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dimanche 29 août 2021

 

Nous sommes tous des hypocrites…

(22° dimanche ordinaire B - Mc 7,1-23)

Je me souviens encore très bien de la religion de mon enfance : c’était une religion de pratiques rituelles, d’observances et d’obligations et pour laquelle le faire était plus important que l’être. Il fallait faire un certain nombre de choses pour être en règle avec l'Église, avec Dieu et avec notre conscience[1]. C'était donc une religion fondamentalement formaliste et ritualiste. En tout semblable à celle des Pharisiens du temps de Jésus et que Jésus critique et condamne dans les textes de l’évangile de ce dimanche.

  C’est un fait que dans le passé (et aujourd’hui encore !) on n’entendait pas souvent les curés parler dans leurs sermons de justice sociale, d’égalité de genre, de droits de la personne ou des minorités homosexuelles et autres ; du respect et du soin de la terre et de la nature. Dans nos églises, rarissimes sont encore aujourd’hui les ecclésiastiques qui auraient l’idée et le courage de se lever pour protester contre l'exploitation du Tiers-monde ou pour condamner la néfaste logique capitaliste d’une économie continuelle en croissance et d’une consommation illimitée causes principales de la déprédation  insensée des ressources naturelles de la planète, de la  destruction systématique des écosystèmes indispensables à la conservation de la diversité des espèces et de la vie,  dont nous commençons a peine à  en écoper des conséquences mortifères et catastrophiques …   

Hier, comme aujourd’hui, ces attitudes irresponsables, ne semblent pas poser beaucoup d’inquiétudes ni à nos ministres ou autres autorités politiques, ni à nos responsables religieux, ni à la bonne conscience d’un grand nombre d’humains, chrétiens ou pas.

Nous admirons aujourd’hui la franchise et le courage de Jésus qui n’a pas eu peur de se confronter aux autorités religieuses-civiles de son temps : à leur hypocrisie, à leur superficialité, à leur formalisme, à leur vanité et à leur cupidité, à leurs fausses convictions d’être des  modèles de justice et de religiosité.

Ces grands-prêtres et ces pharisiens d’antan n’existent plus, cependant ces paroles de Jésus continuent à s’adresser à tous ceux qui aujourd’hui les ont remplacés.  C’est à moi, c’est à  nous tous, c’est  à  nos gouvernants , à  nos politiciens,  à tous ceux en pouvoir et ont  qui entre leurs mains les destins de nos sociétés et de notre  monde que  ces paroles  sont maintenant adressées .  « Hypocrites !». Et cela nous gifle, nous fait mal. Cela nous humilie. Et c’est bien qu’il en soit ainsi, car ses paroles doivent nous faire réfléchir, nous remettre en question ; nous confronter à notre mauvaise volonté, à l’attachement farouche que nous vouons à notre confort et à notre bien-être matériel auxquels nous ne voulons pas renoncer. Ces paroles de Jésus nous confrontent ainsi à notre lâcheté, à notre manque de volonté de sortir du moule de l’homogénéité, de la conformité et du  « così  fan tutti ». Ces paroles de Jésus nous confrontent finalement à  notre myopie et à notre stupidité,

                Si dans notre  culture chrétienne d’Occident capitaliste et  individualiste  nous avons  tous, plus ou moins, adopté  des  styles de vie et des attitudes égocentriques, égoïstes et prédatrices qui  mettent l’intérêt et le bien-être personnel avant ceux du bien commun et du bien de la  Planète,  c’est en grande partie  parce que au cours des siècles, les autorités religieuse en charges de nos âmes, comme les pharisiens du temps de Jésus, ont surtout insisté, dans leur prédication, dans la formations des consciences des fidèles  sur l’adhésion aux dogmes, aux doctrines, aux normes, aux pratiques ; sur la soumission et l’obéissance à l’autorité du pape ; sur les pratiques extérieures de la religion, …  plutôt que sur la rectitude de leurs pensées et de leurs convictions; sur  la pureté et leurs pensées et de leurs intentions; sur la bonté de leur cœur, sur l’importance de l’engagements au service des plus faibles, des plus abandonnés… afin de les  pousser à se compromettre en  faveur  de la justice, de l’égalité, d’une bonne politique sociale et écologique qui encourage la solidarité, le respect et de soin  des personnes et du monde  naturel où nous vivons  …

Malheureusement, il faut admettre, qu’au cours de l’histoire, les hommes d’Église ont souvent entretenu et encouragé l’hypocrisie chez leurs fidèles, en leur faisant croire que Dieu aime les gens qui prennent à cœur les intérêts de leur religion plus que ceux de la justice, des pauvres et des opprimés.

            La question que l’évangile nous pose aujourd’hui est la suivante : « Es-tu vraiment le disciples de Jésus, la personne droite, ou cœur pur et bon, qui met en accord ses actes, ses paroles, ses convictions, ses principes avec les exigences de la vérité, de la transparence, de cohérence et surtout de l’amour pour ton semblable et pour toute la création  autour de toi ? ».

Quand Jésus nous traite d'hypocrites, il veut nous réveiller, nous faire sortir de nos illusions. Il veut nous établir autant dans l’humilité que dans la vérité. Jésus ne cherche pas à nous accabler avec l’énumération de nos vices et nos inconséquences. Il veut nous ouvrir les yeux. Il veut nous montrer, devant nous, le trou noir dans lequel nous risquons de tomber, afin que, prenant un nouvel élan, nous puissions sauter de l’autre côté et poursuivre avec plus d’éveil, d’attention, de confiance et d’assurance le chemin de notre vie.

            Évidemment, toutes les pratiques religieuses et pieuses que nous évoquions au début semblent bien dérisoires face à l’exigence que Jésus soulève de « faire la vérité en nous ».  Mais aussi, nous sentons, avec ces paroles fortes de Jésus, passer un souffle frais, un air de liberté intérieure qui nous donne envie de vivre à plein, sans faux semblant, dans la liberté retrouvée des enfants de Dieu.  Que l’esprit de Jésus que nous cherchons de suivre puisse nous aider à mettre plus de vérité et de cohérence dans notre vie, avec le courage et la détermination que cela exige.


Bruno Mori, août 2021



[1] On récitait chaque jour le Credo pour avoir toujours présent à l’esprit les grands événements que Dieu avait accomplis pour nous sauver ; on devait savoir par cœur les dix commandements de Dieu et les cinq préceptes de l'Église, la liste des sept vices capitaux. On était constamment prévenus par nos curés contre le risque du péché qui était partout. Le péché mortel nous guettait à tout coin de rue et l’enfer souvent nous menaçait sérieusement au bout de notre voyage. Alors, pas question de manquer la messe le dimanche ; pas question d'aller communier si on n’était pas purs comme des anges, ou si on n'était pas à jeun depuis minuit ; pas question de manger de la viande le vendredi ; pas question de se marier en blanc et au maître-autel si on était enceinte ou si bébé était déjà né ; pas question, pour une femme mariée, de s’opposer ou de se refuser à son mari , etc.….


 

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