Quand
nous réfléchissons un peu et regardons en nous et autour de nous, nous nous
rendons compte que nous vivons finalement dans un monde où l’esprit est partout
et où l’esprit a construit, modelé et transformé la réalité dans laquelle et de
la quelle nous vivons et que c’est grâce à l’action de l’esprit que nous pouvons
vivre et bénéficier de la qualité de vie que nous avons en ce XXI siècle. Sans
l’action de l’esprit, l’homme serait encore à l’âge de la pierre. C’est
l’esprit qui est le moteur de l’évolution, du changement et du progrès de notre
monde …. ou de sa perte.
Nous
voyons l’action et les résultats de l’esprit, mais nous ne savons pas d’où il
nous vient, où il se loge et pourquoi il est présent et où il conduit l’humanité.
Jésus de Nazareth, dans sa perspicacité, avez déjà remarqué cela il y plus de
2000 ans (Jn.3,8). Je pense que le défi que la science voudrait relever
aujourd’hui consiste à expliquer et à comprendre l’origine de l’esprit en ce
monde. Aujourd’hui, à l’ère du décodage de l’ADN, les scientifiques cherchent plus
que jamais à comprendre pourquoi l’homme est si différent des autres animaux,
alors que du point de vue génétique, il est pratiquement identique aux
autres grands mammifères. Le génome du chimpanzé est à 98% identique à celui de
l’Homo Sapiens. Avec les moyens sophistiqués de la technique moderne (IRM, PET-scan), les
scientifiques et les neurologues s’acharnent à étudier le cerveau humain, anxieux de découvrir comment cet organe réagit et inter-réagit à
l’action de l’esprit en l’homme. Ils pensent, peut-être, réussir à trouver un
jour les mécanismes responsables du jaillissement de l’esprit dans l’homme. Mais,
là encore, pour merveilleux que soient la structure et le fonctionnement du
cerveau humain, les scientifique ont trouvé premièrement qu’aucune catégorie de
neurones n'est propre à l'homme (cela serait trop beau !), et deuxièmement qu’il
n’est pas plus merveilleux que celui d’un grand singe (gorille ou chimpanzé). Les
dernières recherches sur le sujet ont montré que le cerveau du chimpanzé, à
part le fait qu’il a un volume légèrement inférieur à celui du cerveau humain
et des lobes frontaux moins développés, possède une complexité presque identique
à celle de notre cerveau avec ses 100 milliards de neurones.
Si
semblables et pourtant si différents ! Aussi longtemps que la science ne sera pas
capable de fournir une explication plus convaincante de cette différence et de
l’origine de cet esprit que j’expérimente
en moi et qui fait de moi un animal tout à fait spécial et unique, je reste
attaché à la vieille explication qu’en ont donné les anciens philosophes
(Platon, Plotin) et la tradition religieuse judéo-chrétienne. En quoi consiste
cette explication? L’esprit qui est en toi est une parcelle du «Grand Esprit
qui est Dieu. La Bible
nous révèle que Dieu, Esprit à l’état pur, nous a communiqué un jour quelque
chose de soi-même (par exemple, Genese 2,7) et à partir de ce moment, ce complexe
organisme pluricellulaire que nous étions et que nous sommes a commencé son long
voyage vers l’éveil de l‘intelligence et de la conscience. Grâce à cette
infusion d’esprit, la matière est devenue capable d’organisation et l’esprit de
Dieu a pris résidence et manifestation dans notre Univers. La matière opaque et
morne, embrasée du feu de l’esprit, est devenue une «personne» dans laquelle brillent désormais l’image et la ressemblance
de Dieu.
Or,
l’esprit qui nous vient de Dieu, devrait être nécessairement un esprit divin,
c’est-dire, par définition, bon, sain et saint. Malheureusement l’Histoire de
l’humanité nous enseigne qu’il n’en est pas ainsi. Car le bon esprit de Dieu à
été versé dans un être qui porte en lui, et inévitablement, les traces, les
taches et les blessures de sa finitude et de son imperfection. Nous savons tous
comment peut s’abîmer et se corrompre un bon vin s’il est gardé dans un tonneau
sale et défectueux ! La Bible
nous dit que: oui, le bon esprit qui nous vient de Dieu peut être altéré par
l’imperfection et la mauvaise qualité de la structure humaine. Le bon esprit de
Dieu devient alors un esprit mauvais, détérioré et corrompu. Cette altération
si commune, si vraie et si réelle sur le plan existentiel a été dramatiquement
décrite dans la Bible
à travers le mythe de l’Esprit ou de l’Ange déchu qui devient «l’esprit mauvais
ou l’esprit du mal » et que les auteurs bibliques personnifient sous différents
noms (serpent, Satan, Baal, Belzébuth).
Dans
l’histoire de l’humanité, La
Bible est un des premiers textes qui a réfléchi sur le
mystère de la présence du mal en ce monde (Job, Tobie). Dès ses premières pages
elle se pose la question qui a angoissé les hommes de tous les temps: «
Pourquoi il y en ce monde tant de mal, si Dieu, qui a crée le monde, est le
bien absolu ? Pourquoi tant de larmes et de souffrances, si Dieu, qui a moulé
l’homme à son image, est un être infiniment bon et qui veut donc son bonheur?
Pourquoi tant de méchanceté et de haine, si Dieu a rempli l’homme de son esprit,
qui ne peut être qu’un esprit d’amour et d’unité? ». Les auteurs bibliques, hommes
de foi profonde qui croyaient fortement en la bonté, en la miséricorde et en la
puissance de Dieu, n’on pas voulu se résigner à adopter une attitude fataliste
et résignée devant le drame de la présence du mal en ce monde. Ils ont voulu
croire que Dieu non plus ne pouvait pas se résigner à rester les bras croisés et
à accepter stoïquement la dépravation de son esprit dans le cœur de l’homme. C’est
pour cela que nous voyons, tout au long de la Bible , se dessiner et se formuler petit à petit, avec
la constatation et la description horrifiée des dégâts causés par la virulence
du mal et du péché, le désir d’un monde différent et meilleur; l’annonce continuellement
soutenue et renouvelée d’une espérance et le pressentiment (qui
deviendra presque une conviction) que Dieu ne laissera pas les choses ainsi,
mais qu’un jour il interviendra pour restaurer, réparer, rénover l’esprit
détérioré et dégradé de l’homme. Et Il fera cela, par une nouvelle infusion de
son Esprit. C‘est de cette espérance et de cette intuition que naît dans la Bible l’attitude de l’attente:
attente d’une intervention de Dieu; l’attente de ce jour où il enverra à
nouveau son bon esprit qui guérira de l’intérieur le mauvais esprit et le mauvais
cœur de l’homme. Cette guérison Dieu la réalisera à travers un intermédiaire,
un envoyé qu’il investira de son pouvoir afin qu’il puisse agir en son non: «le
Messie». C’est de cette attente du «Jour du Seigneur » que se nourrit,
aujourd’hui encore, l’Espérance et la foi du pieux juif. Dans la Bible , ce sont surtout les
livres prophétiques qui ont développé le thème de l’attente et qui on cherché à
préparer les cœurs à accueillir le jour du Seigneur lorsque, à travers son Messie,
il interviendra pour créer un monde nouveau.
De
là l’exhortation constante des prophètes bibliques (Joël, Ézéchiel) à nous
débarrasser de notre mauvais esprit, pour nous ouvrir et nous laisser conduire
par le bon esprit qui vient de Dieu. Car, c’est uniquement cet esprit là qui nous
permet d’être authentiquement nous mêmes et de vivre selon la vérité de notre
nature. Si nous suivons d’autres esprits, ou si nous détériorons notre esprit,
nous nous détruisons nous-mêmes et le monde qui nous entoure. A son peuple qui
s’est égaré sur le chemin de la transgression et de l’infidélité, en corrompant
son bon esprit, Dieu promet qu’un jour il l’aidera à récupérer à nouveau le bon
esprit:« Et je vous donnerai un cœur
nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau, j'ôterai de votre chair le cœur
de pierre et je vous donnerai un cœur de chair. Je mettrai mon esprit en vous
et je ferai que vous marchiez selon mes lois et que vous observiez et
pratiquiez mes coutumes» (Ez.36, 25-28).
Dans
les évangiles, Jésus se présente comme l’instrument par qui Dieu accomplit cette
promesse. Le but principal de sa mission consiste à aider ceux et celles qui le
rencontrent à vivre selon la vérité profonde de leur être, c'est-à-dire, selon
l’esprit qu’ils ont reçu de Dieu. Dans les évangiles Jésus de Nazareth est constamment
présenté comme l’homme qui a toujours vécu en accord total avec l’Esprit de
Dieu et qui peut nous conduire, si nous l’écoutons et le suivons, à en faire
autant. C’est pour cela que pour nous, ses disciples, il est celui qui nous révèle
l’importance de cet esprit et qui nous donne l’envie de le garder toujours en
nous ou de le récupérer à nouveau si, par malheur, nous l’avons perdu. Selon Jésus,
les authentiques enfants de Dieu sont ceux et celles qui sont capables de
garder cet esprit et de vivre selon ses impulsions. Ce sont ceux qui sont
capables de naître à une vie nouvelle en récupérant les exigences d’une existence
à l’enseigne de l’esprit qui nous vient du Mystère Originel d’Amour et de la Source de tout être. C’est
cette conviction de Jésus qui a inspiré sa prière au Père avant de mourir (Jean
14-17) dans laquelle il se présente clairement comme celui par qui Dieu
accomplit ses plans et sa promesse de réparer l’esprit perverti de l’homme «
Moi je prierai le Père et il vous donnera un autre Esprit (14,16). Je ne vous
laisse pas orphelin. Je vous enverrai d’auprès du Père... cet esprit et il vous
fera accéder à la vérité toute entière… il vous communiquera ce qu’il reçoit de
moi (16,13-15)». Et les magnifiques textes que l’apôtre Paul envoyait aux
chrétiens de Corinthe et de Rome aux alentours des années 57-58 où il leur
dit: «Vous êtes la demeure et le temple de l’Esprit de Dieu… puisque l'Esprit
de Dieu habite en vous. Qui n'a pas son Esprit ne lui appartient pas, …-
tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu. Aussi bien n'avez-vous
pas reçu un esprit d'esclaves pour retomber dans la crainte; vous avez reçu un
esprit de fils qui nous permet d’appeler Dieu: Abba ! Père ! L'Esprit en
personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu…»
(Rm. 8).
.
Je
pense que la fonction principale de la fête de la Pentecôte chrétienne est
de nous rappeler que, en quelque sorte, nous sommes tous de la race de Dieu,
car nés du Grand Esprit, de l‘Esprit Originel que nous nommons Dieu et imprégnés
de l’énergie de son Esprit, nous somme appelés à l’infuser dans le monde, afin
qu’il l’ensemence et il le transforme en quelque chose d’immensément plus beau
et plus accompli.
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