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lundi 19 février 2018

LE COMBAT D'UNE VIE

(Marc 1, 12-15 - 1er dim. carême, B)

Comme chaque année, la liturgie du premier dimanche de Carême nous présente l'épisode des "tentations de Jésus" dans le désert, cette année dans la version concise et lapidaire de Marc. La place du combat est le désert et les protagonistes sont: l'Esprit - Jésus - le Diable... tous avec une tâche spécifique. Voyons cela plus en détail ...

Désert et solitude : Le terme grec de l’évangile qui est habituellement traduit par le mot «désert», peut aussi être traduit par "solitude". Je préféré cette dernière traduction qui, au début de notre voyage du carême, nous fait découvrir l'immense valeur que peut avoir le fait d’«être seul avec soi-même»; de chercher la solitude, afin de découvrir la valeur de la relation et de la communion avec Dieu et les autres.

L'Évangile, contrairement à ce que l’on pourrait penser, nous dit que, lorsque l'homme essaie d'être seul pour récupérer des espaces pour lui-même, afin d’entreprendre un voyage de recherche, de réflexion, d'introspection, c’est précisément en ces moments de solitude qu’il découvre, non seulement d'être quelqu'un, d'avoir une identité, une valeur, un but, mais aussi de n’être jamais vraiment seul, mais établi dans une relation constante et nécessaire avec la création entière , sans laquelle il lui est impossible se réaliser en tant qu'homme. Ainsi, l'évangile nous dit que la solitude n'est pas une valeur en soi, mais un moyen de récupérer et de mieux vivre sa relation avec le Mystère Ultime, tel qu’il se manifeste dans la nature et dans nos frères humains.

Voilà pourquoi dans de la tradition chrétienne la solitude a été comprise comme une valeur et a conduit un grand nombre de personnes à la découverte du Dieu de Jésus (Pères du désert, les cénobites, la tradition monastique et ainsi de suite.) Lorsque la société ne donne pas ou n’offre pas assez d’espace pour un voyage vers la compréhension de soi-même, alors il faut que chacun puisse trouver le temps de s’évader loin de l’agitation et du tumulte du monde, pour susciter ou occasionner des rencontres qui transforment et donnent plus de sens à sa vie.

Dans la solitude souvent nous découvrons la présence d’un Mystère qui nous englobe et nous dépasse. Nous découvrons la compagnie de Dieu ... Dieu se rend présent dans le silence de l'homme !!! Une sortie du bruit du monde, un temps de solitude, de silence, de calme, de méditation ou de prière pourraient être le secret d’une transformation ou d’un renouvellement intérieur et le début d'une solution aux nombreux problèmes qui perturbent et agressent notre existence. Alors, pourquoi ne pas essayer avec ce Carême ?

L'Esprit : Dans l’évangile que nous venons de lire il est dit que c’est l’Esprit de Dieu, dont Jésus est rempli, qui le pousse vers la solitude du désert où il découvrira la vérité sur sa personne, sa mission et le but de sa vie. La tâche de l'Esprit est d’éclairer et de guider, mais cette possibilité doit lui être rendue possible, offerte. L’esprit qui vient de Dieu doit pouvoir trouver un porte ouverte pour entrer, une antenne dressée pour être capté. Le travail de l'Esprit vise à éclairer, clarifier la vie et les choses de la vie et à nous aider à la syntoniser sur les valeurs qui viennent de Dieu. Il est bon de souligner que Jésus, « conduit par l'Esprit», est capable de trouver sa vérité, le vrai sens de la Parole des Écritures ... et de se syntoniser sur la longueur d’onde de Dieu; ce que le Diable ne réussit pas à faire.
Ceux qui vivent dans l'Esprit deviennent des êtres sensibles à la lumière de la vérité ;  vivant dans la lumière, ils deviennent des êtres de lumière. Leurs yeux s’ouvrent. Ils peuvent alors voir et comprendre où se trouve et en quoi consiste la vérité de leur être et quelles sont les valeurs qui les enrichissent vraiment et qui donnent sens et plénitude ultime à leur vie. Parce que ouvertes et sensibles à l’action de l’Esprit, ces personnes réussissent à se construire une "spiritualité", à devenir plus « spirituelles ». Cela leur permet de donner luminosité, transparence et profondeur à leur existence. Cela fait d’elles des individus particulièrement attachants et des modèles particulièrement réussis d’humanité, que l’on a envie de suivre. C’est cela que Jésus a été et continu d’être pour tous ses disciples que nous sommes.

Le Diable : Le diable est dans la Bible le symbole et la personnification de tout ce qui se décompose en nous et nous détruit en tant que personnes. Dans ce récit des tentations, le "diable" semble être le protagoniste incontesté, comme l’égoïsme, le repliement sur nous-mêmes, l’envie de prévaloir sur les autres et de leur faire du mal, l’est souvent dans notre vie. Son rôle est de diviser (dia-bolos). En fait, il essayera de séparer Jésus du Père... et de frapper chaque être humain au plus profond de lui-même, dans ce qu'il a de plus précieux en tant que personne: sa capacité d’aimer gratuitement, librement et de créer des relations de communion et de fraternité.

La psychologie et les sciences humaines sont unanimes à affirmer que l’être humain n'est pas heureux, perd ses repères, est perturbé, angoissé et même suicidaire, quand il n'est pas capable de bâtir des relations (saines et satisfaisantes), ou lorsqu’il n’a pas une bonne relation avec soi-même. Car l'être humain est par définition un animal qui ne s’humanise et ne se réalise en tant que personne qu’à travers sa capacité à entrer en relation et de créer des relations. Sans des bonnes relations avec la Réalité qui l’entoure, ou lorsque cette capacité à créer des relations ne fonctionne pas, l’être humain se déshumanise et meurt.

À travers son langage symbolique, le récit évangélique veut nous dire que le diable (le mal) manifeste sa force et son pouvoir sur l’homme lorsque celui-ci ne veut pas ou ne peut pas trouver la bonne relation avec lui-même, son prochain et avec Dieu. L’Évangile nous invite alors à nous fortifier avec le " remède " de la Parole et de l’Esprit de Dieu proclamés par Jésus, afin que nous puissions être équipés pour faire face à la tentation de nous fermer sur nous-mêmes et de nous séparer de nos frères.

Jésus: Jésus montre que la fidélité à Dieu est possible et que les tentations peuvent être surmontées. Il est la preuve vivante que rien n'est impossible à l'homme qui se laisse guider par l'Esprit. Ainsi, dans le désert, il devient le prototype de l'homme  fidèle qui, parce qu’il a réussi à établir une bonne relation avec Dieu, parvient aussi à vivre une bonne relation avec soi-même et son prochain.

A la fin, le texte de l’évangile dit que le diable "s'éloigna de Jésus pour un moment": sans doute pour signifier que la tentation et l’attrait du mal nous guettent continuellement et que la cohérence et la fidélité aux exigences et aux appels de l’Évangile constituent le combat de toute une vie. Mais le texte dit aussi que nous avons l'aide de l'Esprit, lequel nous suggère les stratégies à prendre et les tactiques à mettre en œuvre pour nous réaliser comme humains accomplis et comme enfants de Dieu.



 BM 2018 

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