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lundi 6 juin 2022

 

Notre vie, une question d’esprit !

(Fête de la Pentecôte 2022)

Dans la tradition chrétienne, la Pentecôte est la fête qui célèbre la présence et l’action d’Esprit de Jésus au sein de la communauté croyante.

            Dans le langage courant, on dit souvent que tout est une question d’esprit. Je pense que c’est très vrai ! Dans l’être humain, en effet, l’esprit qu’un individu possède informe et programme toute sa vie, module toutes ses attitudes et son comportement, détermine de qualité de sa personne. La nature de son esprit peut faire de lui un modèle ou un rebut d’humanité, une sainte personne ou un individu diabolique (pensez à Staline, Hitler ou à Poutine et à d’autres).

            C’est donc dire l’importance de la qualité de l’esprit en nous et donc l’importance de le puiser à une bonne source. C’est quand même extraordinaire de penser, qu’à l’état actuel de nos connaissances, nous sommes les uniques créatures connues dans l’Univers à être structurées comme matière spiritualisée et comme esprit matérialisé et où l’esprit détermine la forme profonde de notre individualité et de notre personnalité. Sans l’esprit nous cessons d’être des humains.

            Or, dans l’être humain, l’esprit peut prendre une double configuration et se déployer comme un bon esprit ou comme un mauvais esprit. Cela veut dire, premièrement que l’homme peut être conduit par l’un ou par l’autre esprit et ainsi déterminer la réussite ou l’échec de sa vie. Deuxièmement, cela signifie aussi que le comportement global des individus qui composent nos sociétés a le pouvoir de bâtir soit un monde qui prospère et s’épanouit dans l’harmonie, la communion et la justice d’un amour fraternel, soit un monde bâti sur les dynamiques du pouvoir individualiste et égoïste qui peut conduire l’humanité à sa ruine.

            Cette fête chrétienne de l’esprit veut nous faire réfléchir sur ce fait et elle veut nous pousser à prendre au sérieux notre rencontre avec l’esprit de Jésus de Nazareth. Il s’agit en effet d’un esprit qui, d’un côté, semble surgir d’on ne sait où pour mettre en crise, troubler, déstabiliser et faire fuir le commun des mortels ; mais qui, de l’autre côté, possède des intuitions révolutionnaires, une sagesse profonde et inhabituelle, un potentiel unique de transformation et de renouvellement des personnes. Cela explique pourquoi sa présence parmi nous a immédiatement suscité un mouvement d’opposition et de refus, mais aussi une forte vague de sympathie d’admiration et d’enthousiasme, surtout parmi les gens simples et pauvres de son temps.

 La rencontre des disciples avec l’esprit, l’enseignement et le style de vie de leur Maitre a ouvert leur esprit et leur regard à la vision et à la possibilité d’une société et d’un monde tellement différent de celui dans lequel ils vivaient et qu’ils considéraient comme normal, qu’ils ont tout de suite pensé que l’esprit qui animait Jésus ne  pouvait pas être surgi en lui d’une intuition ou d’une vision purement humaines et personnelles, mais qu’il devait lui venir d’ailleurs, d’une Source supérieure qui ne pouvait être que divine.

            Cette fête est donc là pour dire d’abord à nous, les chrétiens et, ensuite, à tous les humains : « Voilà Jésus et voilà le genre d’esprit qui devrait animer et orienter votre existence ! C’est à cette source que vous devez boire ; c’est sur cet esprit que vous devez mouler vos attitudes, vos comportements et construire vos relations. L’esprit de ce Maitre d’humanité est véritablement le BON esprit, le seul capable de donner valeur et qualité à votre vie et d’assurer un salut, un bonheur et un future à votre monde ».

            À ce point, la demande que nous nous posons instinctivement est la suivante :«Mais pourquoi l’esprit de Jésus est si bon ? Qu’est-ce qu’il a de si spécial et de si unique ? ». La réponse se trouve  dans le fait  que Jésus a été  un des premiers hommes, dans l’histoire de l’ humanité, qui a découvert que les dynamiques ultimes qui  sont à l’origine de la Réalité et qui soutiennent,  dirigent et développent  tout ce qui  existe  dans l’Univers, sont essentiellement des forces d’attraction, de communion, de relations qui interagissent et qui se déploient avec  une régularité, une prodigalité et une gratuite sans limites et qui paraissent activées par une intentionnalité amoureuse qui embrasse toute la réalité. Jésus a été le premier humain qui a senti et expérimenté que partout «il y a de l’amour dans l’air», (comme chantait Martine St. Claire) et que la seule place où et amour est absent, c’est souvent dans la vie et dans le cœur des hommes.

            Jésus de Nazareth a exprimé et symbolisé le Mystère à l’origine de ces énergies génératrices et bénévoles à l’œuvre dans le monde, en utilisant l’image d’un Père maternel qui met à l’existence ses créatures par pur amour et qui l’établit dans une relation définitive d’amour inconditionnel avec elles (voir en Luc 15 la parabole du «Fils prodigue »). Selon Jésus, il s’agit là d’un amour qui ne pourra plus jamais être soustrait, enlevé ou refusé à ces enfants, et cela quoi qu’ils deviennent dans leur vie et quoi qu’ils fassent de bien ou de mal. C’est donc une qualité d’amour qui n’est liée ni à la prestation ni au mérite, mais exclusivement à la condition « filiale » de ses créatures.

            Jésus a été l’homme dont la sensibilité de l’esprit a été capable de capter la présence de cette qualité d’amour non seulement en dehors de lui (dans l’Univers), mais surtout en lui et en tout être humain. Il été capable d’incarner cet amour dans sa vie et il s’est donné comme mission de l’annoncer et de le transmette aux autres. Et cela pour que, comme lui, chaque humain puisse, à son tour, se laisser conduire par les dynamiques de cet amour qui se donne sans compter, qui crée fraternité et communion dans un monde où tous se découvrent  enfin « frères et sœurs » générés des mêmes entrailles de miséricorde.

            La pentecôte, qui vient conclure le périple des célébrations consacrées au souvenir annuel des « gestes » plus marquants de la vie de Jésus, est alors    comme le point d’orgue final d’une sonate qui veut nous signifier que tout ce que avons  entendu sur Jésus et son évangile au cours de l’année liturgique n’aura pas été du temps perdu seulement si nous avons été capables de moduler davantage notre esprit sur le sien et si nous avons mieux réussi à tisser nos relations avec le fil de son même amour ( fait de fraternité, de communion, de gratuité, de soins, de partage, de justice et de miséricorde). Alors nous aurons contribué à faire reculer un peu l’ancien ordre des choses basé sur l’amour du pouvoir et à faire avancer le nouveau construit sur le pouvoir de l’amour.

 

 3 Juin  2022

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