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mardi 18 mars 2014

Dieu mère, Dieu Providence

REGARDEZ LES OISEAUX DU CIEL…!  UNE NOUVELLE PROVIDENCE


Le texte du prophète Isaïe que nous avons lu dans la première lecture (Is 49, 14-15) nous situe à l’époque de la grande déportation à Babylone, où la majorité du peuple d'Israël a perdu confiance et espoir dans le Seigneur à cause de la forte influence religieuse, sociale et politique du milieu païen dans lequel il vit. Le peuple hébreu en exil se sent abandonné et oublié par Dieu. Il pense que ses promesses de libération ne se réaliseront jamais. La tâche du prophète est alors de ranimer l'espoir et d' encourager le peuple, en lui faisant voir que Dieu ne l’a pas abandonné, et qu’il est toujours présent dans sa lutte pour la libération et dans sa souffrance; qu’il ne l’a pas abandonné, mais qu’il continue de l’aimer avec la tendresse d’une mère pour ses enfants.

Dans ce passage d’Isaïe, nous trouvons l'un des rares textes de la Bible où Dieu est comparé à une mère. Il est important de souligner cette particularité. En effet, bien que sur le sur le plan théologique, l'affirmation que Dieu soit à la fois Père et Mère ne fasse plus aucune difficulté et soit donc quelque chose de paisiblement admis dans le christianisme d'aujourd'hui, il y a toujours dans l’Église des secteurs ou des tendances de pensée qui persistent dans leur refus d’appliquer à Dieu des attributs féminins. Il convient de souligner que le problème n'est pas résolu avec la simple admission que Dieu n'a pas de sexe. Le problème est plus profond. Même si théoriquement personne ne prétend que Dieu soit "masculin", le fait est que pendant longtemps l'image que nous nous sommes faite de lui a été exclusivement et nettement  masculine. Cela a eu comme conséquence que pendant des siècles, dans la société civile et dans l'Église, seuls les mâles ont été considérés comme vraiment importants et comme les seules personnes aptes à s’occuper de politique et à accomplir les fonctions de représentation et de médiation dans le monde du sacré, en faisant de la femme une réalisation humaine de seconde classe et en lui imposant une marginalisation systématique et concertée.
 Je ne veux pas faire ici une " critique féministe », mais attirer l’attention sur une bien triste et sombre réalité que nous devons reconnaître et contre laquelle, en tant que disciples de Jésus, nous devons lutter pour que se réalise non seulement une société plus juste, mais aussi une église sans discriminations, moins sectaire, plus démocratique et plus égalitaire.

L'exhortation que Matthieu met dans la bouche de Jésus (Mt 6, 24-34) vise particulièrement les pauvres qui suivent le Maître, c'est-à-dire ces gens qui sont toujours à risque, qui sont préoccupés pour le présent et l'avenir; préoccupés pour leurs moyens de subsistance et pour leur vie. Jésus les invite à se mettre entre les mains de Dieu, qui est bon et compatissant envers tous et qui pourvoie aux besoins de toutes ses créatures. Avec l'esprit et le cœur tournés vers la générosité de Dieu, ce qui  est vraiment important c’est de chercher le Royaume de Dieu et sa justice. Cela devrait être la préoccupation principale du disciple de Jésus. Il s'agit d'un appel à être comme Dieu lui-même: bon, tendre, aimable, empathique, solidaire, préoccupé pour le bien-être des plus  pauvres et des plus faibles, afin d’être dans le monde les instruments de la tendresse et de l’amour d‘un Dieu père et mère de la Vie.

L'évangile de Matthieu cherche donc à exprimer et à faire comprendre cette caractéristique maternelle du cœur de Dieu appelée communément «Divine Providence». Elle énonce une dimension de l'amour de Dieu à laquelle la tradition spirituelle populaire a donné beaucoup d’importance dans la vie quotidienne et ordinaires des fidèles. Elle a été une forme d'exercice de la foi qui nous fait découvrir la main maternelle de Dieu qui nous accompagne sur les chemins de la vie, qui prend soin de nous pour nous éviter des problèmes et répondre à nos besoins. Cette «Providence» de Dieu  n'a jamais été considérée comme une vérité théologique fondamentale, mais elle a joué un rôle très important dans la vie spirituelle du chrétien simple et pieux  le long des siècles, en créant dans le cœur du croyant l’attitude de l’abandon et de la confiance, qui sont les piliers de base de toute authentique vie spirituelle.

Cette foi en la providence de Dieu a été relativement facile dans le passé. L’idée anthropomorphique et primitive que les croyants du passé  avaient de Dieu  rendait tout à fait crédible et possible un Dieu qui, comme une bonne maman, intervenait du ciel pour prendre soin de ses enfants.
Aujourd’hui, les croyants modernes n’ont plus la même conception de Dieu que nos ancêtres. Ils sont convaincus que Dieu est la vie de leur vie; que Dieu est l’Énergie d’Amour qui les constitue humains et grâce à laquelle ils sont appelés à transfigurer leur vie et à transformer celle du  monde. Cependant, ils ne croient plus à une divinité qui, de là-haut, intervient  dans l’ici-bas, en adaptant ou modifiant, si nécessaire, les lois de la nature pour satisfaire les prières, les désirs ou les besoins des humains en détresse. Le chrétien moderne doit donc reformuler et revoir radicalement sa foi en la Providence. Certes, il croit toujours que Dieu est amour, que Dieu a un cœur de mère. Mais, avec Jésus de Nazareth, il est convaincu que cet Amour a été déposé dans son cœur d’homme et que maintenant c’est grâce à son engagement et à sa responsabilité d’homme et de chrétien que l’amour de Dieu doit accomplir son œuvre de bonification et de perfectionnement de l’humanité.
Le croyant moderne ne croit plus en la providence d’un Dieu là-haut, mais il croit en la providence de l’homme ici-bas. C’est l’homme le lieu de l’Amour sur terre. C’est donc de l’homme que doit partir l’Amour qui doit se transformer en Providence pour tous les habitants de la terre. La Providence maintenant c’est nous. La providence c’est ce sens de la responsabilité que devons avoir en tant que détenteurs exclusifs du feu de l’amour. C’est le courage et la détermination que nous devons montrer dans la lutte contre toute forme d’inégalité, d’exploitation et d’injustice. Ces attitudes permettront alors de bâtir un monde meilleur, dans lequel tous trouveront le bien-être nécessaire pour une vie digne et libre, telle qu’elle convient à des humains qui sont en même temps les enfants chéris de Dieu.

     
          BM

Inspiré d'un article paru sur le site du Servicio Biblico Latinoamericano



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