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lundi 5 septembre 2022

 

PORTER LA CROIX POUR MARCHER SUR LA « VOIE »

(23e dim. ord. C - Lc 14, 25-33)

 

            Des grades foules faisaient route avec Jésus. C’est par ces mots que débute l’évangile d’aujourd’hui. Ces grandes foules qui font route avec lui ne sont pas seulement les quelques centaines de personnes qui, en ce temps-là, entouraient Jésus en Palestine. Ce sont aussi ces innombrables hommes et femmes qui ont choisi de marcher à sa suite le long des siècles. C’est vers nous que Jésus se tourne aujourd’hui pour nous poser quelques questions: «Vous dites que vous êtes mes disciples…. Mais savez-vous ce que cela signifie? Savez-vous jusqu’où cela peut vous conduire que de marcher à ma suite ?… Si quelqu’un vient à moi sans me préférer à son père, sa mère…. Il ne peut pas être mon disciple…».

            Cette première exigence de Jésus est proprement effarante. Qui est-il donc cet homme pour demander de tels arrachements affectifs, au profit de l’attachement à sa personne …. Jusqu’ à nous demander de le préférer à notre propre vie…?

            Ces formules abruptes ne sauraient signifier que nous pouvons larguer les liens avec notre famille. Aussi, loin d’inviter à briser égoïstement toutes nos relations humaines les plus sacrées (l’amour filial, conjugal, fraternel), Jésus invite chacun de nous à animer toutes ces relations et ces affections par l’amour de Dieu. Cet attachement au « Royaume de Dieu » présent sur la terre par l’action de Jésus doit constituer le milieu dans lequel nous nous déployons, l’air que nous respirons, le sel qui donne saveur à toutes nos actions; le levain que doit faire fermenter la pâte de notre existence. Il s’agit ici de la primauté de Dieu et de son amour dans notre vie.

            C’est l’exigence primordiale d’une dimension humaine et spirituelle dans notre existence. C’est la nécessité d’établir une hiérarchie de valeurs dans nos intérêts, dans nos attachements et dans nos amours. Jésus nous renvoie ici à notre grandeur foncière aux yeux de Dieu. Il nous rappelle l’urgence de vivre comme des créatures faites à son image et qui, de surplus, sont ses enfants. Il nous dit: « Vous, les humains, vous avez un grand destin; vous êtes de la race de Dieu; vous êtes pétris de son esprit; vous êtes destinés à la communion avec le divin ; vous êtes appelés à une vie éternelle…

 Ne vous enlisez pas dans la matière; ne devenez pas les esclaves de vos passions, de vos ambitions, de vos convoitises, de votre cupidité ; ne vous enchainez pas d’une façon exclusive à vos amours humains, à votre argent, à vos intérêts et à votre bien-être matériel ; ne permettez pas que la force de vos liens aux choses d’ici-bas vous cloue au sol, vous empêchant de prendre l’envol et de vivre à la hauteur de votre condition et de votre destin. Vous n’êtes pas faits pour ramper, mais pour voler … Vous n’êtes pas faits pour la terre, mais pour le ciel; vous n’êtes pas faits pour pourrir dans le temps, mais pour vivre et vous épanouir dans l’éternité.

            Chacun de nous est donc invité aujourd’hui à recevoir dans son cœur, dans sa vie concrète, cette exigence inouïe. Quels sont les renoncements qui, dans les évangiles, s’imposent à moi pour vivre en fils de Dieu ? Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi, ne peut pas être mon disciple. En d’autres mots, pour que la montgolfière de ma vie puisse prendre son envol, il faudra couper les attaches, larguer les amarres, se délester de ses poids. Les actions qui nous permettent de réaliser ces manœuvres et de réaliser une existence d’enfant de Dieu sont contenues dans une suite de verbes qui se caractérisent par une perte et une souffrance: couper, quitter, sortir, lâcher, se délester, s’affranchir, renoncer, se libérer. Porter sa croix est l’expression que Jésus utilise ici pour indiquer tout ce travail pénible et exigeant de libération que nous devons entreprendre pour vivre notre condition de fils de Dieu et de disciples du Seigneur Jésus.

            Voilà alors la nécessité de nous arrêter de temps à autre pour réfléchir, pour faire le point dans notre vie; pour voir si nous naviguons dans la bonne direction ; pour calculer si notre bateau a les moyens, les provisions, les fournitures nécessaires pour arriver sains et saufs à destination. Les deux paraboles de Jésus sur la tour à bâtir et du combat à gagner veulent nous sensibiliser au besoin de cette mise au point. Est-ce que je prends le temps de réfléchir à ma vie, à mes engagements ? Nous, qui savons faire des bilans, calculer, prévoir pour nos entreprises humaines, nous arrive-t-il de nous arrêter parfois pour voir si l’entreprise de notre vie est vraiment gérée conformément aux directives ou aux souhaits de Jésus de Nazareth?

            Au retour des vacances, cette invitation du Maître arrive à point. Tout va reprendre : travail, école, groupements, associations… Pour ne pas vivre à la surface de nous-mêmes, nous avons plus que jamais besoin de pauses et de moments d’arrêt, de silence, de prière de méditation et de réflexion qui nous aident à mûrir intellectuellement et psychologiquement et à donner une profondeur humaine et spirituelle véritable à notre existence. Jésus, aujourd’hui, nous demande de ne pas vivre superficiellement.

            Finalement, dans ce texte d’évangile, le dernier avertissement de Jésus, tranchant comme un couperet : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tous ses biens, ne peut pas être mon disciple ». C’est certainement pour réfléchir sur cette dernière phrase que nous devons prendre le temps de nous asseoir. Car on ne suit pas Jésus dans la facilité. Et l’invitation à ce dépouillement radical, à cette pauvreté, n’est pas un « conseil » réservé à certains super chrétiens (moines ou moniales, comme on l’a souvent compris…). C’est la condition normale de toute vie chrétienne véritable. Jésus ici est catégorique: « Vous ne pouvez pas servir Dieu et l’argent ».

Allons-nous continuer à nous jeter avidement sur « l’avoir » ? Ou allons-nous découvrir et inventer une autre manière de vivre heureux dans l’amitié, le partage, la simplicité volontaire ? Quelles conclusions pratiques tirer alors au niveau de mes achats, de mon train de vie, de l’utilisation de mon argent pour être plus libre ou, tout simplement, pour être disciple de Jésus ? Lui le pauvre par excellence, mais cependant porteur de toute la richesse de Dieu.  

 

 

  BM

 

1 commentaire:

  1. Venant d'acquérir votre livre «Retrouver la « Voie » de Jésus de Nazareth » je découvre l'existence de ce blog.
    Vous n'y écrivez qu'épisodiquement semble-t-il. Mais je vais surveiller les publications…
    Merci pour votre ouvrage que je viens juste de commencer à lire

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