l’instrument de cette intervention de Dieu dans le monde en vu de réaliser l’instauration du  «Royaume de Dieu». Instauration qui devait commencer évidemment par une conversion et un changement à l’intérieur de l’homme.

Jésus est mort  a cause de son implication à la réalisation de ce projet qu’il croyait être la seule façon de sauver le monde de sa ruine. Son action lui attira l’opposition et la haine des représentants des pouvoirs établis hostiles aux idées innovatrices de ce «visionnaire». Il aurait bien voulu avoir la joie et la satisfaction de pouvoir assister, de son vivant, à la germination des graines qu’il avait semées et à l’apparition des signes  laissant deviner l’éclosion des forces bénéfiques de l’amour capables de transformer le monde et d’y réaliser le rêve du Royaume de Dieu. Malheureusement ce ne fut pas le cas. Jésus est mort comme un criminel, condamné par les hommes et abandonné par Dieu. Il est mort en criant sa déception et son désespoir à Celui qu’il avait pourtant toujours considéré comme son père.

Jésus sur la croix est devenu le symbole et de tous ceux et celles qui, au cours de l’histoire de l’humanité, ont donné et donnent leurs énergies et leurs vies pour une bonne cause. Il est la figure de tous ceux et celles qui se sont battus et se battent  pour changer les mentalités, pour transformer la société, pour construire un monde plus pacifique, plus juste, plus fraternel, plus humain, plus égalitaire. Jésus sur croix est le prototype de  tous ceux et celles qui souffrent à cause de l’égoïsme, de la méchanceté  et de  la stupidité humaine. Il représente les forces du bon sens, de la sagesse, du respect, de la sollicitude et de la tendresse qui animent tant d’êtres humains et qui sont heureusement là pour contraster les forces aveugles, insensées et perverses du pouvoir, de l’avidité, de l’argent et du profit élevés à valeurs absolues et qui risquent, si elles ne sont  pas endiguées, de conduire l’humanité et la planète à  leur perte.

Les dernières paroles de Jésus sur la croix furent, malgré tout, des paroles de confiance et d’abandon dans la force de l’amour, personnifiée par son Père: «Père, entre tes mains je remets mon esprit». Ces paroles ont été sans doute proférées pour nous faire comprendre que même l’apparente faillite d’une existence n’est jamais un échec total, lorsqu’elle a été vécue pour implanter, dans une terre  déchirée par les attaques de la folie humaine, les semences divines de la sagesse et de l’amour.


MB







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