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dimanche 3 février 2013

S'il me manque l'amour je ne suis rien


L’AMOUR QUI NOUS HABITE

(Première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens, 12, 31-13,13) 

Paul écrivait cette première lettre aux chrétiens de Corinthe en l’année 56, lorsqu’il se trouvait à Éphèse  dans l’actuelle Turquie.
À travers l’envolée lyrique de cette hymne à l’amour, qui est sans aucun doute une des plus belles pages du NT et même de la littérature mondiale, Paul cherche à décrire comment la façon divine d’aimer doit se manifester dans notre vie et dans la vie du monde.
Cette hymne à l’amour constitue la conclusion d’une longue réflexion sur les qualités, les dispositions, les capacités de chacun à l’intérieur de ce corps que les baptisés forment en tant que membres d’une même communauté de foi. Or, pour la construction de la communauté chrétienne, explique Paul, l’Esprit de Dieu gratifie chacun de dons et de charismes spécifiques: du don des langues à celui de prophétie; des dons de science et de la connaissance, et jusqu’à une foi à transporter les montagnes. Mais il y a un don qui dépasse tous les autres et sans lequel tous les autres talents et toutes les autres aptitudes ne sont absolument rien: c’est l’amour. S’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, un bruit  fatigant, du vent, je suis creux, je suis vide, je ne suis rien. Même ce qui paraît être le signe le plus manifeste de l’amour, comme distribuer toute ma fortune, me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, ce n’est que besoin de me faire valoir, superbe mépris ou haute performance; alors cela ne me sert à rien.

Dans une autre lettre,  Paul affirmait: «L'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l'Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5, 5). Cela veut dire que l'amour même de Dieu est en nous. Voilà ce qui est toute une bonne nouvelle, si nous voulons bien l'entendre! Ici, pour l’édification et le ravissement de sa communauté de Corinthe, Paul chante les caractéristiques de cet amour de Dieu versé en nous grâce à l’Esprit de Jésus qui nous habite. Pour qualifier cet amour de Dieu en nous et pour le distinguer des autres formes humaines d’amour, Paul utilise le mot grecque «agapé» (traduit traditionnellement par «charité»). Le grec, qui est une langue plus précise que le français, a des mots différents pour exprimer les différentes nuances de l’amour. Ainsi «éros» c’est l’amour charnel-passion, l’amour de la sexualité, du plaisir et de reproduction; «philé» c’est l’amour de l’amitié, l’amour d’attraction, l’amour d’élection, l’amour émotif, l’amour que l’on ressent comme un sentiment fort et agréable, sans avoir nécessairement une connotation  sexuelle;  «storgé» c’est l’affection naturelle qui unit les membres d’une même famille, d’un même clan, d’un même milieu social, il indique plus spécifiquement l’amour de la mère-poule pour ses poussins. Lagapé, par contre, c’est l’amour de Dieu en nous qui transfigure à son image notre capacité d’amour  et qui  révèle au monde une nouvelle façon d’aimer et qui est  la façon divine d’aimer.
Voilà ce que cet amour-agapè vous rend capables de faire, dit Paul au Corinthiens! Les quinze comportements que Paul énumère dans son inventaire, loin d'être des utopies, constituent des attitudes humaines étonnantes que la présence de l’amour de Dieu  nous rend capables de réaliser dans notre existence. Cet amour-agapé soulève notre existence à un niveau supérieur; lui donne, pour ainsi dire, une qualité divine, car il nous permet d’aimer et donc d’agir et de réagir à la façon de Dieu et selon le style de Dieu. Cet amour permet à ceux qui aiment d’acquérir, pour ainsi dire, l’art de vivre de Dieu et  d'atteindre des sommets de don, de pardon, d'oubli de soi, de gratuité, de détachement, d’indulgence, de miséricorde, de douceur, de joie… que leur vie devient un lieu privilégié de la présence de Dieu en ce monde.
Paul insiste que c'est l'amour et lui seul qui fera de nous des adultes et des personnes pleinement accomplies: « Quand viendra l'achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. Quand j'étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j'ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant.». Lorsque j’étais enfant je ne faisais que recevoir de l’amour, mais maintenant que je suis adulte dans le Seigneur et que je possède son cœur et son Esprit, je ne puis qu’en donner, comme Dieu.». On peut en déduire que toutes les autres qualités, le courage, la générosité, même la foi et l’espérance, la science les pratiques religieuses, le don de faire des miracles et des guérisons, le don des langues ou de prophétie, ne sont que des enfantillages, destinés  à disparaître au regard de la seule valeur qui compte, l'amour.
Cet amour de Dieu qui transfigure notre vie est finalement la seule réalité et la seule valeur qui compte et qui dure. C’est dans cette amour et par cet amour que notre vie s’accomplit et qu’elle acquiert sens, profondeur, solidité et la permanence et  la pérennité qui lui permettront de vaincre sa caducité et sa précarité foncières et de continuer même au delà de la mort. Cet amour est en effet plus fort que la mort, car ayant été semé en nous par Dieu, il ne peut qu’éclore, s’épanouir et porter tous ses fruits lorsque nous serons exposés pour toujours au soleil de sa présence. «Cet amour ne passera  jamais».
 MB

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