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vendredi 25 avril 2014

LA SYMBOLIQUE DU PAIN DANS L’ÉVANGILE



 Le jeudi avant Pâques, les chrétiens commémorent le dernier repas que Jésus a pris avec ses disciples avant sa mort. «Commémorer» est toujours se souvenir de quelque chose qui nous a touché profondément, et qui continue de nous émouvoir lorsque nous y pensons: naissance, mariage, décès d’une personne aimée, fin d’une guerre... En ce jeudi les chrétiens se souviennent avec émotion de Jésus qui, avant de mourir, s’est identifié symboliquement à du pain, pour signifier à ses disciples son désir de continuer, même après sa mort, à les nourrir de son esprit.

Au cours de la dernière cène, ce qui est digne de commémoration ce n’est pas tellement l’action matérielle de Jésus qui distribue du pain et du vin, mais le sens qu’il a attaché à ce geste, car ce sens nous concerne au plus haut point. Jésus a vu dans le pain et le vin l’image de lui-même: «Comme ce pain est là pour être brisé, donné, distribué, partagé et mangé, de la même façon moi, pour mes disciples, je me brise et je suis là pour être donné distribué, partagé et mangé». Par ce geste Jésus veut manifester son désir d’être pain et nourriture pour ceux et celles qui croient en lui. Il veut qu’ils soient pour toujours remplis de lui. Il désire qu’ils assimilent, qu’ils incorporent à leur existence son projet, son enseignement, les valeurs qu’il propose afin que toute la communauté de ses disciples devienne un seul esprit, un seul être, un seul corps, un seul pain grâce à  lui. Pour mieux exprimer ce désir de communion et d’unité avec ses disciples, l’évangéliste Jean, au chapitre quinze de son évangile, mettra sur la bouche de Jésus l’image de la vigne et du sarment: «Demeurez en moi, comme moi je demeure en vous. De même que le sarment, s’il ne reste pas attaché à la vigne, ne peut de lui-même porter de fruit, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Je suis la vigne, vous êtes les sarments…».

Et lorsque la communauté de disciples de Jésus se réunit comme communauté croyante (comme elle le fait tous les dimanches) et qu’elle veut manifester, par une gestuelle symbolique, qu’elle est une assemblée qui se nourrit de la parole et de l’esprit de son Maitre, c’est encore en recourant au signe du pain posé sur la table du repas quotidien, qu’elle trouve la meilleure façon d’exprimer cela. Le pain que la communauté des disciples de Jésus dépose sur la table de l’autel lorsqu’elle se réunit est donc là pour signifier que pour elle Jésus est encore et toujours la meilleure nourriture qui donne force et énergie à son existence; que Jésus continue d’être pour elle ce «pain de vie» qu’il faut manger pour rester en bonne santé et se garder en vie. Le pain de leurs «Eucharisties» est vraiment pour les chrétiens  le «sacrement», c'est-à-dire le signe visible et tangible de ce Jésus qu’ils doivent assimiler, faire passer dans leur vie, pour qu’elle soit transformée et changée.

Or ce Jésus que le disciple doit «manger»  et faire entrer dans sa vie, a été quelqu'un qui a vécu pour les autres et qui s’est mis aux services des autres, spécialement des plus pauvres, des plus démunies, des plus abandonnés et délaissés par la société. Il a été quelqu’un qui a aidé les gens à sortir de leurs peurs, de leurs égoïsmes, de leurs  avidités, de leurs repliements et enfermements. Il a soulagé  les souffrances du corps mais surtout celles de l’âme et de l’esprit. Il aidé les gens à se mettre débout,  à rependre confiance et à se réconcilier avec Dieu, la vie et les autres. Il a accueilli et aimé tous sans distinctions et sans faire de différences. Il a vraiment été un bon pain donné, distribué, partagé et mangé par tous et pour le bonheur de tous. Tous ont profité de la bonne saveur de sa présence. Tous ceux et celles qui se sont «nourris» de lui, sont repartis dans la vie avec un nouveau souffle et des nouvelles énergies. Jésus a vraiment été au service de tous. C’est pour cela que l’évangéliste Jean, lorsqu’il a relaté les événements de la dernière cène, au lieu de nous transmettre, comme les trois autres évangélistes, le récit de Jésus qui se présente comme pain donné, a préféré y insérer à la place le récit du lavement des pieds. Par cette narration il a voulu mettre en évidence l’attitude du service qui a caractérisé toute la vie du Seigneur, afin que les disciples s’en inspirent et la reproduisent dans leur existence.

C’est finalement toujours le même thème du don de Jésus aux autres dont il est question dans ce texte de la dernière cène, mais présenté tantôt comme le pain qui se donne et se partage et tantôt comme le serviteur qui se dépense et se sacrifie pour le bien-être des autres. Le récit de Jésus qui se met à genou et qui assume la position de l’esclave qui lave les pieds des convives est donc là pour faire comprendre aux chrétiens que seulement le don de soi et le service des autres sont les attitudes qui doivent désormais les distinguer. Seulement si le chrétien est capable de don et de service, il pourra dire qu'il se nourrit de Jésus et qu'il communie à son esprit. Sans cette attitude rendue réelle et opérative dans la vie du disciple, ses eucharisties du dimanche et ses communions ne sont que des gestes faux et vides de sens.

Ce que nous faisons ce soir, n’est pas différent de ce qui c’est passé à la dernière cène. Nous posons exactement les mêmes gestes symboliques que Jésus a posés et qui transmettent le même message que le Maitre transmettait à ses disciples. C’est à nous maintenant d’en comprendre le message, d’en cueillir le sens et de le faire passer dans notre vie. Nous sommes ici pour cela: nous nourrir de lui, afin de devenir comme lui serviteurs de nos frères.




BM  

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