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jeudi 2 décembre 2021

 

EN FINIR AVEC LE MONDE QUI NOUS HABITE

(1er dim. Avent, C – Lc 21,25-28.34-36 – 2021)

En tant que chrétiens, nous sommes aujourd’hui invités à assumer l’attitude de celui qui attend et qui espère que quelque chose de surprenant, de diffèrent et de nouveau, de meilleur se produise en nous et dans notre monde. C’est un fait que nous vivons constamment dans l’attente et l’espoir de « temps meilleurs », d’une meilleure situation, d’une meilleure vie …. et cela depuis la nuit des temps .

            En effet, depuis qu’homo sapiens a fait son apparition sur cette terre, il ne se contente jamais de son état.  Il est essentiellement un être insatisfait et donc un être de désir et avec des attentes immenses. Et c’est à cause de cela qu’il a fait l’histoire ; qu’il a transformé la Nature et qu’il a fini par altérer, saccager, détruire empoisonner son milieu de vie et par créer toutes les conditions pour déclencher la fin du monde qu’il habite. 

C’est pour cette raison que l’humain est passé à l’histoire non seulement comme la créature la plus intelligente, la plus imaginative et la plus inventive, mais aussi comme la plus avide, la plus rapace, la plus insensée et la plus stupide.   C’est également pour cette raison que chez presque toutes les grandes religions du monde l’homme a acquis la renommée d’un être fondamentalement mauvais, méchant, égoïste, destructeur, en un mot, « pécheur » .

C’est cette caractéristique de l’homme à être toujours insatisfait et à désirer toujours davantage qui est à l’origine autant des promesses et des attentes messianiques anciennes, que des mythes modernes de progrès continuel, de production, de consommation, de croissance et de développement sans limites, mythes qui, malheureusement, portent tous l’empreinte et la souillure du « péché » de l’homme.

Ainsi, par exemple, dans l’histoire ancienne, les juifs ont attendu un Messie libérateur pendant dix-huit siècles. Et lorsque beaucoup d’entre crurent qu’il était arrivé dans la personne de Jésus de Nazareth, leurs chefs furent incapables de le reconnaitre et de l’accepter. Au contraire, ils l’éliminèrent parce qu’il ne leur apportait pas le gendre de libération et de salut qu’ils espéraient. Si la  venue du Messie fut insuffisante pour les juifs, elle le fut également pour les premiers chrétiens, qui continuèrent à attendre sa « deuxième venue » .

Nous aussi aujourd’hui, en ce XXI siècle, nous continuos encore et toujours à attendre et à espérer la fin d’un monde malade, misérable et mauvais et la venue d’un autre monde plus sain, plus juste et plus beau, qui offrira à chacun la possibilité de se réaliser selon ses aspirations et de trouver enfin son bonheur. Cependant, aveuglés et hébétés par l’angoisse du pouvoir et de l’avoir, voilà que les humains font tout pour l’empirer et l’abimer encore davantage.

Le texte de l’évangile de ce dimanche, à travers son langage apocalyptique, cherche à nous faire comprendre que ce ne n’est tellement la fin d’une société injuste et souvent inhumaine et d’une terre malade, abimée et ravagée par la convoitise humaine que nous devons attendre, mais plutôt la fin du monde minable et  égoïste que nous avons bâti à l’intérieur de nous par nos attitudes prédatrices et  parasitaires.

            L’évangile veut alors nous atteler à un travail autant de déconstruction intérieure de nos priorités, de nos convictions, de nos appétits, que de conversion et de changement de notre esprit et de notre cœur, en mettant un terme en nous à tout ce monde de fausses valeurs, de névroses, de frénésies et d’attachements néfastes dont nous l’avons encombré. 

Je pense  que l’évangile ( qui est  et qui reste toujours un messager d’ espérance  et une bonne nouvelle de salut et jamais une annonce de catastrophes porteuses de mort et de fin de mondes),  par ce texte, cherche à nous dire que c’est une erreur et une  illusion que de croire ou que d’attendre la venue d’un nouveau monde et d’une nouvelle humanité à tout jamais transformés et sauvés par une intervention fulgurante   de Dieu et de son Messie, tant et aussi longtemps que l’homme continuera à  habiter son vieux monde intérieur corrompu par le mal et le « péché ».

L’évangéliste Luc, par ce texte, nous dit alors que c’est à l’intérieur de l’homme, dans son esprit et dans les profondeurs de son cœur que doit se produire la fin d’un monde et le début d’un monde nouveau. Il nous rappelle que c’est surtout en intériorisant et en pratiquant les valeurs que Jésus a laissées en héritage à l’humanité, que de celle-ci pourra en surgir une autre, capable de bâtir une nouvelle terre et des nouveaux cieux.

            Je suis alors d’avis que parler aujourd'hui d’apocalypses et de fins de monde n'a pas trop de sens. Comme n’a pas de sens de croire à une future « venue du Christ dans les nuées ».  L'important n'est pas qu'il soit venu, ni qu'il viendra, mais qu'il vienne maintenant dans la vie et dans le cœur de chaque personne. L'Avent ne nous invite pas à regarder au loin (passé et avenir), mais à regarder proche, à regarder   maintenant à l'intérieur de nous, afin de prendre conscience des valeurs qui nous habitent et de nous faire une idée de quel genre de nouvelle société et de nouveau monde nous voulons être capables de construire demain.

BM

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